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Interview : celle par qui La Pucelle passa le ”premier tri” (2)

Ce soir, suite et fin de l'interview d'Edhelwen, la dame de l'ombre de l'édition...

 

Beorn : Tu étais seule pour effectuer ce travail de premier tri ?

Edhelw : Chaque stagiaire reprend le travail de son prédécesseur. Donc même si on est seul à une période donnée, les avis se succèdent et se complètent. Et puis au moindre doute on demande aux éditrices bien sûr ^^

Beorn : Et ensuite, comment se passait la sélection au sein des éditions Mnémos ?

Edhelw : Les directeurs d'ouvrages analysent la pile de manuscrits pré-sélectionnés afin de faire l'ultime sélection. Souvent ils demandent un avis supplémentaire à d'autres personnes du milieu de l'édition avant de se décider... mais le choix n'est pas très difficile, souvent cela apparaît comme une évidence. Mais cela va changer sous peu ;)

Beorn : Dans quel sens ?

Edhelw : Mnémos chamboule toute son organisation depuis quelques mois : nouvelle équipe, nouveau site, etc. Un comité de lecture permanent est en train d'être créé... Et j'ai l'honneur d'en faire partie :)

Beorn : Félicitations ! Autre question : quand tu sélectionnais un manuscrit, tu rédigeais une note ?

Edhelw : Chaque manuscrit avait une note, plus ou moins détaillée selon l'intérêt du manuscrit. Les manuscrits pré-sélectionnés ont carrément une fiche de lecture.

Beorn : "Fiche de lecture", ce sont des mots qui font rêver... Et que mettais-tu dans cette fiche ?

Edhelw : Un résumé du scénario, les points forts/faibles (objectivement), et l'impression qu'il nous a laissé (tout à fait subjective bien entendu).

Beorn : Dis donc, tu te souviendrais par hasard des points forts de La Pucelle ? (les points faibles, dis les moi au creux de l'oreille, mais pas trop fort)

Eldhelw : Le point fort : l'écriture. Et puis l'originalité bien sûr ! (la perle et son caractère bien trempé par exemple)

 

That's all, folks ! Un grand merci, dame Eddhelwen, et bonne route dans le monde de l'édition SFFF ! (ce que je souhaite aussi à tonton Beorn, hum hum, soit dit en passant)

[Je complète cette interview par une question que je suis allé poser à Claire Couturier (directrice d'ouvrage chez Mnémos) : "qu'est-ce que vous regardez en premier pour vous faire une idée d'un manuscrit ?" et la réponse a été immédiate : "les dialogues !" Bien que ce ne soit pas une réponse d'Edhelwen, je place cette information ici, c'est toujours intéressant, non ?] 

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La genèse de l'illustration : secrets et chuchotis

Pour répondre au commentaire de Oph sur l'illustration, voilà comment se sont passées les choses dans les grandes lignes.

Pour bien mettre les choses au clair, je rappelle que le contrat entre l'auteur et l'éditeur ne porte que sur le texte. La couverture fait partie du domaine réservé de l'éditeur. Les juristes qui en auront le temps pourront rétorquer que l'auteur peut quand même protester si la couverture porte atteinte à son image (si on le fait passer pour un nazi ou un violeur ou je ne sais quoi) mais en dehors de ce cas extrême et rarissime, il n'a qu'à fermer sa g... sa petite bouche flûtée.

Ma directrice d'ouvrage (loué soit son nom) est très disponible et je peux discuter de tous les sujets avec elle. Très vite, nous avons donc fatalement abordé le sujet de l'illustration. Elle m'a assuré qu'elle me laisserait donner mon avis et que c'était un travail à 3. Par exemple, je ne voulais pas que Jéhanne tienne une arme à la main, parce que zut, ce n'est pas une guerrière. Elle m'a répondu que dans ce cas, il n'y en aurait pas.

Cependant, il y avait des contraintes :

1) Mnémos s'est doté d'une charte graphique, qui, depuis peu, impose qu'un personnage soit impérativement placé au premier plan. Cela était non négociable.

