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18/02/2012

Les dangers du changement de point de vue

Aujourd'hui, chers inconnus, j'ai décidé d'écrire deux notes pour me faire pardonner de vous avoir infligé le lien vers mes tables-rondes.

Je vais donc vous parler du point de vue et de ses pièges à éviter. Vous avez sans doute déjà entendu parler de tout cela et si vous lisez les explications qui suivent en diagonale, non seulement je vous le pardonnerai, mais personne ne le saura jamais... Cependant, même si vous êtes un auteur expérimenté, je vous invite à vous reporter à la conclusion, car les erreurs sont parfois insidieuses et peuvent vous ruiner bêtement un texte pourtant bien écrit.

Comme vous le savez, ou ne le savez pas, un récit est toujours narré selon un certain point de vue. En gros et pour simplifier, vous avez trois façons de raconter une histoire. On pourrait nuancer cela de bien des manières, mais euh, ce n'est pas vraiment le sujet.

La narration en "je"

Je ne m'étendrai pas sur les avantages et les inconvénients de cette technique. Pour aller vite : vous collez au plus près du personnage donc vous pouvez en ressentir fortement les émotions. Vous colorez votre récit de sa façon de parler (gouaille, ton guindé, langage suranné ou argotique...) et de penser (timidité, effronterie, obsessions...). En contrepartie, vous limitez votre champ narratif à ce seul personnage : vous ne pouvez rien décrire qu'il ne puisse percevoir lui-même. Vous ne pouvez rien dire qu'il ne pense lui-même. Vous vous retrouvez avec de grosses difficultés à manier l'ironie dramatique (voir la note à ce sujet : le fait de donner une information au lecteur que vous cachez au personnage).

La narration en "il", en focalisation interne

Vous racontez votre récit à la troisième personne du singulier, mais en ne quittant pas d'une semelle un personnage-point-de-vue. C'est le "point de vue interne". Vous êtes dans la tête d'un seul personnage, vous connaissez tous ses secrets, ses doutes, ses pulsions et ses remords. Mais vous ne pouvez pas entrer dans la tête des autres et vous ne pouvez pas montrer quelque chose que votre personnage-point-de-vue ne voit pas lui-même. Cette technique ressemble à la première, mais vous pouvez vous affranchir du langage particulier de votre personnage, puisque ce n'est pas lui qui parle.

Ces deux techniques ne suivent qu'un seul personnage. Toutefois, ce personnage peut varier au cours du récit : d'un chapitre à l'autre, il est possible de changer de narrateur. Ce "truc narratif" ouvre bien des possibilités, mais il existe un danger certain de perdre votre lecteur.

La narration en focalisation zéro ou le "point de vue omniscient"

Vous vous affranchissez complètement du point de vue des personnages : vous êtes omniscient. Vous pouvez musarder dans la tête de Tartempion, puis faire un petit tour dans celle de Jeannette, et enfin vous coller au point de vue du poisson rouge qui les regarde. Vous pouvez aussi aller sous la table jeter un oeil sur la bombe qu'aucun personnage n'a encore vue et spéculer sur la suite de l'histoire, ou vous lancer dans des digressions historiques si le coeur vous en dit. Cette technique est délicate à manier, et elle risque de vous compliquer la tâche lorsque vous voudrez faire partager les émotions de vos personnages. En contrepartie, elle vous laisse une totale liberté de manoeuvre.

Conclusion

En tant qu'auteur, vous êtes libre de faire votre choix. Cependant, cette liberté a un prix : une fois que vous aurez choisi, vous ne pourrez pas revenir en arrière. Vous passez un pacte avec votre lecteur.

(bon euh, en fait, vous pouvez très bien le faire, vous pouvez même le faire exprès, il n'y a pas de loi en littérature, il y a juste des questions... mais si vous le faites, soyez-en bien conscient).

La narration à la première personne pose moins de problème à cet égard. Cependant, les deux autres peuvent facilement se confondre. Or à chaque fois que vous passez de l'une à l'autre, vous affaiblissez considérablement votre texte.

Vous me direz : "haha, mais tonton, je sais déjà tout ça, voyons !". Mouais. Je ne suis pas convaincu alors lisez quand même la suite.

