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18/05/2009

Le conflit intérieur

Je vous livre ici telles quelles les réflexions de l'Amibe R Nard, commentaire laissé sur ce blog et plein de bon sens :

Un personnage sans conflit intérieur est un personnage mort, qui gît comme un poisson crevé.
Un personnage sans but clair est trop nébuleux pour être intéressant... mais si le but est trop clair, alors le lecteur va s'ennuyer parce qu'il connaît déjà la fin.
Et quand un personnage vise un but, qu'il n'arrive pas à l'atteindre, ses sentiments intérieurs changent : le conflit se tend, jusqu'à la rupture !!!

Seul le conflit entretient le feu bouillonnant sur la marmite de l'histoire.

Il faut que le personnage soit en conflit permanent - même s'il peut marquer des pauses, afin de ne pas rebondir partout ;-))), ou au moins porteur de conflit.

Vont-ils réussir la mission ?
Vont-ils s'en sortir ?
Vont-ils échapper au Balrog et aux armées de Sauron ?

Vous le saurez en lisant : Sauron et les petites poupées Balrog. Le retour de l'ombre ! :-)

Bien Amicalement
l'Amibe_R Nard

Il a raison, évidemment, le conflit en général est le moteur du roman, et le conflit intérieur en particulier est le moteur du personnage.

Prenez quelques personnages connus au hasard et vous l'aurez, votre conflit intérieur. 

 1) Dans la guerre des étoiles, qui sont les personnages les plus charismatiques ?

Darth Vador (quelqu'un voit-il le conflit intérieur ? Non ?)

Han Solo (conflit : gagner de l'argent ou sauver ses amis, rester un contrebandier libre comme l'air ou épouser Leilla et devenir un héros de la rébellion ?)

 2) Chez Tolkien :

Bilbo : rester au chaud dans son terrier ou devenir un aventurier ? Rester à l'écart du groupe comme un paria ou en prendre la tête ? Trahir ses amis pour éviter une guerre ou leur rester fidèle même quand ils se trompent ?

Frodon (c'est simple) : se laisser dévorer par la fascination de l'anneau ou le détruire ?

Gandalf en a plusieurs : Assumer le rôle d'oiseau de mauvais augure chez les humains ou céder à la tentation du pouvoir comme l'a fait Saroumane ? Se saisir de l'anneau pour lutter contre Sauron ou envoyer Frodon le détruire ? Abandonner la lutte quand tout semble perdu ou continuer malgré tout à espérer l'impossible ?

 3) Dans l'Odyssée (eh oui, Homère est quand même le premier de tous les romanciers...) Ulysse veut-il rentrer retrouver Pénélope ou préfère-t-il découvrir le monde ? Et accessoirement forniquer avec de superbes femmes ?

 

Le conflit est nécessaire, il traverse les personnages. Cela dit, vous n'avez pas besoin de le torturer non plus à chaque page sur des questions existentielles. Il faut juste qu'il existe, qu'il soit relativement clair (il peut y en avoir plusieurs), comme un fil rouge qui peut expliquer chacune de ses actions et de ses contradictions.

10/04/2009

Le rythme de la phrase et le syndrome de la "fausse note"


Certains lecteurs vous diront qu’ils « sentent » le rythme des mots, qu’ils entendent la « petite musique » du style et que c’est fichtrement important à leurs yeux, mais… Comment fait-on, concrètement, pour attraper cet animal étrange qu’on appelle le « rythme » ?

Eh bien, ce n’est pas si compliqué que cela en a l’air, à mon avis : je soupçonne fort que derrière cette histoire de « rythme », on se préoccupe surtout des « fausses notes ».

Pas de panique : on trouve des légions de musiciens et danseurs qui chantent affreusement faux, il y en a même qui sont incapables de retrouver le « la » sans un téléphone à portée de la main. Et pourtant, ils dansent et ils jouent à merveille. Ils travaillent beaucoup, c'est tout. Pour les auteurs, c’est la même chose : pas besoin d’avoir le « gène du rythme » ou la « bénédiction de la muse », ce qu’il faut avant tout, c’est du travail sérieux. Eh oui.

Mise à part celle que je viens de faire, ne vous attendez donc pas à des révélations fracassantes sur le sujet. Je ne vais pas vous dire comment trouver votre petite musique à vous, en revanche, je peux vous donner quelques exemples de ce qu’il ne faut pas faire. Et là, on en revient à de bons vieux conseils de base sur ce qui « accroche », ce qui « heurte » la lecture, et je donnerais juste quelques pistes qui n'engagent que moi :

1) Je ne saurais trop vous conseiller de bêta-lire les textes des autres : vous y verrez comme de petits grain de sables peuvent gâcher de beaux textes pas encore corrigés ; par la même occasion, trouvez-vous des bêta-lecteurs pour vos textes (et si vous faisiez un petit tour chez Cocyclics [http://cocyclics.org/punBB/index.php], les champions de la bêta-lecture ?).

