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22/01/2010

Méfiez-vous de vos corrections

Quand vous avez fini votre premier jet, vous le relisez et vous le corrigez. C'est bien ! Vous le faites lire à d'autres et vous le recorrigez d'après leurs remarques. C'est encore mieux ! Un texte doit toujours être lu et relu. Et après ? C'est tout ? Erreur !

Je sais bien ce que vous pensez de ces modifications, vous vous dites « c'est forcément mieux qu'avant ». Eh bien moi je me méfie : ne faites pas confiance à vos corrections, ce sont les seuls morceaux de texte qui n'ont pas été relus.

C'est comme les retouches de peinture : elles vous paraissent jolies et pimpantes quand vous venez de passez le pinceau, mais quand elles sèchent, vous voyez le vrai résultat et parfois ce n'est pas brillant.

Quelques exemples en vrac de corrections à problème :

1) vous avez voulu éviter une répétition en changeant un terme par un autre, et vous vous apercevez que vous en créez une nouvelle ;

2) vous avez supprimé un paragraphe et vous vous rendez compte que 20 pages plus loin, on y fait allusion ;

3) vous avez charcuté un bout de phrase et du coup, il manque un mot ou il reste un morceau en trop ;

4) vous avez concocté une jolie formule en pesant chaque mot dans votre tête, mais en relisant, vous voyez que ça casse l'enchaînement des phrases.

Alors s'il vous plaît, faites plaisir à tonton Beorn : corrigez-moi ces corrections !

28/01/2009

Relecture et changement de mise en page


Avez-vous remarqué comme notre texte chéri, même lu et relu mille fois, se présentait sous un jour totalement différent une fois imprimé ?

Des fautes nouvelles nous sautent aux yeux.
De vilaines tournures se découvrent, des phrases trop longues, une ponctuation illogique ou une réplique qui sonne creux…
Bref, il semble que notre œil ne soit plus le même si la page change, même si le texte, lui, n’a pas changé d’une virgule

C'est un peu comme toutes ces toiles d’araignée qu'on trouve en déplaçant un meuble, qu'on ne voyait pas du tout avant.

Eh bien, vous qui n’avez pas l’intention d’imprimer votre roman de 300 pages à chaque relecture, je vous propose une autre solution nettement plus économique : figurez-vous que ça marche aussi avec une mise en page différente. Vous écrivez sous interligne simple ? Essayez un interligne double, avec une marge, et vous verrez que votre texte n'est plus le même tout à fait.

Je vous assure qu'on fait des découvertes et qu'on améliore le texte.

Trucs et tics d'auteur confirmé

Voici quelques petits défauts rencontrés au cours de beta-lecture pour des auteurs doués et déjà expérimentés. Pour ceux que ça intéresse.

Les « RARE » : Remplacement Anti Répétition. C’est le mot que vous trouvez pour éviter l’autre, celui qui serait vraiment-vraiment le mieux placé, mais que, pas de bol, vous avez déjà utilisé dans la phrase d’avant.
Ça peut être un nom commun ou un nom propre. Le prénom d’un personnage, par exemple, remplacé par « le soldat » ou « la cantinière » ou « le marin ».
Ça donne :
« Eomer prit de la quiche lorraine. Puis le guerrier se resservit une tranche de camembert.
-Eomer ! appela une voix familière
Le rohirim se retourna.
-est-ce qu’il reste des biscottes ?
-nan, répondit le prince. »
Dans ce cas, je suggère :
1) remplacement par un pronom « il » ou « elle » ou « lui » ou ce qui convient. Les trois quarts du temps, ça marche et on comprend très bien le sens.
2) la répétition quand même. Parfois, ce n’est pas gênant du tout.

Les « AÏE » : Adjectifs Intempestifs et Excédentaires.
Typique : « un mince visage livide se découpa sur la lueur laiteuse de la nuit étoilée »
Ça donne bien à l’écriture, on trouve que ça enrichit la description, que ça donne du relief. Et puis à la relecture, le clinquant tombe tout seul et on s’aperçoit que les adjectifs se font la guerre entre eux et se gênent mutuellement.
Souvent, un seul a plus de poids que deux.

Les « petits ponts »
Le petit pont, c’est le lien entre deux phrases ou morceaux de phrases, que le lecteur est obligé de faire à la place de l’auteur, quand ce dernier veut rester sec et énigmatique.
« Le camembert était fini. Conan n’avait pas tout mangé. Il y avait un voleur de camembert parmi eux. »
On peut comprendre l’idée, mais c’est fatigant, ça gêne la lecture.
« Le camembert était fini et pourtant Conan n’avait pas tout mangé : il y avait un voleur de camembert parmi eux. »
Inutile de truffer sa prose de longues explications et de la surcharger de mots de liaison, mais l’auteur doit juste se demander si ce qui est clair dans sa tête est vraiment exprimé dans sa phrase, et donc compréhensible par le lecteur.

Les « sièges éjectables »
Le siège éjectable est une idée ou un mot qui va « éjecter » le lecteur de son immersion dans la lecture, du genre :
« Je sais, c’est une histoire très compliquée. Si ça s’était passé dans un roman, personne n’y aurait cru »
hop, le lecteur se dit « tiens, c’est vrai qu’on est dans un roman » et il est éjecté. Un peu comme on est tiré de son rêve par la sonnerie de ce foutu radio réveil.

Les exemples sont caricaturaux, évidemment, et tout cela dépend du contexte… Mais ça reste des choses à surveiller de près tout de même.