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18/05/2009

Le conflit intérieur

Je vous livre ici telles quelles les réflexions de l'Amibe R Nard, commentaire laissé sur ce blog et plein de bon sens :

Un personnage sans conflit intérieur est un personnage mort, qui gît comme un poisson crevé.
Un personnage sans but clair est trop nébuleux pour être intéressant... mais si le but est trop clair, alors le lecteur va s'ennuyer parce qu'il connaît déjà la fin.
Et quand un personnage vise un but, qu'il n'arrive pas à l'atteindre, ses sentiments intérieurs changent : le conflit se tend, jusqu'à la rupture !!!

Seul le conflit entretient le feu bouillonnant sur la marmite de l'histoire.

Il faut que le personnage soit en conflit permanent - même s'il peut marquer des pauses, afin de ne pas rebondir partout ;-))), ou au moins porteur de conflit.

Vont-ils réussir la mission ?
Vont-ils s'en sortir ?
Vont-ils échapper au Balrog et aux armées de Sauron ?

Vous le saurez en lisant : Sauron et les petites poupées Balrog. Le retour de l'ombre ! :-)

Bien Amicalement
l'Amibe_R Nard

Il a raison, évidemment, le conflit en général est le moteur du roman, et le conflit intérieur en particulier est le moteur du personnage.

Prenez quelques personnages connus au hasard et vous l'aurez, votre conflit intérieur. 

 1) Dans la guerre des étoiles, qui sont les personnages les plus charismatiques ?

Darth Vador (quelqu'un voit-il le conflit intérieur ? Non ?)

Han Solo (conflit : gagner de l'argent ou sauver ses amis, rester un contrebandier libre comme l'air ou épouser Leilla et devenir un héros de la rébellion ?)

 2) Chez Tolkien :

Bilbo : rester au chaud dans son terrier ou devenir un aventurier ? Rester à l'écart du groupe comme un paria ou en prendre la tête ? Trahir ses amis pour éviter une guerre ou leur rester fidèle même quand ils se trompent ?

Frodon (c'est simple) : se laisser dévorer par la fascination de l'anneau ou le détruire ?

Gandalf en a plusieurs : Assumer le rôle d'oiseau de mauvais augure chez les humains ou céder à la tentation du pouvoir comme l'a fait Saroumane ? Se saisir de l'anneau pour lutter contre Sauron ou envoyer Frodon le détruire ? Abandonner la lutte quand tout semble perdu ou continuer malgré tout à espérer l'impossible ?

 3) Dans l'Odyssée (eh oui, Homère est quand même le premier de tous les romanciers...) Ulysse veut-il rentrer retrouver Pénélope ou préfère-t-il découvrir le monde ? Et accessoirement forniquer avec de superbes femmes ?

 

Le conflit est nécessaire, il traverse les personnages. Cela dit, vous n'avez pas besoin de le torturer non plus à chaque page sur des questions existentielles. Il faut juste qu'il existe, qu'il soit relativement clair (il peut y en avoir plusieurs), comme un fil rouge qui peut expliquer chacune de ses actions et de ses contradictions.

Commentaires

D'abord, il faut lire Salammbô, de Flaubert avant de lui trouver des défauts à cet homme-là :-))

Parce que là, Salammbô, c'est du brillant, quasi fantastique/Heroic Fantasy.
Et on est loin, très loin de la pauvre Emma qui se morfond !

Du sexe, du sang, des trahisons, des scènes de bataille ! Je ne te raconte pas. Aussi bien que le Seigneur des Anneaux. Mais on ne le lit pas en classe :-(


Le truc aussi : se mettre directement dans sa tête et le faire parler. Puis le regarder par les yeux de son meilleur copain.

Pas le même regard, pas la même approche.
Les défauts (indispensables défauts du personnage) apparaissent alors.

Au niveau technique, on peut écrire au je, et basculer tout au il. Simple, mais très efficace.


Pour sa vie, il faut trois anecdotes, et non pas une qui est trop maigre.
La rencontre avec son copain, ou avec chacun des membres de l'équipe (si équipe il y a) est aussi un point important à décrire. (première anecdote) Le copain peut être le mentor, le professeur.

