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Les répétitions : éradiquer ces bêtes bizarres

Vous êtes peut-être fatigué d'entendre parler de La Pucelle, cher lecteur, et je vous comprends. Ce blog étant fait à l'origine pour discuter de technique d'écriture, revenons un peu à nos moutons. Cette petite malotrue de Jéhanne sera bien capable de retrouver toute seule le chemin de ce blog, lorsqu'elle aura de nouveau une actualité tonitruante à nous faire partager.

Les répétitions, donc... On parle un peu partout sur les forums de ces bêtes bizarres, qui ne sentent pas bon et qu'on ne veut pas chez soi. Je ne vais pas faire de dissertations là-dessus, le sujet est assez rebattu comme ça. En gros, la règle mathématique, ce serait à peu près :

(Nuisance de la répétition) = (rareté du mot répété) X (nombre de répétitions) / (distance entre ces mots)

On peut remplacer « rareté » par « marque que le mot laisse à l'esprit du lecteur » pour être plus précis.

Solutions possibles : le synonyme (attention, à utiliser avec la plus grande prudence), la suppression d'un morceau de phrase, la réécriture du même morceau. Noubliez pas de voir si l'autre occurence de la répétition n'est pas plus facile à éliminer.

Je vais juste rappeler en passant que si une répétition est vraiment insupportable, vérifiez que son remplacement n'est pas encore pire que le mal. Et pour ceux qui ne connaissent pas, je présente l'outil de Gaddy (http://www.gaddy.fr/repetitiondetector/index.php), vraiment trop chouette (même si, comme le correcteur orthographique, ce n'est qu'un outil : ça ne remplace jamais une bonne relecture, ça la complète).

Bien sûr, certaines répétitions sont trop communes pour être gênantes et d'autres sont parfaitement volontaires. Mais même pour celles-là, posez vous la question au moins une fois : ne sont-elles pas de trop ? Décidez ensuite en votre âme et conscience.

Maintenant que les banalités d'usage sont dites, je vais m'attarder sur d'autres formes de répétitions :

1) La répétition d'idées.

Je viens de lire un bouquin ou la même idée était utilisée pour deux descriptions à cent pages d'intervalle. Je ne vais pas reprendre l'exemple exact, je vais en donner un fictif :  « Ses cheveux étaient si longs qu'ils auraient pu lui chatouiller les pieds. »

C'est une idée assez rare pour qu'on ne l'ait jamais vue ailleurs. Ils doivent être drôlement longs, les bougres. Eh bien, il me semble tout à fait gougnafier, de la part d'un auteur, de redire exactement la même chose cent pages plus loin dans une autre description. Mettons, un autre personnage, d'autres cheveux fichtrement longs eux aussi, assez pour chatouiller de pauvres petits pieds. Ne croyez pas que le lecteur oublie ce qu'il a lu, ou plutôt, sachez qu'il oubliera peut-être le plus important mais qu'il retiendra toujours ce que vous aurez voulu cacher sous le tapis.

2) La répétition de tournures de phrase.

Sujet/verbe/complément, c'est bien, c'est simple, ça plaît à tout le monde, c'est comme les spaghettis. Mais les spaghettis à tous les repas, c'est une torture.

Variez les tournures : appositions, participes présents, inversions, impératif... ayez de l'imagination. Pas trop. Ne faites pas n'importe quoi non plus, mais par pitié... PAS DE SPAGHETTIS A TOUS LES REPAS !

3) La répétition de sonorités.

Vous êtes malin, vous avez évité d'employer deux fois les mêmes mots dans votre paragraphe. Mais voilà que vous vous retrouvez avec un « ment/mant » ou un « à a » , un « que / que » ou une allitération en "f"... N'ayez aucune pitié pour votre texte : changez-le.

4) La répétition de procédés narratifs.

Votre héros a échappé aux lépreux en colère en fuyant par les toits en page 120 ? Fort bien. Alors quand il devra trouver un moyen de fausser compagnie aux trolls éméchés en page 310, faites le passer par la porte. Ou la fenêtre de la cuisine. Ou la trappe de la cave. Mais si possible PAS par les toits.

Cet exemple a beau être caricatural, qu'il ne vous empêche pas d'analyser sous le même angle une histoire d'amour ou de révolution.

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Trucs et tics d'auteur confirmé

Voici quelques petits défauts rencontrés au cours de beta-lecture pour des auteurs doués et déjà expérimentés. Pour ceux que ça intéresse.