Si vous avez choisi de suivre un personnage : refusez-vous tout commentaire qui ne passe pas par sa tête, interdisez-vous toute ironie sur son compte, empêchez-vous d'entrer dans la tête d'un autre. Et là, je ne vous parle pas de grands paragraphes : je vous parle de petites phrases, de petites piques qui vous semblent pleines d'esprit mais qui ruinent votre texte.

ex : "Max passa à travers la fenêtre et atterrit dans une mare de boue. Il se retourna et croisa le regard furieux du capitaine derrière lui. Ce fichu prisonnier lui gâchait sa journée."

Vous utilisez Max depuis le début comme personnage point-de-vue ? Alors stop ! Vous êtes entré dans la tête du capitaine ! Vous pouvez vous autoriser à imaginer ce que Max pense du capitaine, mais vous n'avez pas le droit d'entrer dans sa tête. Sinon, vous rompez le contrat avec votre lecteur. Bon, je vous accorde que ce n'est pas une règle de français, ni une règle absolue, mais c'est quelque chose à surveiller de près.

Les changements de point de vue sont presque invisibles, mais bien souvent, ils empoisonnent le texte. On se retrouve avec une impression confuse de quelque chose qui ne va pas. Le texte ne percute plus, il perd de sa force et vous vous demandez pourquoi : c'est peut-être une question de point de vue. Traquez les changements involontaires de point de vue et voyez s'ils sont vraiment nécessaires. La plupart du temps, si vous vous en tenez à ce que vous avez décidé au départ, votre texte y gagnera en force.

Commentaires

Merci Béorn !
Contente de poursuivre tes aventures et bravo pour ton futur roman à venir. Les points de vue, c'est ma bête noire. Et je me reconnais tout à fait dans tes exemples et tout ce que j'ai à traquer dans mon propre texte. Par contre, tu trouves ça dérangeant quand on change souvent de point de vue entre les chapitres pour pouvoir apporter un point de vue différent sur les personnages?

Écrit par : Ayaquina | 18/02/2012

"Par contre, tu trouves ça dérangeant quand on change souvent de point de vue entre les chapitres pour pouvoir apporter un point de vue différent sur les personnages?"

Je donne mon avis même si je ne suis pas Tonton : au contraire, de mon point de vue, ça ne peut qu'enrichir ton roman. C'est un procédé auquel je recours pas mal, étant adepte de la focalisation interne. Un changement de chapitre, un saut de section, une petite étoile, permettent alors de matérialiser le changement de focus.
Attention quand même à ce que chaque partie soit assez longue : dans ce type de configuration, on ne s'amuse pas à donner la parole à Momo juste pour un paragraphe de trois lignes.

Tonton, ton avis ?

Écrit par : Oph | 18/02/2012

Eh bien j'allais dire la même chose qu'Ayaquina : on peut tout à fait changer de narrateur en cours de route.

C'est juste (?) plus compliqué à gérer, puisque chaque narrateur doit avoir son propre point de vue et sa propre façon de narrer.

On peut simplifier en passant par un narrateur omniscient.
Omniscient, il peut se téléporter dans chaque tête et même s'éloigner pour un panoramique, mais là, attention aux montagnes russes ou au Yo-yo entre les protagonistes, ou encore au point de fuite glissant sur un autre personnage (exemple de Beorn sur le capitaine).

Si on veut faire vomir le lecteur, il n'y a pas de problème, il suffit de faire comme les caméramans débutants, on saute d'un interlocuteur à l'autre, dans un superbe mouvement de ping-pong, et c'est tout bon : le lecteur décroche en quelques rebonds bien énervants.

Le danger des points de vue multiples, c'est aussi qu'on perd l'unité de ton, et surtout l'unité d'identification du lecteur.

Si le lecteur commence à apprécier "l'uniforme" du héros, sa façon de penser, sa façon d'agir, si le lecteur commence à s'identifier à lui... être obligé de changer de peau pour un autre personnage, c'est une forme de violence. Si c'est pour du meilleur, le lecteur va l'accepter, mais il faut que ce soit vraiment pour du meilleur. Le retour au héros devra être à nouveau supérieur, etc.

La moindre erreur de changement, la moindre baisse, et hop ! le lecteur est éjecté du récit. (Alea éjecté est)

C'est pourquoi Beorn a raison d'esquiver ces cas multiformes.
Changer de narrateur, changer de tête, il y faut de bonnes raisons et, quelque part, ne pas pouvoir procéder autrement.
Car, à chaque fois qu'on s'éloigne du maillon principal, on prend un risque d'écriture ; soit un risque de rupture avec le lecteur qui peut refuser ce changement de monture, ou de cavalier.

