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20/03/2009

Le rythme de l'intrigue et le "syndrome du Nutella"

Vous aimez l’action ? Fort bien, écrivez-donc un roman rempli de scènes trépidantes, pleines de bruit et de fureur, mais gardez bien une chose à l'esprit : « trop d’action tue l’action » (ah ah, je reconnais que c’est un peu éculé, mais il se trouve que c’est vrai).
Que serait l’Everest si toute la chaîne de l’Himalaya était un vaste plateau situé à 8800 d’altitude ? Eh bien, ce serait une plaine, je suppose. Aucun intérêt pour un alpiniste, non ?
C’est un peu comme de boire une tasse de chocolat après avoir abusé du Nutella : on ne sent plus aucun goût.

Une scène de suspense réussie, qui fait rouler des gouttes de sueur froide dans le dos du lecteur, ce n’est que la partie émergée d’un iceberg ; c’est l’élément le plus visible d’un vaste plan d’ensemble. Votre scène-qui-casse-tout doit s’inscrire au sein de scènes plus calmes, qui vont permettre un effet de contraste, ou, au contraire, arriver après une série de scènes qui auront fait peu à peu monter la tension… Et attention : elle ne doit pas non plus être immédiatement suivie d’une, deux ou trois autres scènes de forte intensité dramatique. Le lecteur, lui, ne pourra pas suivre ce rythme très longtemps.

Vous vous fichez de l’action parce que vous écrivez un roman d’amour, ou un polar à énigme au rythme lent ? D'accord, j'entends bien. Mais inutile de vous cacher au fond de la classe : vous êtes aussi concerné. Si Georgette et Léon forniquent dès la première page en se jurant un amour éternel et que ça continue comme ça sur 300 pages, vous courez à l’échec. De même que dans votre polar à énigme, si vous distribuez un indice majeur par page, vous allez lasser le lecteur : à la page 10, il va se demander si ces fameux indices étaient vraiment aussi majeurs que vous le prétendez.

Et essayez, si possible, de réserver quelque chose d’important pour la fin… Parce qu’une fois qu’il aura gravi l’Everest, votre lecteur ne sera pas très excité à la perspective d’escalader la butte de Montmartre.

C’est ce que j’appelle le « syndrome du Nutella ».

Bien entendu, le même conseil vaut pour les romans qui ne démarrent jamais, dont l’encéphalogramme reste plat d’un bout à l’autre, ou qui ont tout simplement un passage à vide, un « ventre mou » où l’on s’ennuie affreusement… Un roman, c’est un circuit de montagnes russes. Plus ou moins mouvementé, certes, mais tout de même : dans tous les romans, il faut que ça monte et que ça descende en permanence, sinon, ça n’avance pas.

Commentaires

Hum... ça donne envie de nutella !!! (mais bien dosé !)

Écrit par : NB | 22/03/2009

Quelle image! Je ne mangerai plus jamais du Nutella avec la même innocence .

Écrit par : Tsumire | 30/03/2009

Nutella et montagnes russes, es-tu certain que ça fera bon ménage?

Écrit par : Chwip | 02/04/2009

Hihi, Chwip, tu comprends maintenant pourquoi je le déconseille vertement.

Tsumirë et NB : bienvenue ! (un peu en retard)
Et consommez avec modération, n'est-ce pas : l'abus de Nutella est dangereux pour la santé du roman.

Écrit par : Beorn | 02/04/2009

Arf, les passages "calmes", ce n'est pas plus facile à doser que les passages "action". C'est même franchement difficile parfois quand on n'a pas le recul nécessaire, même avec l'aide d'un synopsis.
Ce n'est pas facile en plus de trouver des lecteurs (bêta-lecteurs) capables d'avoir une vision d'ensemble et de pointer les passages longuets vs les passages où il se passe trop de choses trop vite...

Écrit par : Roanne | 07/04/2009

Ouaip, je suis bien d'accord, Roanne : les passages calmes sont difficiles à doser eux aussi, ils doivent être régulièrement secoués par des scènes plus vives (pas forcément de l'action physique, mais de l'intensité dramatique).
C'est ce que j'appelle le risque du "ventre mou". On pourrait aussi l'appeler "syndrome de l'Orangina" (... parce que sinon, la pulpe, elle reste en bas, hum, désolé).
Pour ce qui est des bêta-lecteurs, il me semble qu'il leur vient parfois des remarques comme "tu devrais passer plus vite sur telle scène...", qui révèlent peut-être le problème sans le nommer.

Écrit par : Beorn | 08/04/2009

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