Les « RARE » : Remplacement Anti Répétition. C’est le mot que vous trouvez pour éviter l’autre, celui qui serait vraiment-vraiment le mieux placé, mais que, pas de bol, vous avez déjà utilisé dans la phrase d’avant.
Ça peut être un nom commun ou un nom propre. Le prénom d’un personnage, par exemple, remplacé par « le soldat » ou « la cantinière » ou « le marin ».
Ça donne :
« Eomer prit de la quiche lorraine. Puis le guerrier se resservit une tranche de camembert.
-Eomer ! appela une voix familière
Le rohirim se retourna.
-est-ce qu’il reste des biscottes ?
-nan, répondit le prince. »
Dans ce cas, je suggère :
1) remplacement par un pronom « il » ou « elle » ou « lui » ou ce qui convient. Les trois quarts du temps, ça marche et on comprend très bien le sens.
2) la répétition quand même. Parfois, ce n’est pas gênant du tout.

Les « AÏE » : Adjectifs Intempestifs et Excédentaires.
Typique : « un mince visage livide se découpa sur la lueur laiteuse de la nuit étoilée »
Ça donne bien à l’écriture, on trouve que ça enrichit la description, que ça donne du relief. Et puis à la relecture, le clinquant tombe tout seul et on s’aperçoit que les adjectifs se font la guerre entre eux et se gênent mutuellement.
Souvent, un seul a plus de poids que deux.

Les « petits ponts »
Le petit pont, c’est le lien entre deux phrases ou morceaux de phrases, que le lecteur est obligé de faire à la place de l’auteur, quand ce dernier veut rester sec et énigmatique.
« Le camembert était fini. Conan n’avait pas tout mangé. Il y avait un voleur de camembert parmi eux. »
On peut comprendre l’idée, mais c’est fatigant, ça gêne la lecture.
« Le camembert était fini et pourtant Conan n’avait pas tout mangé : il y avait un voleur de camembert parmi eux. »
Inutile de truffer sa prose de longues explications et de la surcharger de mots de liaison, mais l’auteur doit juste se demander si ce qui est clair dans sa tête est vraiment exprimé dans sa phrase, et donc compréhensible par le lecteur.

Les « sièges éjectables »
Le siège éjectable est une idée ou un mot qui va « éjecter » le lecteur de son immersion dans la lecture, du genre :
« Je sais, c’est une histoire très compliquée. Si ça s’était passé dans un roman, personne n’y aurait cru »
hop, le lecteur se dit « tiens, c’est vrai qu’on est dans un roman » et il est éjecté. Un peu comme on est tiré de son rêve par la sonnerie de ce foutu radio réveil.

Les exemples sont caricaturaux, évidemment, et tout cela dépend du contexte… Mais ça reste des choses à surveiller de près tout de même.

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Méfiez-vous de vos corrections

Quand vous avez fini votre premier jet, vous le relisez et vous le corrigez. C'est bien ! Vous le faites lire à d'autres et vous le recorrigez d'après leurs remarques. C'est encore mieux ! Un texte doit toujours être lu et relu. Et après ? C'est tout ? Erreur !

Je sais bien ce que vous pensez de ces modifications, vous vous dites « c'est forcément mieux qu'avant ». Eh bien moi je me méfie : ne faites pas confiance à vos corrections, ce sont les seuls morceaux de texte qui n'ont pas été relus.

C'est comme les retouches de peinture : elles vous paraissent jolies et pimpantes quand vous venez de passez le pinceau, mais quand elles sèchent, vous voyez le vrai résultat et parfois ce n'est pas brillant.

Quelques exemples en vrac de corrections à problème :

1) vous avez voulu éviter une répétition en changeant un terme par un autre, et vous vous apercevez que vous en créez une nouvelle ;

2) vous avez supprimé un paragraphe et vous vous rendez compte que 20 pages plus loin, on y fait allusion ;

3) vous avez charcuté un bout de phrase et du coup, il manque un mot ou il reste un morceau en trop ;

4) vous avez concocté une jolie formule en pesant chaque mot dans votre tête, mais en relisant, vous voyez que ça casse l'enchaînement des phrases.

Alors s'il vous plaît, faites plaisir à tonton Beorn : corrigez-moi ces corrections !

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Les corrections demandées par l'éditeur : comment ça se passe ? (2)

Second motif de correction : j’ai appris que Mnémos allait devoir couper le roman en deux. Je me suis arraché quelques cheveux pour trouver l’endroit de la coupure. Ce n’était pas un gros travail en soi, mais cela entraînait quelques changements insidieux : le lecteur du tome 2 était censé le lire un certain temps après le tome 1. Il fallait donc que je lui rappelle plus fermement certains éléments qu’il aurait pu avoir oubliés.
En outre, je devais marteler la césure pour qu’elle donne un beau poli bien mat, plutôt que l’aspect d’une vilaine déchirure artificielle.

