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28/08/2009

Testé pour vous : faut-il relancer les éditeurs ?

(je prie les habitués de Cocyclics de me pardonner, cet épisode a déjà été relaté sur le forum)

 

Alors voilà.

Quand on a écrit un roman, qu'on l'a relu, re-relu, re-re-relu, qu'on l'a fait corriger par d'autres, qu'on l'a relu, peaufiné, dégraissé, subtilifié, relu, et encore relu... Il y a un moment où fatalement, ça vous prend : vous avez envie de l'envoyer aux éditeurs.

C'est idiot, je sais, mais je n'ai jamais prétendu que j'étais malin.

J'ai donc envoyé mon manuscrit le 15 octobre dernier à 21 éditeurs. Je vais vous exposer ici le résultat de cette entreprise : les trois premiers mois, j'ai eu 12 réponses négatives et les sept mois suivants, rien. Pour les 9 autres, aucune nouvelle.

Au bout de dix mois, j'ai fait ce que je n'aurais jamais pensé faire un jour : je suis venu grossir les rangs de ces abominables auteurs qui appellent les maisons d'éditions pour savoir où en est leur manuscrit. Je suis donc passé à l'attaque, téléphone en main et cœur battant.

   1) premier éditeur (un gros)

Une dame charmante m'a dit qu'elle allait se renseigner et me rappeler. J'ai dit poliment merci et j'ai pensé « cause toujours, tu ne rappelleras jamais. »

   2) deuxième éditeur (un gros)

Au bout du fil : un commissariat de quartier de la région parisienne. Malin l'éditeur.

   3) troisième éditeur (un gros)

On m'a dit : Lui : « Tiens en effet, dix mois, c'est anormal »

Moi : « Ben euh oui » (certes, je n'ai pas fait preuve d'une grande éloquence, mais mettez vous à ma place aussi...)

Lui : « Ah mais en effet, je vois votre titre à l'écran ; il est bien arrivé en octobre et il y a un point d'interrogation. »

Moi (plein d'espoir) : « Hum hum, ah bon, vraiment ? Et qu'est-ce que ça veut dire, exactement ? »

Lui : « Qu'il n'a pas encore été lu, que c'est une erreur, on a dépassé nos délais. »

Moi : « Oh. Je vois. » (une vague de déception m'a submergé)

Lui : » Je vais le passer en lecture en priorité. »

Moi : « Merci beaucoup monsieur, au revoir monsieur »

   4) Quatrième éditeur (un gros)

Lui : « Oui, il est bien arrivé en effet. »

Moi : « Ah. Et alors ? »

Lui : « Il n'a pas encore été lu. »

   5) Cinquième éditeur (un petit)

« Le numéro que vous demandez n'est pas attribué, veuillez consulter le service des renseignements... »

Celui là avait une bonne raison de ne pas répondre : il avait coulé entretemps. Et un éditeur crevé, un.

   6) Sixième éditeur (un petit)

« Vous êtes bien sur le répondeur de... Veuillez laisser un message et nous vous contacterons dès que possible »

Finalement, j'envoie un mail, on me répond dans la journée : le manuscrit n'a pas encore été lu.

   7) Septième éditeur (un gros)

Celui-là n'indique aucun numéro de téléphone sur son site.

Je laisse un e-mail, à ce jour sans réponse.

   8) Huitième éditeur (un gros)

Elle : « Je suis désolée, nous n'avons plus personne au service manuscrit depuis 6 mois. »

Moi (je lui donne le titre)

Elle : « Nous n'enregistrons plus les manuscrits à leur arrivée, ils sont stockés en attendant... »

Moi : « Ah bon » (je n'en mène toujours pas large)

Elle : « Rappelez fin septembre, il y a aura peut-être de nouveau quelqu'un au service manuscrit et je pourrais vous faire une réponse moins triste. »

   9) Le 9ème(un petit) : comme le 7ème

 

Le lendemain, la dame du premier me rappelle ! Ô miracle !

«  je suis désolée, je n'ai retrouvé aucune trace de votre manuscrit, j'ai cherché partout, il a dû se perdre, ça arrive souvent. »

Elle s'est excusée platement.

 

Les quelques conclusions que j'en tire, dans l'ordre d'importance :

1) Les gens que j'ai eu au téléphone étaient tous absolument charmants et je ne regrette pas une seconde ma démarche.