Je connais des lecteurs qui ont refusé le contrat de l'auteur et ont sauté un chapitre sur deux parce qu'ils n'aimaient pas le deuxième personnage, ou pas cette rupture dans le récit.
Le deuxième point de vue était-il aussi intéressant que le premier ?
C'est douteux.

Ce qui montre l'amplitude des problèmes sur les changements de point de vue. :-)

Comme chaque transition peut-être l'occasion d'une sortie de route, les minimiser, c'est s'assurer que le récit est constitué de maillons forts.

Ceci dit, rien n'empêche les glissements discrets.
Et le changement de point de vue est même très souvent utilisé... pour ne pas lasser le lecteur. Un narrateur omniscient peut descendre dans la tête du héros, voir avec ses yeux, toucher avec ses mains, avant de repartir.

Suivre un texte en se disant :
Qui dit ça ? Qui pense ça ? Qui voit ça ?
permet de remarquer ce jeu de variations.

Testez-le sur des textes connus, pour vous en apercevoir.

Bien Amicalement
L'Amibe_R Nard

Écrit par : Amibe_R Nard | 18/02/2012

Merci Oph pour ta réponse. Elle me rassure. ;)
Très instructif vos deux réponses, Oph et Amibe, je partage complètement vos remarques. C'est décidément quelque chose à ne pas négliger, le point de vue, il est un pivot essentiel de la narration et une accroche avec le lecteur qui n'est pas à sous-estimer.

Écrit par : Ayaquina | 18/02/2012

Article et commentaires intéressants, c'est vraiment délicat ces transitions... Dans mon tome 3 j'ai deux intrigues en parallèle, c'est un peu le grand écart... Merci pour le débat ;)

Écrit par : Sycophante | 18/02/2012

La question des points de vue multiples est intéressante.
C'est une technique que j'utilise régulièrement, avec deux personnages pour ma part. Cela permet de donner des informations nouvelles, de voir les choses sous un autre angle, de secouer la monotonie du point de vue unique et au final, d'enrichir le récit en explorant d'autres personnalités.
Certains réussissent même à le faire avec une multiplicité de personnages.

Cependant, comme toutes les techniques, elle a aussi ses écueils, que l'Amibe a fort bien énoncés : risque de donner le tournis, de décevoir le lecteur et de le faire décrocher, problème d'unicité de ton, etc.
Rien de tout cela n'est rédhibitoire, il faut juste avoir conscience de ces problèmes et faire avec.

Écrit par : Beorn | 19/02/2012

Tu as raison, pas de recette, mais de la mesure ! De tout façon, écrire ne se résume malheureusement (ou heureusement) pas à de la technique, il y a ce quelque chose de magique qui prend ou ne prend pas. Mais, je vois parfaitement ce que tu veux dire.

Écrit par : Ayaquina | 21/02/2012

Merci pour le brief !

Écrit par : Muriel | 05/03/2012

Merci pour ce message très instructif. J'aime toujours autant passer sur ton blog.

Écrit par : Ermina | 06/03/2012

Bienvenue sur ce blog, Ermina et merci à vous deux !
Coucou Muriel ! :)

Écrit par : Beorn | 06/03/2012

Tu dis des trucs drôlement sérieux et justes aussi ! Merci !!!

Écrit par : Silène | 18/03/2012

Je ne sais pas.Je ne me lancerai sans doute jamais dans le "changement de point de vue".
Je l'ai trouvé génial chez GRR Martin, sans doute parce que les personnages "point de vue" n'étouffaient pas les autres, et totalement à côté de la plaque chez Damasio, parce que les personnages - sauf un - étaient - pour moi- totalement inconsistants.