Mais ce n’était qu’une mise en bouche, bien entendu.
Le jour est arrivé où Hélène m’a dit « je t’envoie le fichier du tome 1 annoté, tu as jusqu’à samedi prochain pour tout corriger. » Argh.
Ses instructions étaient :
« Quand je pointe un souci, soit tu corriges, soit tu refuses, mais alors je veux que tu argumentes et on en rediscute. » et aussi « Je te fais parfois des suggestions, mais au final c’est toi qui décides de la manière de corriger »

De quoi s’agissait-il concrètement ?
De répétitions. De tournures lourdes ou maladroites (ou tout simplement perfectibles)
De termes peu appropriés. De petits soucis de clarté ou de compréhension.

Combien de commentaires ? Très précisément 283 pour 215 pages. Presque toutes ces remarques me sont tout de suite apparues comme justifiées –ou pour certaines, elles ne changeaient rien d’important pour moi et je faisais confiance à l’expérience de ma directrice d’ouvrage.

Vous vous dites peut-être que pour un manuscrit retenu, c’est une honte qu’il reste encore de ces choses-là ? Détrompez-vous : un texte est toujours perfectible.
Pour Hélène, il s’agissait d’une correction « a minima » pour un texte « nickel », et je n’ai aucune raison de le mettre en doute. Il faut donc imaginer à contrario que les demandes de corrections peuvent être bien plus importantes.

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Les choses qui changent

Chers lecteurs de ce blog,

Je voudrais vous parler aujourd'hui de quelques aspects méconnus du travail d'auteur publié.

Il y a des choses qui ne changent pas du tout : quand vous écrivez un manuscrit, vous continuez à vous torturer les méninges sur tel ou tel personnage, sur telle ou telle répétition, à courir après le temps, à vous demander si vous le caserez un jour (oui, oui, vous avez plus de chances, mais vous n'êtes sûr de rien). J'en suis à 600 000 caractères de "Cristo" et en retard sur mon planning, mais je déménage en ce moment, ce qui n'aide pas (déménagement qui explique aussi une certaine absence sur ce blog).

Et puis, il y a des choses qui changent. Par exemple, sur les salons, les gens vous abordent. Par exemple, Valérie Frances, l'organisatrice de Trolls et Légendes qui vous cherche partout, vous, misérable auteur (moi ? hein ? mais pourquoi ? ça doit être une erreur ?) pour vous expliquer qu'elle vous invite, non pas parce que vous êtes connu (soyons lucide, hum) mais parce que votre roman lui a vraiment plu. Et quand il n'y a que dix-neuf invités officiels dont Robin Hobb et d'autres qui ont presque tous une solide carrière derrière eux, vous y croyez et ça vous redonne le sourire.

Par exemple, par mail, les gens vous abordent aussi. Je vous rassure, ma boîte mail ne déborde pas de messages de fans, mais il y en a quelques-uns tout de même. Par exemple, un mail de Milan Jeunesse qui me passe commande d'un texte pour enfant, comme ça, juste parce qu'ils ont lu La Pucelle de Diable-Vert et qu'ils ont été enthousiastes.

Incidemment, les lecteurs les plus avertis en auront déduit que je serai à Trolls et Légendes, à Mons, en Belgique, samedi et dimanche. Un Festival énorme, sans fonds public, ouvert une année sur deux et porté par une équipe incroyable de passionnés - avec de la littérature, mais pas seulement.

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Et vous trouverez un texte signé Paul Beorn dans le magasine "Chaudron Magique" de Milan Presse, en juillet-août dans les kiosques. Un jour je vous parlerai du "travail de commande", c'est assez rigolo.

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Le rythme de la phrase et le syndrome de la ”fausse note”


Certains lecteurs vous diront qu’ils « sentent » le rythme des mots, qu’ils entendent la « petite musique » du style et que c’est fichtrement important à leurs yeux, mais… Comment fait-on, concrètement, pour attraper cet animal étrange qu’on appelle le « rythme » ?

Eh bien, ce n’est pas si compliqué que cela en a l’air, à mon avis : je soupçonne fort que derrière cette histoire de « rythme », on se préoccupe surtout des « fausses notes ».