2) Puis Mnémos a choisi Julien Delval pour la couverture de La Pucelle et cela n'était pas non plus négociable. Il ne m'est pas venu une seconde à l'idée de le négocier d'ailleurs : Julien Delval, c'était une sacrée chance pour moi.

3) Le roman est classé en « fantasy » et ma directrice d'ouvrage (le destin l'ait en sa garde) voulait lui donner une image susceptible de séduire à la fois un public « mainstream » -amateur du genre- et un public exigeant -peu amateur de fantasy ou demandant plus d'originalité. La couverture devait donc refléter ces deux aspects. Hum, simple, non ?

Bon.

Plusieurs semaines se sont passées sans nouvelles particulières. Puis j'ai reçu un mail de ma directrice d'ouvrage (bénie soit sa descendance sur sept générations) avec un premier crayonné. Elle me demandait ce que j'en pensais et j'avais à peu près 24 heures pour me prononcer. J'étais ravi qu'on me demande mon avis (merci, ô ma directrice d'ouvrage adorée !). Apparemment, Julien Delval n'avait pas eu d'instructions particulières pour la scène qu'il allait illustrer, il a donc choisi le décor et la posture du personnage.

Je n'ai pas commenté l'aspect technique du dessin car je n'ai aucune compétence en la matière et tout cela me paraissait très bon. En revanche, je connaissais bien mon roman et j'ai pointé deux ou trois éléments qui ne convenaient pas, selon moi : j'ai demandé à remplacer la poignée de l'épée par une poignée de sabre, et surtout à ce que la scène se passe de nuit, car l'action prend place dans une ville dont le soleil a disparu. J'ai aussi suggéré qu'on ôte l'armure -mais là, on m'a dit que j'abusais et que ça devait rester « mainstream ».

Ma directrice d'ouvrage (je l'aime, je l'ai déjà dit ?), quant à elle, trouvait que le visage de Jéhanne était trop « moderne » et lui préférait une image de « madone ». Je l'ai approuvée sur ce point, d'autant que je trouvais que le personnage était trop proche de Jeanne d'Arc.

Notez que j'ai discuté et négocié chaque point avec ma directrice d'ouvrage (bénie soit-elle, euh, j'en fais trop, là ?) mais jamais avec l'illustrateur lui-même.

Le résultat, comme vous le voyez, est un mélange de nos trois visions du roman exécuté par la main de l'artiste. Attention, cette négociation avec l'auteur n'est pas forcément une règle dans le milieu. Au salon du livre, Julien Delval a été interviewé par un journaliste et on lui a posé la question fatale : quelle part prend généralement l'auteur dans la création de la couverture d'un roman ? La réponse fut sans appel : elle est nulle. C'est un dialogue entre l'éditeur et l'illustrateur, point.

Franchement... j'ai eu de la chance.

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Notre lecteur fétiche

Cet article t’est dédié, à toi, ô lecteur fétiche, qui que tu sois.

Vous en avez-peut-être un ?
Votre maman ? Votre chéri ? Votre meilleur ami ?
Moi, c’est ma sœur. Ma plus fidèle lectrice depuis que j’ai 6 ans, l’âge de tenir un stylo et de commencer à barbouiller des cahiers en appelant ça des romans.

Le lecteur fétiche occupe une place à part parmi nos fidèles : ce n’est pas forcément celui qui fait les bêtas les plus fouillées, ni celui qui passe son temps à nous encourager, c’est celui qui est là, qui a toujours été là et qui le sera toujours. Même si on se brouille avec lui, même si on le perd de vue ou qu’il meurt -paix à son âme- il sera toujours là quelque part dans notre tête, comme une petite voix, avec tous ses commentaires passés et son regard amical quand on lui parle de nos petites bêtises d’écrivain.
Notre premier lecteur, peut-être. En tout cas, celui auquel nous, nous pensons le plus.

Sais-tu, ô lecteur fétiche, qu’en écrivant, nous les auteurs, nous sommes toujours avec toi ?
Qu'en affrontant une phrase difficile, en hésitant devant un rebondissement, nous t’invoquons par la pensée et nous te demandons, inconsciemment ou non, ce que tu en penserais ?

Tu écris ces romans avec nous. Tu le sais peut-être, ou peut-être pas, mais tu en es aussi un peu l’auteur.