Le personnage doit encore en vouloir (ou être poussé à en vouloir), avoir la rage... d'une manière ou d'une autre.
Etre investi d'une mission, vouloir se venger… autant de points qui permettent au personnage de tenir l'aventure, à prendre mille risques tant que la mission n'est pas terminée ! Au lieu d'aller se coucher, ou d'aller boire dans un pub (comme pourrait le faire Han Solo :-) )

L'amour est bien aussi (nouvelle anecdote : pourquoi, quand, comment), mais ce n'est pas obligatoire que le personnage (ou la personne aimée) aime en retour, ou soit tout crème (Elric le Nécromancien)
L'amour du pouvoir, l'amour de l'argent, tout cela attire des gens dans le sillage du héros, ou du méchant (un autre personnage qui se doit d'être à la mesure du gentil.)

Car le héros doit tout le temps être en conflit avec quelque chose ou quelqu'un. Seul le conflit allume des étincelles ! et un sillage d'étoiles dans l'oeil du lecteur.

Chaque Héros doit avoir un ou plusieurs buts. Un but évident pour tous, et un but caché. Exemple : un elfe s'associe au groupe pour tuer le méchant (but évident) parce que le méchant est son oncle, qui a trahi la famille (but caché).

Le but caché permet à l'histoire de rebondir, ou d'obtenir un renversement de situation. L'ami elfe du héros trahit le groupe pour sauvegarder la vie de cet oncle qui a sauvé sa mère.
Et là, le conflit doit se résoudre : passer du côté de l'oncle ou rester au côté du groupe !
On est dans un conflit, qui doit éclater.

Un personnage sans conflit intérieur est un personnage mort, qui gît comme un poisson crevé.
Un personnage sans but clair est trop nébuleux pour être intéressant... mais si le but est trop clair, alors le lecteur va s'ennuyer parce qu'il connaît déjà la fin.
Et quand un personnage vise un but, qu'il n'arrive pas à l'atteindre, ses sentiments intérieurs changent : le conflit se tend, jusqu'à la rupture !!!

Seul le conflit entretient le feu bouillonnant sur la marmite de l'histoire.

Vont-ils réussir la mission ?
Vont-ils s'en sortir ?
Vont-ils échapper au Balrog et aux armées de Sauron ?

Vous le saurez en lisant : Sauron et les petites poupées Balrog. Le retour de l'ombre ! :-)

Bien Amicalement
l'Amibe_R Nard

Écrit par : Amibe_R Nard | 19/05/2009

Ah ah, de Flaubert, je me suis quand même empaluché la Bovary ET L'éducation sentimentale avant de décréter que j'avais vraiment mieux à faire.
Salambô, mouais, il va falloir que je me fasse violence, mais j'y jetterai un coup d'oeil avant la Saint Bernard.

Bienvenue, l'amibe ! Tu boiras bien quelque chose ? Je savais que tu étais un bavard, mais pfffou, tous ces grains de sel que tu ajoutes, ça donne soif. ;o)

Merci ! Je suis parfaitement d'accord avec presque tout ce que tu dis, voilà des tas de choses très vraies à méditer pour les lecteurs de ce blog !

M'enfin, si on me laisse ronchonner un peu, ronch ronch, je rappelle que le sujet était "comment faire aimer votre personnage", un peu plus précis, donc, que "comment réussir votre personnage". Si, si, il y a une différence. Enfin, je crois.

Je referai sûrement une note synthétique intégrant ces remarques et d'éventuelles nouvelles.

Écrit par : Beorn | 19/05/2009

Comment faire aimer votre personnage ?

Il faut que le personnage soit en conflit permanent - même s'il peut marquer des pauses, afin de ne pas rebondir partout ;-))), ou au moins porteur de conflit.

Les lecteurs aiment bien les personnages torturés. :-)

Les filles, ce sont les beaux bruns ténébreux, enfin, toutes celles qui ne sont pas en conflit avec ce principe ;o)))

Tout conflit est porteur de mouvement... bref, on aime les personnages en mouvement.

La différence est manifeste entre : je bulle sur la plage toute la journée et je défends les dauphins à coup de raquettes de tennis !

Bon jeu, set et match !
l'Amibe_R Nard (qui a trop abusé de mot bavard, mais qui a beaucoup aimé Salammbô et détesté - ou peu s'en faut - Madame Bovary)

Écrit par : Amibe_R Nard | 20/05/2009

Moi je veux bien.
Mais pour Dark Vador par exemple, dans tout l'épisode IV et V, le conflit n'existe pas. C'est seulement dans les dernières scènes du VI que Luke lui en apporte un ... ?

Écrit par : Trinitrotoluène | 29/05/2009

Et puis autre question : qu'entendez-vous par conflit ? Une lutte intérieure ? Une haine dirigée vers quelqu'un, quelque chose d'autre ?