Pas de panique : on trouve des légions de musiciens et danseurs qui chantent affreusement faux, il y en a même qui sont incapables de retrouver le « la » sans un téléphone à portée de la main. Et pourtant, ils dansent et ils jouent à merveille. Ils travaillent beaucoup, c'est tout. Pour les auteurs, c’est la même chose : pas besoin d’avoir le « gène du rythme » ou la « bénédiction de la muse », ce qu’il faut avant tout, c’est du travail sérieux. Eh oui.

Mise à part celle que je viens de faire, ne vous attendez donc pas à des révélations fracassantes sur le sujet. Je ne vais pas vous dire comment trouver votre petite musique à vous, en revanche, je peux vous donner quelques exemples de ce qu’il ne faut pas faire. Et là, on en revient à de bons vieux conseils de base sur ce qui « accroche », ce qui « heurte » la lecture, et je donnerais juste quelques pistes qui n'engagent que moi :

1) Je ne saurais trop vous conseiller de bêta-lire les textes des autres : vous y verrez comme de petits grain de sables peuvent gâcher de beaux textes pas encore corrigés ; par la même occasion, trouvez-vous des bêta-lecteurs pour vos textes (et si vous faisiez un petit tour chez Cocyclics [http://cocyclics.org/punBB/index.php], les champions de la bêta-lecture ?).

2) Soignez la cohérence des mots entre eux :
— cohérence des temps des verbes, surtout quand vous jouez sur les flash-back, les récits à la première personne, les prolepses etc. (faute extrêmement courante même chez des auteurs expérimentés, et qui vous gâche le rythme comme une saleté d’interférence vous gâche la radio) ;
— cohérence du niveau de langage : si vous commencez en mode « familier/oral », restez dans ce registre tout du long ; si vous êtes dans du « médiéval », traquez les formules anachroniques ; si vous êtes dans du « distingué/soutenu » ne laissez aucune tournure un tant soit peu orale : ce sont des erreurs EXTREMEMENT fréquentes et qui ruinent toute vélléité de charmer l’oreille du lecteur ;
— cohérence du sens des mots :
Ne cherchez pas à toute force à caser trois mots poétiques pour faire une phrase poétique : si le sens de l’ensemble n’est pas clair, cela n’aura aucune beauté.
Ayez de la rigueur dans vos phrases, chaque verbe doit avoir un sujet clairement identifié, chaque pronom se rapporte à un nom, chaque verbe transitif réclame son COD, chaque métaphore doit être claire, on arrive parfois à des absurdités dissimulées derrière une phrase compliquée. Ne vous y trompez pas : le lecteur ne verra peut-être pas l’incohérence, mais il la ressentira confusément et n’appréciera pas la lecture.

Peut-être certains haussent-ils les épaules et lèvent-ils les yeux au ciel, eh bien ils ont tort : c’est un défaut très répandu, le manque de rigueur.

3) Veillez aussi à la ponctuation, aux lourdeurs, c’est très important pour le rythme :
— vérifiez si vous ne mettez pas trop de virgules, au risque de hacher votre texte,
— voyez de temps en temps si un point ne serait pas le bienvenu,
— ne faites pas de phrases à rallonge à force de « qui qui que que »,
— n’abusez pas des adverbes en « ment » (moi je les aime bien, mais il n’en faut pas trop quand même).

Le rythme est gâché par ce genre de petites choses : une phrase qu’on ne comprend pas, un mot qui détonne parce qu’il n’est pas à sa place, une répétition… enfin bref, toutes ces « fausses notes » qui gâchent la petite musique.

Donc, ne vous cassez pas trop la tête avec le rythme : vous voulez être brillant ? Sachez déjà repérer une erreur, et vous serez sur la bonne voie.

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La fantasy, un genre plein de clichés ? Où donc ??

Hé ! ils ne sont pas regardés, les autres genres !

Chers amis survivants, vous qui lisez encore ce blog, (peut-être ?)… Depuis des années et des années, j’entends toujours la même rengaine sur tous les tons : la fantasy serait un genre condamné à ressasser toujours les mêmes clichés. Oui, ce mal frapperait ce genre littéraire avant tous les autres : pas d’originalité, réutilisation ad nauseam des mêmes ficelles, effets de lassitude et de répétition constants chez le lecteur...

Et chacun de citer lesdits clichés en vrac : le héros orphelin aux origines inconnues, la prophétie, le manichéisme, les elfes des forêts aux oreilles pointues, les femmes qui combattent en petites tenues…

Pour les plus politisés, la fantasy serait pur spectacle, sans ambition, sans profondeur. Pire : elle défendrait une vision du monde naïve, machiste, hétéro et caucaso-centrée, bref, sournoisement réactionnaire.