2) 2 éditeurs sur 21 ont disparu en 10 mois. Gloups. (le deuxième était dans les 12)

3) Euh... J'en suis sorti un peu déprimé.

Question, juste comme ça en passant, qui me vient à l'issue de cette expérience : les 12 qui ont répondu avant trois mois, ils l'ont vraiment regardé, ce manuscrit ? Notez que je ne dis pas "lu", je ne suis pas naïf, juste regardé ?

 

Je ne sais pas vous, mais moi, je me dis que la recherche de nouveaux talents n'est pas tout à fait la grande priorité des éditeurs... Je sais, on va me dire, « ils en reçoivent des milliers », oui, les malheureux, je le sais bien... Mais... et si je vous disais que je trouve quand même le résultat assez attristant ?

Peut-être que les éditeurs devraient laisser ce boulot-là à des agents littéraires.

Commentaires

Le 8ème est quand même effarant !

Écrit par : Jo Ann v. | 29/08/2009

"Je ne sais pas vous, mais moi, je me dis que la recherche de nouveaux talents n'est pas tout à fait la grande priorité des éditeurs..."

Non, c'est vrai, tu as raison. Ce n'est pas la priorité.

Etre éditeur, c'est faire tourner sa boîte, donc avec du solide : 90 % d'acquis (contrat signé avec des auteurs pros ou sujets vendeurs soigneusement choisis = des commandes ! :-) ) et une petite part de 10 % de nouveaux auteurs.

Pour environ 3/4 ou 4/5 de recommandations (autres auteurs maisons, autres sources, etc.) et une portion congrue (pas modulo 2 Pi, celle-là... à moins que) pour des nouveautés postales.

Une partie lourde à gérer : réceptionner ces montagnes de pages, 1 kg par volume ? + les stocker + les photocopier pour le comité de lecture + les envoyer aux membres dudit comité + organiser les retours et débats contradictoires (au besoin) + rédiger des lettres aux auteurs + leur envoyer chaque courrier.

Tout ça, pour en sélectionner combien par an : 1, 2, 3 pour cents ?

Les agents littéraires, dis-tu.
Bien sûr, mais tu comprends que ces agents seraient rémunérés sur la part de l'éditeur (ou de l'auteur) :-)))
Et puis, il vaut mieux des auteurs peu informés sur leurs droits et sur leurs contrats... c'est bien plus facile à "gérer" !




Ceci dit, je te tire un double-chapeau

D'abord pour avoir fini ton roman. ;-)
Deuxio pour t'être lancé dans l'aventure éditoriale avec 21 éditeurs ciblés.

Et un troisième ?
Pour oser renvoyer ton texte chez l'éditeur du 1 ?


En tout cas, je trouve l'expérience riche.
Tu as osé, et maintenant tu pourras toujours dire : oui, je vous téléphone pour savoir si le nouveau préposé aux manuscrits est arrivé :-)), si vous n'avez pas égaré mon manuscrit comme chez (un Gros).


Tiens, si tu as aussi ta démarche de recherche des éditeurs, et pourquoi tu les as sélectionnés... Ça m'intéresse. :-))

Avais-tu aussi les noms des directeurs de collection ?

Bien Amicalement
L'Amibe_R Nard

Écrit par : Amibe_R Nard | 29/08/2009

Jo Ann V : bienvenue ! Viens t'asseoir, il reste une place au coin du feu.
Eh oui, plus de service manuscrit depuis 6 mois... j'ai l'impression que ça résume un peu le tout, n'est-ce pas ?


l'Amibe : certes, le boulot des éditeurs est de faire tourner une boutique et je suis assez bien informé de leurs difficultés en la matière. Mais bon, on pourra regretter que cette noble tâche soit faite de cette manière.

Comment je les ai ciblés ?
J'ai écrit un roman pour adolescents et j'ai cherché sur Internet tous les éditeurs qui 1) faisait du roman ado 2) semblait avoir une ligne pas complètement opposée à celle du roman.
Petits, gros, inconnus ou non, je les ai tous faits : comme ça, pas de regret.

Je me suis peut-être trompé de cible cependant, certains me disent que ce n'est pas un roman jeunesse.

Pour les directeurs de collections, comme je ne connais presque personne dans le milieu, là aussi je me suis renseigné sur Internet : à chaque fois que le nom était rendu public, je l'ai mentionné dans le courrier.