2) Soignez la cohérence des mots entre eux :
— cohérence des temps des verbes, surtout quand vous jouez sur les flash-back, les récits à la première personne, les prolepses etc. (faute extrêmement courante même chez des auteurs expérimentés, et qui vous gâche le rythme comme une saleté d’interférence vous gâche la radio) ;
— cohérence du niveau de langage : si vous commencez en mode « familier/oral », restez dans ce registre tout du long ; si vous êtes dans du « médiéval », traquez les formules anachroniques ; si vous êtes dans du « distingué/soutenu » ne laissez aucune tournure un tant soit peu orale : ce sont des erreurs EXTREMEMENT fréquentes et qui ruinent toute vélléité de charmer l’oreille du lecteur ;
— cohérence du sens des mots :
Ne cherchez pas à toute force à caser trois mots poétiques pour faire une phrase poétique : si le sens de l’ensemble n’est pas clair, cela n’aura aucune beauté.
Ayez de la rigueur dans vos phrases, chaque verbe doit avoir un sujet clairement identifié, chaque pronom se rapporte à un nom, chaque verbe transitif réclame son COD, chaque métaphore doit être claire, on arrive parfois à des absurdités dissimulées derrière une phrase compliquée. Ne vous y trompez pas : le lecteur ne verra peut-être pas l’incohérence, mais il la ressentira confusément et n’appréciera pas la lecture.

Peut-être certains haussent-ils les épaules et lèvent-ils les yeux au ciel, eh bien ils ont tort : c’est un défaut très répandu, le manque de rigueur.

3) Veillez aussi à la ponctuation, aux lourdeurs, c’est très important pour le rythme :
— vérifiez si vous ne mettez pas trop de virgules, au risque de hacher votre texte,
— voyez de temps en temps si un point ne serait pas le bienvenu,
— ne faites pas de phrases à rallonge à force de « qui qui que que »,
— n’abusez pas des adverbes en « ment » (moi je les aime bien, mais il n’en faut pas trop quand même).

Le rythme est gâché par ce genre de petites choses : une phrase qu’on ne comprend pas, un mot qui détonne parce qu’il n’est pas à sa place, une répétition… enfin bref, toutes ces « fausses notes » qui gâchent la petite musique.

Donc, ne vous cassez pas trop la tête avec le rythme : vous voulez être brillant ? Sachez déjà repérer une erreur, et vous serez sur la bonne voie.

20/03/2009

Le rythme de l'intrigue et le "syndrome du Nutella"

Vous aimez l’action ? Fort bien, écrivez-donc un roman rempli de scènes trépidantes, pleines de bruit et de fureur, mais gardez bien une chose à l'esprit : « trop d’action tue l’action » (ah ah, je reconnais que c’est un peu éculé, mais il se trouve que c’est vrai).
Que serait l’Everest si toute la chaîne de l’Himalaya était un vaste plateau situé à 8800 d’altitude ? Eh bien, ce serait une plaine, je suppose. Aucun intérêt pour un alpiniste, non ?
C’est un peu comme de boire une tasse de chocolat après avoir abusé du Nutella : on ne sent plus aucun goût.

Une scène de suspense réussie, qui fait rouler des gouttes de sueur froide dans le dos du lecteur, ce n’est que la partie émergée d’un iceberg ; c’est l’élément le plus visible d’un vaste plan d’ensemble. Votre scène-qui-casse-tout doit s’inscrire au sein de scènes plus calmes, qui vont permettre un effet de contraste, ou, au contraire, arriver après une série de scènes qui auront fait peu à peu monter la tension… Et attention : elle ne doit pas non plus être immédiatement suivie d’une, deux ou trois autres scènes de forte intensité dramatique. Le lecteur, lui, ne pourra pas suivre ce rythme très longtemps.

Vous vous fichez de l’action parce que vous écrivez un roman d’amour, ou un polar à énigme au rythme lent ? D'accord, j'entends bien. Mais inutile de vous cacher au fond de la classe : vous êtes aussi concerné. Si Georgette et Léon forniquent dès la première page en se jurant un amour éternel et que ça continue comme ça sur 300 pages, vous courez à l’échec. De même que dans votre polar à énigme, si vous distribuez un indice majeur par page, vous allez lasser le lecteur : à la page 10, il va se demander si ces fameux indices étaient vraiment aussi majeurs que vous le prétendez.

Et essayez, si possible, de réserver quelque chose d’important pour la fin… Parce qu’une fois qu’il aura gravi l’Everest, votre lecteur ne sera pas très excité à la perspective d’escalader la butte de Montmartre.

C’est ce que j’appelle le « syndrome du Nutella ».

Bien entendu, le même conseil vaut pour les romans qui ne démarrent jamais, dont l’encéphalogramme reste plat d’un bout à l’autre, ou qui ont tout simplement un passage à vide, un « ventre mou » où l’on s’ennuie affreusement… Un roman, c’est un circuit de montagnes russes. Plus ou moins mouvementé, certes, mais tout de même : dans tous les romans, il faut que ça monte et que ça descende en permanence, sinon, ça n’avance pas.