Eh ! mais c’est dingue, ça ! Elle est passée où, cette fantasy à clichés ? Pas dans les rayons fantasy des librairies, en tout cas. Je la cherche partout ! Moi je lis plein de fantasy et je ne vois RIEN de tout ça !

Oh, je ne lis pas de romans des années 80, non, je lis de la fantasy des années 2000. Je lis Abercrombie, Rothfuss, Katz, Pevel, Hobb, Jaworski, Martin… Je pourrais en citer des dizaines. Pas d’elfes ou alors bien différents de chez Tolkien. Pas de prophétie. Pas d’orphelins aux origines inconnues. Pas de manichéisme. Pas de filles en petites tenues courant dans les herbes folles pour se jeter dans les bras d’un héros musclé.

Mais tout à coup, je suis pris d’un doute : quelqu’un s’est demandé ce que c’était que le polar ? Il y a toujours un cadavre. Et un enquêteur. Et une enquête avec des fausses pistes… Ouais, et souvent un univers noir, désabusé, avec une connotation sociale forte.

Et la SF ? Oh, il y a toujours des vaisseaux spatiaux, des extra-terrestres, des conflits géopolitiques compliqués…

La romance ? Bon sang, c’est pareil à chaque fois : un gus et une gussette se rencontrent, se détestent, et finissent par une partie de jambes en l’air.

Les romans historiques ? Oh, attendez, je sais : à une époque célèbre, des personnages célèbres vivent des faits célèbres dans des lieux célèbres… Toujours pareil.

La littérature générale, me direz-vous ? Cette catégorie fourre-tout qui monopolise tous les Goncourt ? J’ai bien peur qu’on y retrouve un grand nombre de personnages ayant une vie ordinaire, dans un monde ordinaire, qui parlent de faits de société.

Peut-être, vous qui aimez l’un de ces genres littéraires, pensez-vous que j’exagère, que je caricature, que je simplifie à l’extrême avec mauvaise foi. Je ne vais pas me défendre bien longtemps. Oui, pardon, j’avoue tout, je rends les armes : vous avez entièrement raison ! Dans chacun de ces genres, on trouve d’excellents romans où ces clichés n’existent pas, ou bien sont traités avec tellement de brio que ça ne dérange personne.

Mais alors, pourquoi tant de gens exagèrent, simplifient à l’extrême et sont de mauvaise foi en ce qui concerne la fantasy et la fantasy SEULE ? Conspuée, non pas par ces gens qui ne la connaissent pas (ces médias dominants qui nient son existence, qui refusent d’en approcher, qui font le signe de croix quand ils passent devant le rayon…) mais par ceux qui devraient la défendre : les amateurs des littératures de l’imaginaire eux-mêmes. Souvent les amateurs de SF, parfois de fantastique. Et même, entraînés par le mouvement… les amateurs de fantasy eux-mêmes !

Ma petite intuition, c’est que la raison de ce discours à sens unique est à chercher dans un problème de légitimation du genre : la fantasy est trop récente pour être honnête. Elle est trop peu étudiée à l’université. Elle peine à trouver des œuvres de référence au cinéma et dans les autres arts. Elle est aussi très présente en littérature jeunesse (littérature fortement méprisée, elle aussi).

Je, moi, en ce qui me concerne, selon mon humble avis personnel, trouve cet acharnement absurde et, disons-le, intellectuellement douteux. Pourquoi un genre littéraire serait-il plus « légitime » qu’un autre ? Tout mépris, quel qu’il soit, me semble toujours frappé au coin de la paresse intellectuelle.

Vous n’aimez pas la fantasy ? Parfait, chacun ses goûts. Mais de grâce, messire, ma dame, de passage sur ce blog, n’allez pas raconter partout des mensonges à son sujet, juste pour hurler avec les loups. Moi les polars ou la SF, j’en lis peu mais je tombe parfois sur des titres qui m’intéressent. Je ne crache pas dessus comme un footballeur sur la pelouse. Alors, peut-être pourriez-vous, vous aussi, laisser tomber les idées préconçues et essayer au moins une fois, pour voir ?

En fantasy, je vois tout le contraire de clichés ressassés : je vois un formidable bouillonnement d’idées et d’imagination, un renouvellement constant. Moins de sorties, peut-être, mais des titres jubilatoires, pleins de mordant, qui renversent tous les codes et qui gardent un rythme trépidant !

 

Alors aujourd’hui, je voudrais crier un bon coup : J’AIME LA FANTASY ! VIVE LA FANTASY !

 

 

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