Merci à toi.

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Imaginales 2014

Bonjour, gens qui lisent ce blog !

Je vous annonce que je suis invité la semaine prochaine, du jeudi (22) au dimanche (25), au festival des Imaginales 2014.

imaginales epinal 2014 270314.jpg

Pour ce qui ne connaîtraient pas, c'est un festival assez incroyable, le plus gros et le plus fréquenté du pays pour la fantasy. L'entrée est gratuite, des centaines d'auteurs de fantasy/science fiction/fantastique sont invités de la France entière (et aussi d'un certain nombre d'autres contrées dont certaines fort lointains). Les auteurs dédicacent, papotent avec les lecteurs, participent à des dizaines de tables-rondes et les visiteurs déambulent dans un parc au bord de la Moselle.

Ah oui. Petit détail important : c'est à Epinal.

On y organise aussi, pour les auteurs "amateurs", un speed-dating (http://www.imaginales.fr/programme/speed-dating-imaginales) avec des éditeurs le vendredi à 18h (penser à s'inscrire très vite) :

 

Pour ma part, je dédicacerai :

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Avec ma soeur de plume, Silène Edgar (roman à 4 mains oblige)

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Dont ce sera la sortie en poche !

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Un roman pour 10 ans et +

 

Je serai en table-ronde :

Jeudi 22 mai à 18h : Imaginer à ma façon, mes techniques d'écriture (où l'on parlera peut-être de ce blog...)

samedi 24 mai  à 17h : La première guerre mondiale, vue sous un angle différent (avec Silène, et aussi Didier Daenincks, oh my god !)

dimanche 25 mai à 17h : la fantasy, une lecture plaisir !

 

Si l'un ou l'une d'entre vous se rend sur place, je serai très heureux de faire une belle rencontre au bord de l'eau. :)

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Comment rater votre roman en dix leçons

Je ne serai pas le premier à tenter l'exercice, mais il y a quelques points ici qui me tiennent particulièrement à coeur.

1) Lancez-vous dès que vous avez un début d'idée, ne réfléchissez à rien : jetez-vous à l'eau. Si Christophe Colomb était parti avec les cales vides, il serait sûrement arrivé plus vite.

2) Ne vous relisez pas, malheureux ! Il y a des éditeurs pour ça. Vous allez vous abîmer les yeux et les lunettes, c'est moche.

3) Ne lisez rien. Les autres auteurs vont perturber la pureté de votre génie. Tiens d'ailleurs, si vous trouvez des bouquins, entassez-les dans un coin de l'avenue et mettez-y le feu, il paraît que ça rend intelligent.

4) Ne cherchez jamais à vous renseigner sur votre sujet, vous allez vous perdre dans les détails, contentez-vous de vagues clichés. C'est comme quand on part en randonnée, autant prendre une carte de France : vous êtes sûr que votre sentier sera quelque part dessus.

5) Ne demandez jamais l'avis de personne sur votre texte, faites confiance à votre instinct. Votre roman est parfait en tout point. S'il y avait quelque chose à changer, ce serait plutôt ces abrutis de lecteurs.

6) Inutile de persévérer si vous rencontrez la moindre difficulté. Si on vous refuse votre roman, c'est que l'éditeur est un crétin. Et si vous n'arrivez pas à le finir, alors c'est sûrement de la faute du roman.

7) Méprisez vos semblables, ne cherchez pas de conseils, bannissez toute curiosité de votre quotidien. Pour votre esprit, adoptez la stratégie du bonzaï : le moins de terre possible et on coupe toutes les pousses avant qu'elles ne grandissent. C'est joli un bonzaï, non ?

8) Tenez-vous éloigné des dictionnaires, Bescherelles et autres sites de grammaire : si tout le monde pouvait choisir ses propres règles, le Français serait quand même une langue vachement plus simple.

9) Ne tentez pas de vous renouveler, ni de vous améliorer, ni de vous remettre en question : laissez ce genre de faiblesse aux gens dépourvus de génie. Changer d'avis ? Et puis quoi encore, il faudrait changer de chaussettes chaque semaine, aussi ? Peuh... Le talent, c'est comme les pieds, ça doit sentir le jus.