Écrit par : Trinitrotoluène | 29/05/2009

C'est une excellente remarque et je vais essayer d'y répondre.

Selon moi, avant l'épisode V, c'est un méchant, juste un méchant. Comme le requin des dents de la mer ou comme les Cavaliers noirs dans le Seigneur des anneaux.

Il n'a pas de conflit intérieur connu, toutefois, il sert de formidable déclencheur de conflits intérieurs autour de lui : chez Luke et chez Han, surtout. Dans le IV, ce rôle suffit à lui donner toute sa force.
Il fait peur, il a de la présence, mais ce n'est pas un des personnages principaux.

Pour acquérir ce statut, il lui faut son conflit intérieur à lui. Et il ne l'obtient qu'après ce fameux "je suis ton père", qui change tout. Il ne serait probablement pas devenu une telle légende sans cela, et on n'aurait pas construit trois films supplémentaire sur ses épaules.

Cela dit pour moi, ce que je viens de dire est une pure reconstruction : j'étais au courant de la chose bien avant de voir le IV, comme presque tout le monde aujourd'hui.

J'ai bien répondu ? ;o)

Écrit par : Beorn | 29/05/2009

Oh, désolé, je répondais à la première question entre-temps.

Pour la seconde, Robert dit à ce sujet, conflit : "rencontre d'éléments, de sentiments contraires, qui s'opposent".

Il est trop fort, Robert ! :o)

Je peux essayer d'être un peu plus précis : un conflit intérieur, c'est une lutte dans la tête du personnage entre différentes facettes de sa personnalité, différentes valeurs, différents attachements ou aspirations.

Mais ça reste très ouvert. La précision est toujours un peu l'ennemie de l'exhaustivité.

Écrit par : Beorn | 29/05/2009

Je suis assez convaincu pour ce que tu dis de Star Wars.

Mon autre question (merci d'avoir regardé le Robert mais j'en ai un aussi :) ) était plutôt : quand TOI ou Amibe parlez de conflits indispensables pour qu'on perso captive le lecteur, est-ce que vous pensez aux conflits intérieurs au perso ou entre persos ? Cela ne me semblait pas évident à lire ce fil.

Écrit par : Trinitrotoluène | 29/05/2009

Eh bien, sur cette note, je parle des personnages, donc j'évoque uniquement le conflit intérieur.

Mais bien sûr, le moteur du roman, ce sont les conflits en général, donc notamment (et surtout) les conflits entre les personnages.

Tout cela est lié, bien sûr. Un conflit "externe" entre deux personnages va bousculer les conflits intérieurs qui sont déjà en eux, et réciproquement.

Deux exemples :

1) Dans Spiderman (désolé pour les exemples, je dois prendre des références archi-connues), l'oncle de Peter n'a aucun conflit intérieur. Ce n'est clairement pas un personnage principal. Mais il va entrer en conflit avec Peter par le biais d'un sermon, le fameux "de grands pouvoirs impliquent de grandes responsabilités".
Ce "conflit externe" (refus agacé de Peter, puis assassinat de l'oncle, puis prise de conscience de Peter) va faire basculer les équilibres dans la tête de Peter.

Il est partagé entre deux aspirations contradictoires : utiliser son don pour devenir "cool" (faire oublier cet ado nullard humilié par tout le monde et ignoré par MJ) ou pour faire "le bien" (et donc rester dans l'anonymat, conserver sa vie minable, perdre MJ... mais rester fidèle à ses convictions). Le conflit avec son oncle va faire basculer cet équilibre vers le côté "bien".

S'il choisissait le côté "bien" sans que ça ne résulte d'un choix, d'un renoncement et d'un conflit, ce personnage n'aurait aucune force.
ça ne veut pas dire quil se torture le ciboulot à chaque scène avec ça, mais c'est un "fil rouge" présent en filigrane dans chaque film.

2) Dans Roméo et Juliett, les deux personnages connaissent un "conflit interne" entre le respect dû à leur clan et leur amour réciproque. Le "conflit externe" entre Roméo et Tybald (qui entraîne la mort de Mercutio puis le meurtre de Tybald) viennent bousculer les équilibres de ces conflits internes.

Je ne sais pas si je suis très clair. :-&

Il faudra bien que je fasse une note sur le conflit dans le roman, un de ces jours.