Écrit par : lambertine | 18/04/2012

je rappelle ici la définition selon Genette citée dans wiki. (programme de 4°)

Focalisation interne

* Le lecteur est à l'intérieur d'un personnage et voit et ressent ce que le personnage voit et ressent.
* La « caméra » est donc subjective et incomplète.
* Il y a présence de verbes de perceptions, de tout ce qui facilite le regard (fenêtres...) et de tout ce qui repère l'espace par rapport au personnage (à droite, en face...)
* Le lecteur en sait autant que les personnages. P=L.
* La Symphonie pastorale d'André Gide ou L'Étranger d'Albert Camus. Il est tout à fait possible de rencontrer la focalisation interne dans un récit à la 3ème personne. À titre d'exemple, le début de L'Éducation sentimentale de Gustave Flaubert présente une description menée à la 3ème personne à travers le regard de son héros, Frédéric, donc en focalisation interne : « À travers le brouillard, il contemplait des clochers, des édifices dont il ne savait pas les noms ; puis il embrassa, dans un dernier coup d’œil, l’île Saint Louis... »


Attention : Il n'y a pas de focalisation à la 1ère personne ! A ne pas confondre avec la focalisation interne !



Focalisation externe

* Le lecteur voit tout de l'extérieur, comme une caméra qui enregistre que les actions, comme un témoin externe.
* Il n'y a pas de justification. C'est une narration qui reste totalement neutre et objective.
* Le personnage est donc supérieur au lecteur. P>L.
* La littérature du XXe siècle a volontiers exploité cette technique narrative. Par exemple, Des souris et des hommes, roman de John Steinbeck, utilise uniquement la focalisation externe.



Focalisation omnisciente ou zéro

* C'est le point de vue d'un dieu, d'un narrateur démiurge, qui sait tout sur les personnages. C'est donc une focalisation totale, subjective et exhaustive.
* Il connait leurs pensées, leurs sentiments, leur passé, leur avenir et il est capable de dire ce qui se passe dans plusieurs endroits à la fois.
* Le lecteur en sait donc plus que les personnages



voilà en gros, le changement de point de vue, c'est comme tout en littérature, y compris les figures de style, il faut le maîtriser et à partir de là tout est autorisé. La littérature c'est aussi briser les règles qu'on connait, sciemment avec style. Ce qui tue comme toujours, c'est l'ignorance ou le supposé su. :)

Écrit par : Debats | 25/04/2012

@ Silène : :)

@ Lambertine : bah, à chacun ses petites faiblesses, moi j'ai bien aimé le Damasio. Cela dit, c'est vrai que si le lecteur a l'impression que tous les personnages se ressemblent, le changement de point de vue a moins d’intérêt.

@ Jeanne (Debats, donc) :
D'abord bienvenue.
Ensuite, j’avais regroupé focalisation zéro et focalisation externe pour simplifier, car tous les deux s’affranchissent du point de vue limité à un personnage. À la suite de ton commentaire, j’ai supprimé la mention de la focalisation externe car c’est vrai, le paragraphe ne traitait que du point de vue omniscient.
Bon en fait, je n’ai fait que reprendre les catégories décrites dans Personnages et points de vue d'Orson Scott Card (Éditions Bragelonne pour la version française, pour ceux qui ne connaissent pas), il ne parle pas de la « focalisation externe », probablement dans un souci de simplification. Ou alors, il a juste séché son cours de 4ème, ce petit coquin ? :)

Pour ce qui est de dire que tout est autorisé... C’est certain.
L'objet de cette note, c'est de chercher un angle de relecture pour améliorer son texte. Je pense que celui-ci est intéressant.
Maintenant, effectivement, on n'est pas obligé de me croire. On peut très bien me dire que j'ai tort ou ajouter son grain de sel... C'est comme ça que ça marche, sur ce blog.

Écrit par : Beorn | 28/04/2012

Tout dépend de ce que tu veux faire, Paul, bien évidemment.
cependant, lorsqu'on use de termes techniques, il ne s'agit pas de croire mais de savoir.
Y compris sur "tout est autorisé". Une partie de l'art, du talent, c'est de pouvoir enfreindre une règle qu'on comprend, connait et maîtrise
de la même façon, si tu parles de ton expérience avec ce type de choses, parfait. Mais si tu emploies des termes déjà consacrés autrement, il vaut mieux ne pas faire dans l'à peu près, ce que tu fais ici de façon à mon sens tout à fait dommageable pour ton propos :).
Le bouquin de Card est génial mais il fait justement très bien la différence entre son expérience d’écrivain et la théorie que par ailleurs, il maîtrise absolument. Dans MON expérience à moi, il vaut donc toujours mieux être précis.
C'est d'ailleurs pour ça que rien ne vaut un bon vieux bouquin de grammaire^^