10) Si vous êtes encore là au point 10, c'est que vous n'avez vraiment rien écouté.

 

Et maintenant, pour me faire pardonner toute cette agressivité, laissez-moi vous faire un câlin et vous dire que si vous n'êtes pas d'accord, je vous trouve formidable. Vous me remontez le moral.

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Comment faire aimer votre personnage / Partie V

Vous avez peut-être l'impression, après avoir lu ce qui précède, que je vous suggère sournoisement de fabriquer des Mary-Sue (quelqu'un ignore-t-il encore l'existence du test de Mary-Sue ? http://www.onlyfiction.net/marysue.html).

Dans ce cas, allez voir la note sur les clichés et stéréotypes sur ce blog : les clichés ne sont pas de mauvaises choses, ce qu'il faut éviter, ce sont les caricatures. L'anti Mary-Sue est aussi stupide que le Mary-Sue-isme.

Je comprends qu'on veuille faire un personnage bien à soi, pas nécessairement d'un abord trop facile, mais à moins d'aimer les personnages inodores et sans saveur -c'est un genre, je vous l'accorde, mais moi, je n'aime pas- vous allez quand même devoir passer par quelques-uns des points que j'ai évoqués.

Mais si j'en ai oublié, n'hésitez pas à me le dire !

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La classe...

 

La classe, c'est d'être interviewé par le diabolique Jérôme Vincent, Dieu de l'Olympe - ou du moins de ActuSF.

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Vous avez déjà lu ou écouté une demi-douzaine d'interviews de Paul Beorn ? Oui, mais moi je vous le dis : celle-là est SPECIALE !! Si si, d'abord je mets un point d'honneur à essayer de ne pas toujours dire la même chose, et ensuite certaines questions nouvelles entraînent des réponses nouvelles. Mais allez, hum, je vous autorise à passer vite sur les autres.

Zut, quoi, c'est ActuSF, l'un des sites les plus importants du monde de la SFFF ! La classe, en somme ! (Comment ça, je l'ai déjà dit ?)

http://www.actusf.com/spip/article-10442.html

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Quelques éléments sur les descriptions

Les descriptions ont mauvaise réputation.

C'est difficile à écrire, c'est ennuyeux, on préfère l'action...

Eh bien oubliez tout ça. La description est un des matériaux du roman, personne ne peut s'en passer et d'ailleurs, ça n'a rien d'ennuyeux.

Juste quelques petits éléments en passant :

 

1) Donner assez d'information :

- Utilisez vos cinq sens (vue, ouïe, odorat, toucher, goût) ou au moins le plus possible de sens.

- Donner des détails. Pas trop non plus, mais quelques-uns bien choisis, qui permettent de frapper l'imagination et de reconstruire tout un univers autour.

Ex : dans un bureau cambriolé, livrez une rapide description générale puis donnez un ou deux éléments précis comme « le téléphone mural pendait au bout de son fil à spirale »

 

2) Etre clair :

- N'hésitez pas à faire des comparaisons pour mieux décrire :

ex : « ça sentait aussi fort que l'ammoniac » vaut mieux que « ça sentait une odeur très forte et insupportable »

ex : « haut comme un immeuble de dix étages... » plutôt que « mesurait 40 mètres de haut ».

Tout le monde sait ce que c'est qu'un immeuble de dix étages alors que 40 mètres de haut, c'est assez vague dans notre esprit. Et puis, quelle que soit cette chose, comment sait-on que ça fait 40 mètres, on l'a mesuré ?

- D'ailleurs évitez autant que possible de décrire les choses au moyen de chiffres et d'unités de mesure, sauf circonstances particulières (guide touristique, dialogue entre spécialistes...) ou sauf à donner des chiffres ronds et facile à appréhender.

« Il sortit un couteau de 25 cm de long » ce n'est pas ce qui nous viendrait à l'esprit si on se retrouvait devant.

« Il sortit un couteau largement assez long pour me clouer à la porte », c'est tout de suite plus évocateur.