Et merci pour le double chapeau ! ^^

Écrit par : Beorn | 29/08/2009

Je tire aussi mes chapeaux. ^^

J'ai une petite question à propos de ton roman : quelle est la différence entre un roman "jeunesse et/ou ado" et un roman qui ne l'est pas ?

Écrit par : Feldo | 29/08/2009

Mon Dieu, si je le savais, ça m'arrangerait bien ! :o)

Non, sérieusement, il y a de nombreux débats sur les forums à ce sujet. Pour résumer et ne prendre que quelques points, mettons que les romans jeunesse :

1) s'interdisent des scènes trop explicites de sexe ou de cruauté gratuite ;
2) ciblent des thèmes en rapport avec l'enfance ou l'adolescence (origine filiale, initiation, destin ou non, regard des autres... ce genre de choses : il y en a plein) ;
3) comprennent au moins un personnage important correspondant à peu près à l'âge recherché ou un peu au-dessus (l'aspect "identification" de la lecture est censé être plus fort en jeunesse) ;
4) les intrigues et développements sont censés rester toujours relativement simples à comprendre
5) le style est censé rester plus accessible
...
Cette liste est loin d'être exhaustive et elle est très contestable.

Je pourraistcontinuer, mais la meilleure réponse est que personne n'en sait rien exactement, que tout le monde a sa petite idée, cependant, et que le mieux à faire, c'est encore d'en lire... :o)

Écrit par : Beorn | 29/08/2009

D'abord, il faut savoir à quel public "adulescent" on se destine. (adolescent, c'est un terme dépassé de nos jours)

Adulescent = de 14 à 24 ans (et peut-être plus loin encore)

Harry Potter est lu par bien plus âgé.


Maintenant, je peux revenir sur ta liste :-)

1) s'interdisent des scènes trop explicites de sexe ou de cruauté gratuite ;

En dessous de 14 ans, peut-être, au-delà, le sexe fait partie de la vie adulescente.
La cruauté aussi, certains sujets peuvent s'y prêter.

Dans tous les cas, il faut que ce soit justifié par le récit.
Alors qu'en littérature adulte, le cul et la cruauté gratuite sont (trop souvent) la source du récit.
Une source facile. Trop facile.

2) ciblent des thèmes en rapport avec l'enfance ou l'adolescence (origine filiale, initiation, destin ou non, regard des autres... ce genre de choses : il y en a plein) ;

Moui... ou comment rabâcher des territoires ultra-connus.
Là où de biens meilleurs auteurs sont indétronables, des classiques

Pourquoi ne pas "préparer" l'adolescent à sa future vie d'adulte ?

L'adolescent ne recherche-t-il pas des modèles à imiter, auxquels s'identifier ?

3) comprennent au moins un personnage important correspondant à peu près à l'âge recherché ou un peu au-dessus (l'aspect "identification" de la lecture est censé être plus fort en jeunesse)

Vraiment ? :-)
C'est un aspect primordial d'un texte : la place laissé au lecteur. Sa possibilité de vivre le texte de l'intérieur.

4) les intrigues et développements sont censés rester toujours relativement simples à comprendre

Le premier pas pour produire une merde (il n'y a pas d'autre mot)

5) le style est censé rester plus accessible

Idem.

Idem encore pour le vocabulaire (qui va de pair avec l'accessible).


Moi, quand je vois des lecteurs "adolescents" taper dans la littérature adulte ! je me dis qu'elle est loin la recherche de simplicité, de la facilité à comprendre.

Un lecteur cherche du solide, du vibrant, même de l'obscur. Qui a dit qu'il fallait tout comprendre dans un texte ? Que le monde était un miroir transparent ?

Dans un texte kleenex, bien sûr ça marche... d'un texte jetable, on n'attend rien d'autre qu'une couche de lénifiant.

Mais je préfère parler de littérature, pas de commercial. D'un texte que je suis fier d'avoir lu, et non pas d'un attrape-nigaud supplémentaire.

Arrêtons le simplissime... c'est prendre le lecteur pour un débile. Et il suffit de voir les textes de dictées des années 1950 et ceux de nos jours pour comprendre que l'on cherche volontairement à dégoûter les enfants avec du simplissime !

Il faudrait, en plus, le retrouver dans les romans, ce simplissime débile ?