Écrit par : debats | 28/04/2012

Hello Paul,

Roh, je l'ai lu, le Card, il ne confond pas l'externe et l'omniscient, quand même! Il ne parle juste parce que l'externe.
Tu ne peux pas mettre l'externe et l'omniscient ensemble parce que tu ne sais pas trop quoi en faire...
On peut te croire ou pas mais je tique sur ta façon de tout simplement modifier (en fait fusionner des catégories) une règle littéraire pour la transmettre.
Bon tu imagines bien que je suivais la note, pour le coup, parce que je lis ton blog depuis un moment. Si on y trouve de vrais chouettes trucs (ton avis, tes expériences), pour le reste, ce n'est pas une question de "croyance", si tu entends donner des conseils, le premier pacte de transmission est la confiance...
Tu ne peux donc pas affirmer des choses fausses (ce n'est pas honnête pour ceux qui te suivent) et je pense que Jeanne ou moi (ou n'importe quel prof) pourrons te conseiller quelques lectures plus "classiques" (manuels & essais) que ce qu'on trouve chez Bragelonne, de toute façon!


Bises,

Anne

Écrit par : Anne | 28/04/2012

Oups, les petits esprits, tout ça... On a répondu au même moment ou c'est moi?
Bref, comment dire la même chose de façon différente...

Écrit par : Ombre de Debats | 28/04/2012

Sinon, le Card est génial.
J'ai adoré son conseil du dessin!
Pour le reste, ça reste un avis et il faut piocher mais celui-là m'a vraiment parlé!

Écrit par : Anne | 28/04/2012

Pas d'ironie sur le narrateur en focalisation interne ? Pas même pour les personnages qui passent leur temps à rire de tout et surtout d'eux-mêmes ? :p

Bon, moins de mauvaise foi et plus de constructivisme...ité... de construction :

"Max passa à travers la fenêtre et atterrit dans une mare de boue. Il se retourna et croisa le regard furieux du capitaine derrière lui. Ce fichu prisonnier lui gâchait sa journée."

Je suis d'accord que la dernière phrase change le point de vue. Mais en imaginant une formule beaucoup plus lourde type "Max passa à travers la fenêtre et atterrit dans une mare de boue. Il se retourna et croisa le regard furieux du capitaine derrière lui. Ne serait-ce que pour venger ses mauvais traitements, le prisonnier espérait bien lui avoir gâché sa journée.", est-ce que ça marche ?

Question subsidiaire qui me torture ces derniers temps, peut-on dire d'un regard qu'il est furieux parce que chacun possède une certaine science pour lire les humeurs de ses camarades humains sur leur visage, ou ne doit-on pas le dire aux termes de la focalisation interne et du "ha ha ! Tu ne peux pas être certain qu'il est furieux vu que tu n'es pas télépathe !" ?

Question subsidiaire numéro deux, dois-je brûler les gens qui alternent les focalisations internes à la première personne d'un chapitre sur l'autre ? Non parce que je les aime bien, en fait. :D

Bonne journée.

Écrit par : @now@n | 03/05/2012

Cette petite leçon sur les points de vue est très instructive.
Dans mon roman, j'utilise le 3ème procédé (sans jamais avoir décidé de cette manière) étant donné que j'y fait parler aussi bien des humains que des chats, des cailloux, le vent, et même le temps qui passe !

Écrit par : Daviken | 25/09/2012

Bienvenue sur le blog de tonton, Daviken !
Je n'ai jamais tenté le narrateur omniscient, mais ça me plairait bien à moi aussi, de faire parler les cailloux. Il faudra que j'essaye, un jour. :)

Écrit par : Beorn | 09/10/2012

Je suis une auteure qui a tendance à être narrateur interne. Je me suis reconnue dans l'exemple de Max et du capitaine ! Le genre d'erreur qui se retrouve régulièrement chez moi... Mais grâce à des conseils de bêta-lecteurs, j'essaie de me corriger en gardant le PdV d'un seul personnage dans une scène donnée. J'alterne avec plusieurs personnages, suivant où je veux que le lecteur soit. J'ai encore pas mal de choses à apprendre sur cette technique, mais elle me plait beaucoup.

Écrit par : JaneS | 05/03/2014

Vive les bêta-lecteurs ! :)
Bon courage, JaneS !

Écrit par : Beorn | 06/03/2014

Moi je cherche, comment changer le point de vue, d'un texte qui se nomme moderato contabile de Marguerite Duras c'est un dialogue, et je n'y arrive pas :/

Écrit par : louisa | 02/04/2014

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