- Au contraire, quand il s'agit de dénombrer, voyez si parfois, remplacer un « quelques » par un nombre précis (trois, cinq) ne serait pas plus percutant. Trois ou cinq, on se le représente bien alors que « quelques », ça laisse un flou...

« Quelques personnes étaient assises et lisaient des magasines dans la salle d'attente » devient avantageusement, hop hop « quatre personnes étaient assises et etc. ».

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2) Comment choisir ses relecteurs ?

En général, les lecteurs qu'on a sous la main, spontanément, ce seront deux ou trois amis corvéables et quelques membres dévoués de notre famille.

Si vous avez de la chance, il peut s'en trouver un parmi ceux-là qui sera capable de réunir les deux conditions nécessaires pour faire un bon lecteur : pas peur de vous rentrer dans le gras et capable de faire le boulot correctement. Parce que lire, c'est facile, mais repérer les failles secrètes et traquer les centaines de micro-lourdeurs, ce n'est pas à la portée de tout le monde.

Et puis ces gens-là, vous les aimez, non ? Alors ce serait tellement dommage de se brouiller avec eux...

Or donc, si vous n'avez pas cette perle rare dans votre entourage, et même si vous l'avez d'ailleurs, il va falloir vous mettre en quête de lecteurs expérimentés. Et vous n'avez pas trente-six moyens d'en trouver : vous devez chercher soit des auteurs suffisamment aguerris, publiés ou non, soit des lecteurs qui ont appris l'art de la dissection de roman. Vous les trouverez dans les ateliers d'écriture, peut-être, dans le milieu de l'édition, si vous le connaissez, mais surtout sur Internet, et plus particulièrement sur les forums littéraires.

Repérez donc les gens qui vous semblent fiables, sérieux, pas trop méchants, proposez leur un échange de lecture et même s'il vous faudra peut-être un peu de temps, si vous êtes sérieux vous-mêmes, vous finirez probablement par vous trouver trois ou quatre « bêta lecteurs », ces lecteurs aguerris qui vous feront une lecture critique détaillée autant sur le fond que sur la forme.

Pourquoi trois ou quatre ? Parce que tout comme vous, ces lecteurs ont leurs faiblesses et leurs points forts, parce que parfois, ils tapent à côté de la plaque ou ils oublient un aspect important et parce que vous allez devoir croiser leurs commentaires.

(vous pouvez aussi vous adressez à Cocyclics, si vous écrivez de la SFFF, en lisant bieeeen le guide)

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Les secrets d'une bonne histoire, l'émotion, la dramaturgie

Aujourd'hui, je vais vous donner tous les secrets pour écrire un best-seller que s'arracheront d'abord les éditeurs, puis des millions de lecteurs aux yeux affamés. Haha, c'était une blague. Hum. Mais je vais quand même essayer de vous donner quelques pistes.

Comme vous le savez ou ne le savez pas, il existe aux Etats-Unis des universités où l'on apprend le métier d'auteur et de scénariste. Vous me direz qu'il n'y a nul besoin d'école pour cela, la preuve : il y a eu des écrivains bien avant qu'elles n'existent. Je ne prétends pas qu'il faille suivre des cours pour devenir un écrivain, ni même qu'il existe des règles géniales à suivre pour écrire un bon roman. Mais je crois qu'il est bon de connaître, au moins dans les grandes lignes, les règles de la dramaturgie que ces gens y apprennent.

Ces règles existent-elles ? Sont-elles nécessaires à la littérature ? Vont-elles formater la production littéraire ? Je n'en sais rien. Ce que je sais, en revanche, c'est que les Américains ont de bons auteurs. En ce qui concerne la fantasy que je connais bien, ils ont même d'excellents auteurs. D'une part, ils vendent plus que les Français, et vous aurez beau me donner deux ou trois exceptions, vous aurez beaucoup du mal à me contredire sur le fond. Ensuite, même si certains écrivent des nullités (mais les Français ne sont pas épargnés par le phénomène) il y a aussi de grands maîtres, extrêmement novateurs sur le fond et brillants sur le style. Bref, le formatage, je n'y crois pas. Je pense que les bons auteurs savent construire des univers personnels quelles que soit les règles qu'on leur a apprises - mais que ces règles ont pu les aider.