Re-Merde alors ! :-)

Mais où les futurs auteurs (dont la passion commence souvent jeune) vont-ils trouver la matière, le vocabulaire, le savoir faire à leur écriture ?
Où les autres vont-ils triper sur un bouquin au point de ne pas le lâcher de la nuit ?

Tant pis s'ils ne comprennent pas un mot, deux mots, trois mots... celui qui sait écrire en donne toujours le sens implicite, et surtout il tient son lecteur en estime. Assez pour le croire capable d'ouvrir un dictionnaire, au besoin. Assez pour le croire capable d'apprendre quelque chose via son récit, comme lui, l'auteur a appris quelque chose en l'écrivant.

Un bon récit ne nourrit pas que l'imaginaire, il nourrit aussi le poumon littéraire, donne envie de lire plus. De relire plus !

Arrêtons le papier mâché en littérature jeunesse.

Vu que les ados sont encore plus sélectifs que les adultes, penser simplissime, simplifié, c'est avoir tout faux. Là, il vaut mieux écrire pour les adultes, ils sont moins regardant, moins apprenant !


A ceux qui veulent écrire pour la jeunesse, sachez-le, ce travail est deux fois plus exigeant qu'un livre pour adulte !

Parce qu'il faut y être deux fois bons, si ce n'est plus !

Bien Amicalement
L'Amibe_R Nard

Écrit par : Amibe_R Nard | 31/08/2009

D'abord "adulescent", je n'aime pas ce mot. Moi, je n'ai jamais rencontré un adulescent.

Ensuite la question portait sur le roman jeunesse en général, et pas sur le roman ado en particulier.
Il est évident que la plupart des romans ado peuvent s'affranchir de certains, et de façon préférable, de la totalité de ses points (mais beaucoup, beaucoup d'entre eux sont quand même en plein dedans). Les romans pour enfants, non, presque pas.

Le club des 5 n'a pas grand chose à voir avec Proust, ni pour le style, ni pour l'intrigue, ni pour les personnages...

Ensuite encore, je n'ai jamais dit que j'approuvais ces points, je les constate, c'est tout. Je les regrette même.

Enfin, je n'ai JAMAIS dit non plus que c'était facile.

Et pour terminer, mon roman à moi ne rentre dans pratiquement aucun de ces 5 points...

Écrit par : Beorn | 31/08/2009

Ouais, adulescent c'est pas terrible... mais qu'en sera-t-il de papulescent d'ici une génération ?

Moins bien que "de 7 à 77 ans", mais plus néo-tendance ;o))))

Pour le reste, tu as raison... bien trop de romans sont inscrits en plein dedans. En plein climat recourbé sur eux-mêmes.


Ah non, si tu dégaines le club des 5, moi je te sors les Chair de Poule. ;-)
Si tu me balances Alice, je sors les Winx, Foot2Rue, et combien d'autres séries jeunesses.
(Même si, avec regrets, je n'ai pas encore trouvé de descendants à Bob Morane, lecture ado ?)

Personnages récurrents, histoires en quasi copier-coller... avec bible de personnages à l'appui, quand ce n'est pas un schéma directeur/directif obligé.

Proust ?
Mauvais choix. Tout le monde en parle, personne ne le lit. :-)
En plus, c'est de la littérature adulte (et pas passionnante pour un sous. Moui, je l'ai lu :-( ).
Mieux vaut Flaubert, Stendhal ou Hugo.

Parle-moi de Jules Verne, à la rigueur.
Lui, il a su m'intéresser avec ses pavés, au point d'être apte de dévorer le Seigneur des Anneaux (Tolkien) en une semaine, lecture non stop !


Adulte, ado ?
Plutôt lecteur.

Un lecteur qui sait faire la différence entre le commercial et le vrai roman, le bon roman.
Pour peu qu'il ait un peu lu...


"Et pour terminer, mon roman à moi ne rentre dans pratiquement aucun de ces 5 points..."

Voilà qui est un bon point pour que je le lise :-)))

Bien Amicalement
L'Amibe_R Nard (qui en a, à fond, après la simplification en jeunesse, mais pas contre toi, hein ! :-))) Je ne confonds pas. Je m'insurge contre ces faux préjugés. Il faut toujours écrire comme on le souhaite, et jamais simple. Ou simple à la surface, complexe et riche à l'intérieur. Double, à triple difficulté)

Écrit par : Amibe_R Nard | 01/09/2009

Je n'en ai pas après toi non plus. :o)

Mais prends Roald Dahl, "Charlie et la chocolaterie", "James et la grosse pêche", "Histoires de sorcières", "Le bon gros géant"... : c'est simplement dit, c'est limpide, ça met en scène des enfants, il n'y a pas de cruauté explicite (pas explicite ne veut pas dire absente non plus... ces histoires font peur) et pourtant c'est plein d'invention et d'intelligence.

