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06/07/2011

Les secrets d'une bonne histoire, l'émotion, la dramaturgie

Aujourd'hui, je vais vous donner tous les secrets pour écrire un best-seller que s'arracheront d'abord les éditeurs, puis des millions de lecteurs aux yeux affamés. Haha, c'était une blague. Hum. Mais je vais quand même essayer de vous donner quelques pistes.

Comme vous le savez ou ne le savez pas, il existe aux Etats-Unis des universités où l'on apprend le métier d'auteur et de scénariste. Vous me direz qu'il n'y a nul besoin d'école pour cela, la preuve : il y a eu des écrivains bien avant qu'elles n'existent. Je ne prétends pas qu'il faille suivre des cours pour devenir un écrivain, ni même qu'il existe des règles géniales à suivre pour écrire un bon roman. Mais je crois qu'il est bon de connaître, au moins dans les grandes lignes, les règles de la dramaturgie que ces gens y apprennent.

Ces règles existent-elles ? Sont-elles nécessaires à la littérature ? Vont-elles formater la production littéraire ? Je n'en sais rien. Ce que je sais, en revanche, c'est que les Américains ont de bons auteurs. En ce qui concerne la fantasy que je connais bien, ils ont même d'excellents auteurs. D'une part, ils vendent plus que les Français, et vous aurez beau me donner deux ou trois exceptions, vous aurez beaucoup du mal à me contredire sur le fond. Ensuite, même si certains écrivent des nullités (mais les Français ne sont pas épargnés par le phénomène) il y a aussi de grands maîtres, extrêmement novateurs sur le fond et brillants sur le style. Bref, le formatage, je n'y crois pas. Je pense que les bons auteurs savent construire des univers personnels quelles que soit les règles qu'on leur a apprises - mais que ces règles ont pu les aider.

Mais alors, ces fameuses règles, quelles sont elles ? je vous invite à lire "La Dramaturgie", de Yves Lavandier, l'ouvrage le plus complet en français sur le sujet à ma connaissance. Mais si vous êtes anglophone, il existe de dizaines de titres de ce genre non traduits. Je n'ai pas le temps ni la place de vous faire un cours, et d'ailleurs, je n'en ai pas la compétence. Je peux juste vous donner quelques éléments très simples :

1) Vous devez choisir un protagoniste (qui peut être un groupe de personnages) ayant une motivation et un BUT, et rencontrant des OBSTACLES.

ex : Dupont, apprenti chevalier. But : tuer un dragon. Motivation : devenir un chevalier. 

2) Ce BUT doit arriver assez tôt dans l'histoire, soit immédiatement, soit après quelques dizaines de pages.

ex : Dupont commence par trousser la gueuse au château quand au détour d'un couloir, son maître le tire par l'oreille et lui dit : "si tu ne tues pas ton dragon d'ici ce soir, tu n'auras pas ton diplôme de chevalier."

3) Ces OBSTACLES ne doivent pas apparaître comme des interventions extérieures de l'auteur, mais comme un enchaînement logique (ils doivent avoir des liens les uns avec les autres, comme une toile de fils entremêlés), ils doivent le plus possible trouver un écho dans la personnalité du protagoniste et donc être le plus possible INTERNES.

ex : Dupont est un trouillard, il ne sait pas se servir d'une épée, il est allergique au poil de dragon et en plus, son propre père est un dragon. Chaque obstacle rencontré va révéler ses faiblesses et il va devoir les surmonter.

4) Le CONFLIT généré par ce BUT et ces OBSTACLES doit aboutir à un POINT D'ORGUE à la fin de l'histoire. Ce point d'orgue doit dépasser en intensité toutes les autres scènes de l'histoire et répondre à la question : "le protagoniste atteint-il sont but ou y renonce-t-il" ?

ex : Dupont a séduit la princesse Xena pour qu'elle zigouille le dragon à sa place. Après moult péripéties incluant une scène de scène de jalousie, un château en flamme et beaucoup de coups d'épée, Dupont finit par obtenir son diplôme de chevalier / ou Dupont renonce à son diplôme et se marie avec la riche Xena.

5) Une courte fin nous montre (ou non) la résolution du conflit. Une ligne ou quelques pages suffisent. Cette partie n'est pas toujours nécessaire.

6) chaque sous-partie du roman doit correspondre au même schéma en miniature.

 

Bien sûr, je simplifie à l'extrême et chaque point serait sujet à un bon millier de discussions. Il est évident que cela ne fonctionne pas comme une mécanique et ne donne aucun truc pour réussir de façon infaillible. Il n'y a pas de mode d'emploi pour écrire un roman, aucune règle n'est valable en toute circonstance, il y a toujours des exceptions. Et si vous êtes déjà familier de ce blog, vous savez qu'à mes yeux, rien ne remplace le travail acharné, notamment sur le style. Cependant, cela peut quand même aider à y voir plus clair si vous bloquez sur votre synopsis sans savoir pourquoi ou si une partie vous semble faible et que vous n'arrivez pas à en trouver la raison...

Avez-vous déjà passé le POINT d'ORGUE ? Le BUT a-t-il déjà été atteint ? Dans ce cas, toutes les péripéties ultérieures paraissent fades. A vous de trouver une solution.

Avez-vous vraiment donné un BUT à votre personnage ? A-t-il des faiblesses à surmonter ? Si ce n'est pas le cas, alors peut-être votre personnage aura-t-il du mal à accrocher l'attention du lecteur.

Vous êtes-vous trompé de protagoniste ? Avez-vous donné à un personnage secondaire un BUT et des OBSTACLES plus riches et plus forts qu'à votre personnage principal ? Alors il y a des chances pour que le lecteur s'intéresse plus à ce personnage secondaire. Faites-en votre protagoniste, pourquoi pas ? Ou si vous tenez à mettre l'autre sur le devant de la scène, débrouillez-vous pour que ses problèmes soient plus forts et plus émouvants.