Écrit par : Beorn | 30/05/2009

"Bilbo : rester au chaud dans son terrier ou devenir un aventurier ? Rester à l'écart du groupe comme un paria ou en prendre la tête ? Trahir ses amis pour éviter une guerre ou leur rester fidèle même quand ils se trompent ?"
Rester au chaud dans son terrier ou continuer à d'être le centre des moqueries de ses voisins. "on savait ce qu'un Baggins allait dire sur n'importe quel sujet sans avoir la peine de le lui demander"… c'est aussi le fils d'une fille de chef, un personnage important et riche.
Comme cela deviendra chaud, pour lui, de devoir abandonner l'anneau et ses différents pouvoirs. (dont la longévité 111 ans, et l'invisibilité... de son trésor ! :-) )

"Frodon (c'est simple) : se laisser dévorer par la fascination de l'anneau ou le détruire ?"
Frodon libère son oncle d'un héritage encombrant, et dangereux.
Un danger qui pourrait bien tous les contaminer, et les entraîner dans la déchéance et la honte. (So british)... Lovecraft utilise aussi très souvent ce système de l'héritage de vieilles maisons)

Frodon est encore "l'innocent" qui va permettre (but caché) à l'auteur d'expliquer son monde, et de réunir une équipe autour du porteur de l'anneau. (moteur de narration :-) )


Le rôle de Gandalf est plus profond. Son but caché : servir de moteur à l'histoire. (il lance Bilbo à l'aventure, il est encore là pour préparer le départ de l'anneau vers sa destruction et il s'en va avec les elfes à la fin)

C'est le rôle du sage (ou du général) qui déplace ses pièces, pour contrer le retour du méchant… un méchant qu'il n'a pas pu éliminer la première fois. (conflit caché, comme peut l'être l'affrontement des dieux)
C'est encore un des anciens mages (avec Saroumane) et quelques autres qui luttent pour garder le monde à l'équilibre... ou pour préparer le temps des hommes.

C'est toujours une sorte de guide. Qui n'est pas tout puissant, qui a des tentations (la puissance de l'anneau est forte et c'est une abomination magique, un langage enchanteur qui parle à l'âme). Gandalf est le tuteur qui conduit, un temps, l'adolescent dans sa marche fondatrice vers la maturité.


Le conflit de la croissance : devenir responsable de ses actes et gestes... sans plus pouvoir se cacher derrière papa et maman.
L'Amibe_R Nard

Écrit par : Amibe_R Nard | 30/05/2009

@Trinitrotoluène
"Et puis autre question : qu'entendez-vous par conflit ? Une lutte intérieure ? Une haine dirigée vers quelqu'un, quelque chose d'autre ?"

Qu'est-ce qu'un conflit ?

La définition du Robert est un peu faible à mon goût.
Un conflit, en littérature et tel que je l'entends, c’est quelque chose de déchirant. C'est un choix entre deux options cruciales, avec un "ou exclusif". Je choisis le fromage de l'histoire ou la glace de l'amour, mais pas les deux.

De plus, un conflit appelle toujours une résolution, le personnage doit trancher et choisir sa voie.
C'est déchirant, parce qu'une fois fait, le choix ne peut plus être défait. On est sur un noeud : l'histoire prend un tournant ou un autre. Mais pas les deux.

Partant de là, un conflit peut être extérieur. Le bon gagne ou perd, le méchant gagne ou perd.
Sauron perd son tour de réincarnation et la page est définitivement tournée.
Le conflit majeur de l'histoire trouve sa résolution par l'échec de l'une ou l'autre des parties. (et généralement, ça se passe très mal pour le perdant, et même pour le gagnant : Dark Vador meurt en retrouvant sa qualité de père, et sa liberté d'homme assujetti par l'empereur)


Le conflit peut être extérieur/intérieur.
Ce que la famille, la société, un ordre religieux, ta religion, ton statut social, ta nation... t'imposent.
En schématique : Haïr les nains pour les elfes. Roméo et Juliette et le conflit familial par excellence. Partir en guerre contre un pays aimé ou de l'aimée. Etc.

Héritage familial, réparer la faute, rendre la "justice", les préjugés...

Cependant, il peut y avoir plus subtil : partir en voyage, pour secouer le carcan de ses habitudes, aller voir ailleurs comment les choses se déroulent. Briser les chaînes de son apprentissage (aller à l'encontre à chaque fois… pour voir), refuser son héritage (son don, sa malédiction), rejeter le modèle parental. Etc.


Et bien sûr, le conflit intérieur se profile à l'horizon. :-)

La vengeance, l'amour, les sentiments.
L'amitié (qui constitue nombre d'équipes tendues vers un même but… mais toujours pour les mêmes raisons ?)

