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29/09/2011

Un outil pour dynamiser l'intrigue : l'ironie dramatique

Sous ce nom un peu bizarre se cache une idée toute simple : pour dynamiser une histoire, dissimulez des choses à vos personnages. L’ironie dramatique consiste à donner au lecteur des informations qu’un ou plusieurs personnages ignorent et à regarder ces malheureux tâtonner plus ou moins près de la vérité.

Il recouvre des situations variées.

 

Exemple N°1 : un ou plusieurs personnages ignorent un fait que le lecteur, lui, connaît.

Tartempion frappe au 5 rue de la gare, il ignore que le professeur BoumBoum vient de piéger la maison à la dynamite et qu'elle est sur le point d’exploser. Personne ne vient lui ouvrir : Tartempion hésite, va-t-il essayer la porte de derrière ? Va-t-il rentrer chez lui ?

Si on ne sait rien de la bombe, on voit juste Tartempion hésiter sur le pas d’une porte close, ça n’a rien de passionnant... Et s'il finit vraiment par exploser, vous aurez l'impression d'avoir assisté à la scène en spectateur, sans ressentir beaucoup d'émotion pour le personnage.

 

Exemple N°2 : un personnage ignore un fait que le lecteur connaît, ET qu’un autre personnage connaît

Depuis dix ans, M Tartempion est secrètement amoureux de Mme BoumBoum, ce que le lecteur sait pertinemment. Or un jour, Mme BoumBoum sonne à sa porte, en larmes, et lui explique que son mari la trompe.

Tartempion rougit, pâlit, bafouille. Il souffre pour elle, mais ose croire à sa chance.

Si on ne sait rien de l’amour de M. Tartempion, la scène perd pas mal de sa tension, non ?

 

On pourrait décliner les exemples à l’infini sur ces deux modèles, l’idée étant toujours la même : le lecteur regarde un ou plusieurs personnages errer dans l'ignorance.

 

A quoi cela sert-il ? Eh bien, en principe, cela sert à créer un suspense, une attente, un espoir ou une crainte... Bref, cela donne de l’émotion au récit. Parfois aussi un certain plaisir intellectuel.

Comment l’exploiter ? L’ironie dramatique ne peut se conclure que de deux manières : soit le personnage n’apprend jamais rien du fait qui lui est caché, soit il l’apprend.

Les petits manuels de l'écrivain nous enseignent que la plupart du temps, il est préférable qu’il l’apprenne. La scène de cette découverte nous permettra de nous sentir proches de lui et de créer une forte émotion, c’est un scène de « paiement » de l’ironie dramatique.

Notez que de mon côté, je pense qu'il n’existe aucune règle en la matière, l’auteur fait ce qu’il veut. Mais se passer d’une scène de paiement, c’est se priver d'un moment fort : il faut donc avoir une bonne raison à cela.

Vous connaissiez déjà cette technique ? Fort bien. Maintenant, vous en connaîtrez aussi le nom…

 

Comment exploiter au mieux l’ironie dramatique ? Faut-il la préparer, la calculer, la provoquer intentionnellement ? Faut-il se laisser au contraire porter par son intrigue ? Je n’en sais rien, les p’tits loups, débrouillez-vous.

De mon côté, je n’ai jamais écrit intentionnellement une scène de ce genre, mais je m’aperçois que mes romans en sont quand même truffées, donc je pourrais dire que… hum hum, cet article ne sert strictement à rien ? Et pourtant non, car cette petite astuce m’a permis récemment de me rendre compte d’une erreur flagrante que j’avais commise. J’avais refusé à mon lecteur une scène de « paiement », c’est à dire qu’on ne voyait pas le personnage apprendre le "fait caché".

Je peux vous dire que ça gâchait une bonne partie du sel.

Savoir ce qui cloche, c’est déjà important, non ?