Mais alors, ces fameuses règles, quelles sont elles ? je vous invite à lire "La Dramaturgie", de Yves Lavandier, l'ouvrage le plus complet en français sur le sujet à ma connaissance. Mais si vous êtes anglophone, il existe de dizaines de titres de ce genre non traduits. Je n'ai pas le temps ni la place de vous faire un cours, et d'ailleurs, je n'en ai pas la compétence. Je peux juste vous donner quelques éléments très simples :

1) Vous devez choisir un protagoniste (qui peut être un groupe de personnages) ayant une motivation et un BUT, et rencontrant des OBSTACLES.

ex : Dupont, apprenti chevalier. But : tuer un dragon. Motivation : devenir un chevalier. 

2) Ce BUT doit arriver assez tôt dans l'histoire, soit immédiatement, soit après quelques dizaines de pages.

ex : Dupont commence par trousser la gueuse au château quand au détour d'un couloir, son maître le tire par l'oreille et lui dit : "si tu ne tues pas ton dragon d'ici ce soir, tu n'auras pas ton diplôme de chevalier."

3) Ces OBSTACLES ne doivent pas apparaître comme des interventions extérieures de l'auteur, mais comme un enchaînement logique (ils doivent avoir des liens les uns avec les autres, comme une toile de fils entremêlés), ils doivent le plus possible trouver un écho dans la personnalité du protagoniste et donc être le plus possible INTERNES.

ex : Dupont est un trouillard, il ne sait pas se servir d'une épée, il est allergique au poil de dragon et en plus, son propre père est un dragon. Chaque obstacle rencontré va révéler ses faiblesses et il va devoir les surmonter.

4) Le CONFLIT généré par ce BUT et ces OBSTACLES doit aboutir à un POINT D'ORGUE à la fin de l'histoire. Ce point d'orgue doit dépasser en intensité toutes les autres scènes de l'histoire et répondre à la question : "le protagoniste atteint-il sont but ou y renonce-t-il" ?

ex : Dupont a séduit la princesse Xena pour qu'elle zigouille le dragon à sa place. Après moult péripéties incluant une scène de scène de jalousie, un château en flamme et beaucoup de coups d'épée, Dupont finit par obtenir son diplôme de chevalier / ou Dupont renonce à son diplôme et se marie avec la riche Xena.

5) Une courte fin nous montre (ou non) la résolution du conflit. Une ligne ou quelques pages suffisent. Cette partie n'est pas toujours nécessaire.

6) chaque sous-partie du roman doit correspondre au même schéma en miniature.

 

Bien sûr, je simplifie à l'extrême et chaque point serait sujet à un bon millier de discussions. Il est évident que cela ne fonctionne pas comme une mécanique et ne donne aucun truc pour réussir de façon infaillible. Il n'y a pas de mode d'emploi pour écrire un roman, aucune règle n'est valable en toute circonstance, il y a toujours des exceptions. Et si vous êtes déjà familier de ce blog, vous savez qu'à mes yeux, rien ne remplace le travail acharné, notamment sur le style. Cependant, cela peut quand même aider à y voir plus clair si vous bloquez sur votre synopsis sans savoir pourquoi ou si une partie vous semble faible et que vous n'arrivez pas à en trouver la raison...

Avez-vous déjà passé le POINT d'ORGUE ? Le BUT a-t-il déjà été atteint ? Dans ce cas, toutes les péripéties ultérieures paraissent fades. A vous de trouver une solution.

Avez-vous vraiment donné un BUT à votre personnage ? A-t-il des faiblesses à surmonter ? Si ce n'est pas le cas, alors peut-être votre personnage aura-t-il du mal à accrocher l'attention du lecteur.

Vous êtes-vous trompé de protagoniste ? Avez-vous donné à un personnage secondaire un BUT et des OBSTACLES plus riches et plus forts qu'à votre personnage principal ? Alors il y a des chances pour que le lecteur s'intéresse plus à ce personnage secondaire. Faites-en votre protagoniste, pourquoi pas ? Ou si vous tenez à mettre l'autre sur le devant de la scène, débrouillez-vous pour que ses problèmes soient plus forts et plus émouvants.

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