Sans oublier la rivalité, la jalousie : je serai le meilleur, nous voulons la même fille, je serai le plus riche, le plus puissant. Etc.

Cette rivalité, on la retrouve dans le conflit avec le méchant. Chacun veut gagner la partie et faire basculer l'avantage dans son camp. Les deux camps veulent la même chose, et seul un des deux peut l'obtenir. Ce qui amène souvent un tie-break, un équilibre fragile et délicat.

Écrit par : Amibe_R Nard | 30/05/2009

@Trinitrotoluène
"Et puis autre question : qu'entendez-vous par conflit ? Une lutte intérieure ? Une haine dirigée vers quelqu'un, quelque chose d'autre ?"

Qu'est-ce qu'un conflit ?

La définition du Robert est un peu faible à mon goût.
Un conflit, en littérature et tel que je l'entends, c’est quelque chose de déchirant. C'est un choix entre deux options cruciales, avec un "ou exclusif". Je choisis le fromage de l'histoire ou la glace de l'amour, mais pas les deux.

De plus, un conflit appelle toujours une résolution, le personnage doit trancher et choisir sa voie.
C'est déchirant, parce qu'une fois fait, le choix ne peut plus être défait. On est sur un noeud : l'histoire prend un tournant ou un autre. Mais pas les deux.

Partant de là, un conflit peut être extérieur. Le bon gagne ou perd, le méchant gagne ou perd.
Sauron perd son tour de réincarnation et la page est définitivement tournée.
Le conflit majeur de l'histoire trouve sa résolution par l'échec de l'une ou l'autre des parties. (et généralement, ça se passe très mal pour le perdant, et même pour le gagnant : Dark Vador meurt en retrouvant sa qualité de père, et sa liberté d'homme assujetti par l'empereur)


Le conflit peut être extérieur/intérieur.
Ce que la famille, la société, un ordre religieux, ta religion, ton statut social, ta nation... t'imposent.
En schématique : Haïr les nains pour les elfes. Roméo et Juliette et le conflit familial par excellence. Partir en guerre contre un pays aimé ou de l'aimée. Etc.

Héritage familial, réparer la faute, rendre la "justice", les préjugés...

Cependant, il peut y avoir plus subtil : partir en voyage, pour secouer le carcan de ses habitudes, aller voir ailleurs comment les choses se déroulent. Briser les chaînes de son apprentissage (aller à l'encontre à chaque fois… pour voir), refuser son héritage (son don, sa malédiction), rejeter le modèle parental. Etc.


Et bien sûr, le conflit intérieur se profile à l'horizon. :-)

La vengeance, l'amour, les sentiments.
L'amitié (qui constitue nombre d'équipes tendues vers un même but… mais toujours pour les mêmes raisons ?)

Sans oublier la rivalité, la jalousie : je serai le meilleur, nous voulons la même fille, je serai le plus riche, le plus puissant. Etc.

Cette rivalité, on la retrouve dans le conflit avec le méchant. Chacun veut gagner la partie et faire basculer l'avantage dans son camp. Les deux camps veulent la même chose, et seul un des deux peut l'obtenir. Ce qui amène souvent un tie-break, un équilibre fragile et délicat.


Ceci, toujours sans oublier, ni négliger, le but caché.

Je serai le meilleur pour faire plaisir à mon père ou ma mère (qui étaient pauvres, qui n'étaient pas ceci ou cela… mais qui voulaient le devenir. Ah la projection et les ambitions parentales, que d'imprégnations sur l'individu :-) )
Ce qui peut se traduire par une diversité très importante de réponses et de réactions, suivant ce que l'on est à l'intérieur et à l'extérieur, sur ce que l'on a subi durant son enfance et sa formation. (imprégnation du maître)

Comme pourrait l'être : je me montre brutal et agressif, parce que j'ai peur des autres (*), ou parce que j'étais timide et que les autres se foutaient de moi, ou parce que personne ne m'aime. C'est un conflit interne/externe

(*) Peur de leurs remarques, réelles ou supposées. Peur du "qu'en dira-t-on" !


Car, derrière le but, se cache la motivation. Le ressort profond qui anime le personnage.


Ce qui permet, par exemple, de dire : l'Argentine occupe les îles Falklands et déclenche une guerre avec l'Angleterre… pour trois moutons et deux poules.

Oui, un pays, une nation peuvent également et devraient devenir un personnage.

