07/11/2010
Les dédicaces : désastres et petits bonheurs
Puisque me voilà maintenant un auteur hautement expérimenté qui compte (oulah) pas moins de cinq séances de dédicaces dans sa longue carrière, je vais pouvoir vous parler de ces petits moments très fantasmés, excitants peut-être, mais surtout horriblement angoissants. Et je vais vous en parler de la plus désastreuse à la plus réjouissante.
Mais d’abord, comment prépare-t-on une dédicace ? Que doit-on écrire d’intelligent à tous ces inconnus ? Et si on faisait une énoooorme faute d’orthographe ? Pire, une faute dans le prénom ???
Eh bien, vous pouvez toujours chercher sur Internet : personne ne donne le moindre truc sur la question. Et il y a une raison à cela : il n’y a pas de truc. L’inspiration, vous la trouvez en discutant avec le client, ce n’est pas très compliqué. Ce qui est compliqué, c’est de trouver le client, mais ça, c’est encore une autre histoire…
Certes, ma maison d’édition est connue du milieu de la SFFF et plutôt bien diffusée, mais voyons les choses en face : 1) je suis totalement inconnu 2) j'écris de la fantasy. Déjà, je commence mal... J’en avais parfaitement conscience, cependant, je ne m’attendais pas à ce premier désastre absolu que fut ma toute première séance. Je vous laisse juge.
L'action prend place sous un ciel gris et pluvieux dans une lointaine banlieue parisienne, à 450 km de chez moi et à trois quarts d’heure de Paris au bout d'une ligne de RER, dans un énorme Cultura lui-même situé au sein d’une immense zone commerciale. Je ne révélerai pas son nom, histoire que la police ne vienne pas m’accuser le jour où un autre auteur furieux aura fait sauter une bombe là-bas.
Une séance de dédicaces dans ce charmant contexte ?
La date était fixée depuis un mois. L’heure aussi : 14h/18h, ma toute première rencontre avec les lecteurs, ma toute première occasion de convaincre les vrais gens de lire La Pucelle ! Je suis remonté comme un ressort depuis 6 heures du matin, heure à laquelle je me suis réveillé avec le regard brillant et la lèvre frémissante. J’ai mis mon plus beau, euh, pull, et mon plus chouette pantalon. Et même ma plus belle paire de chaussures (bon d’accord, je n’en ai qu’une seule, mais c’est la plus belle). Je me suis rasé, coiffé, j’ai compté et recompté mes marque-page, j’ai imaginé un petit millier d’entrée en matière (de quoi ça parle ? Eh bien, cela parle d’une jeune fille, blabla… S’il y a de l’action ? Bien sûr, des rebondissements à tire-larigot blabla… Du sexe ? Euh, ça dépend, vous en voulez ou non ? Oui ? Alors bien sûr, il y en a, c’est hum, soft mais il y en a. Du sexe ? Pour votre gamine de douze ans ? Grands Dieux non !)
Bref.
...
Ils avaient oublié de commander les bouquins.
La directrice a eu la bonté de s’excuser platement et de me ramener en voiture à la gare RER.
[la suite au prochain épisode...]
09:06 Publié dans Beorn dans le monde magique de l'édition | Lien permanent | Commentaires (9)