Parce que le pays va très mal économiquement… et but caché, le président (militaire) de l'époque voulait garder le pouvoir par-dessus tout. Ou était-ce l'occasion pour d'autres de ramener le pays dans la voie démocratique ?

Une guerre permet aussi à certaines factions de prendre le pouvoir, de gagner plus d'argent, voire d'éliminer un monarque encombrant qui ne va pas dans le bon sens.
Chaque nation est comme un personnage (ou comme une équipe), avec un but avoué et un but caché. (ou plusieurs, le tout c'est qu'il y en ait toujours un en cours, jusqu'à ce qu'il soit atteint ou épuisé.)


On pourrait même pousser l'analogie, jusqu'à dire : le monde est un personnage.
Exemple : un volcan peut avoir un but : croître. Et un but caché : tuer sadiquement les méchants humains qui le méprisent.
La façon de raconter l'histoire s'en ressentira. L'auteur pourra délicieusement, avec sadisme, carboniser les baigneurs de minuit dans son puit d'eau chaude, ou écraser une voiture de police sous une bonne grosse pierre des familles. Ou encore poursuivre avec hargne et colère la fuite des héros avec ses tentacules de lave.
Ce qui ne sera pas le cas d'un volcan neutre, voire bienveillant et généreux avec ceux qui vivent autour de lui.
Idem pour une forêt, ou pour une maison... avec âme !

Différentes ambiances, différents moments, différentes sensations.

Le tout est de penser qu'il est important d'avoir des "personnages" attachants (en conflit entre eux, ou contre eux-mêmes), avec des secrets (pour laisser le lecteur gamberger un peu sur une réponse incongrue, ou sur une logique de comportement bizarre... mais qui s'expliquera plus tard).

Car nous connaissons tous la résolution finale du conflit global : un des deux camps va gagner ! :-)) (Bon ou méchant, assassin ou enquêteur

Mais nous ne connaissons pas la façon dont le héros (les héros) vont résoudre leurs propres conflits. Et c'est là tout le sel du roman.

C'est ce qui différencie un texte archétype du bien contre archétype du mal, d'un texte avec toute une palette d'émotions et de sentiments. Emotions et sentiments puisés au coeur des conflits "humains" et des choix cornéliens !

Faire, ou ne pas faire.
Etre ou ne pas être. :-)))
L'Amibe_R Nard

Écrit par : Amibe_R Nard | 30/05/2009

Dis donc, l'Amibe, quand est-ce que tu nous présentes ton blog ? ;o)

Nan, sérieusement, tes réponses sont drôles et pleines d'intelligence, mais je trouve que tu dépasses un peu le cadre du conflit intérieur.

C'est un forum qu'il faudrait pour discuter sérieusement des personnages de Tolkien. Pourquoi ne pas lancer un fil sur Cocyclics, maintenant que tu es inscrit ? :o)

Écrit par : Beorn | 30/05/2009

Je cherche les conflits intérieurs de mes personnages, et je suis un peu attérée.

Heinrich se fout de tout (alcoolique drogué queutard). Il se rebelle un poil contre son supérieur et laisse tomber.
Christopher pense à ses enfants. Il fait son petit soldat. Et c'est à mi-chemin qu'il a un conflit intérieur, ouf, au moins un.
William en a un aussi à la fin. Le reste du temps, il est aussi droit et vertueux que possible. RAS.
Eileen se fout du reste du monde et elle fait son job au max. RAS.
Les méchants cherchent tous le pouvoirs. RAS.
Y'a pas de conflit intérieur dans ASLO avant au moins le dernier tiers. Je suis mal. ^:)

Écrit par : Syven | 16/06/2009

Heinrich a-t-il fait un truc bien dans sa vie ou dans sa carrière ? Si oui, il y a un conflit.
Eileen je ne sais pas. En faisant son job, elle peut aussi avoir un conflit entre deux aspects de son job...
Les méchants n'ont pas forcément à être des personnages principaux. C'est même assez rare.

Tout ça nous fait pas mal de personnages, ils n'ont peut-être pas tous besoin d'avoir leur conflit intérieur. Ils peuvent aussi être des personnages secondaires qui sont juste là pour révéler les conflits des autres, ce qui ne les empêche pas d'avoir une certaine importance, voire d'être marquant. Comme Darth Vador avant la révélation du V, ou comme le requin des dents de la mer.

Héhé, et je pourrais jeter un coup d'oeil, moi ?

Écrit par : Beorn | 16/06/2009

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