Ce sont des romans pour enfants et non pas pour ados, bien sûr.

Écrit par : Beorn | 02/09/2009

Pour "simplement dit, limpide", je serais d'accord.

Ce n'est pas la même chose que "une intrigue... simple à comprendre".

On peut écrire limpide (voire même simplement) des intrigues très complexes. Cela nécessite quand même de savoir très bien écrire... car, c'est comme l'ouvreur d'huître lors des expositions, ça paraît très simple, très facile ! Sauf que l'animal a le tour de main adéquat et qu'il pratique l'exercice depuis plusieurs années, le bougre. :-))

Bien Amicalement
l'Amibe_R Nard

Écrit par : Amibe_R Nard | 02/09/2009

Je connais un adulescent: mon père ! ;-)

Écrit par : Jo Ann v. | 04/09/2009

(moi, je n'entre pas dans le débat sur littérature jeunesse ou non, car je suis en plein dedans...).

Par contre, pour ceux qui t'ont répondu "vite", je peux déjà te le dire : oui, ils se sont penchés sur ton manuscrit. Sur les trois premières pages maximum.
Ça fait mal, mais c'est la première marche qui determine tout de suite si ça correspond à ce qu'ils cherchent ou pas (j'ai accepté cette notion lors de mes premiers "non" aux votes de manuscrits soumis à CoCy - ancienne version - car du départ tu SAIS, en fait).

Écrit par : NB | 07/09/2009

Oulah, mais je ne voudrais pas passer pour l’auteur aigri qui se plaint parce qu’on n’a pas pris son roman ! Euh, en fait, il y a un peu de ça. :o) Mais non, je sais que la machine fonctionne parfois et que des éditeurs prennent des premiers romans, j’en connais.

Mais d’après ma petite enquête, je peux légitimement me poser des questions pour les autres.
Comment lisent-ils ? Est-ce qu’ils n’en jettent pas ? Qui lit ? Est-ce que ça les intéresse beaucoup ? Comment ils sélectionnent ?
En général, le premier tri est effectué par des petites mains. L’aspect « vague sans fin » de l’arrivée des manuscrits doit donner la nausée et inciter à tailler dans le vif.

Or la sélection des premiers romans, à long terme, c’est primordial pour les éditeurs, mais aussi pour les auteurs, pour les lecteurs et la littérature en général. Et je suis convaincu que cette étape est régulièrement loupée par ce système complètement engorgé qui marche sur la tête.

Je ne peux pas en vouloir aux maisons qui ne font pas beaucoup d'effort : c’est devenu ingérable. Mais je me réserve le droit de trouver cette situation malsaine, dommageable. Et accessoirement, de suggérer qu’on en change ou qu’on l’améliore…
Cocyclics est une de ces améliorations possibles : les auteurs se sélectionnent entre eux, se relisent et apposent un « label ». Ils font ce fameux « premier tri » qui paralyse les éditeurs. Les « agents » sont une autre voie possible. En tout cas, il me semble utile de rappeler la gabegie actuelle, ne serait-ce que pour se retrousser les manches et chercher de vraies solutions.

Écrit par : Beorn | 07/09/2009

En tout cas, bravo pour ta démarche, tu as du courage, et il en faut ! C'est vrai que depuis longtemps j'entends des avis contradictoires sur les éditeurs et leur façons de faire. Plusieurs auteurs m'ont dit qu'il ne fallait pas voir tout en noir, car les éditeurs sont là à la base pour dénicher de nouveaux talents (du moins c'est ce qu'ils sont censés faire). mais effectivement l'engorgement doit être la plus grosse défaillance de ce système. D'ailleurs, on peut lire sur de nombreux sites d'éditeurs "nous n'acceptons plus de manuscrits". C'est un peu frustrant quand on a pas encore sa place dans ce monde, on a l'impression qu'on nous ferme les portes avant même qu'on ait pu se présenter.
Comment faire ? Dire aux gens d'arrêter d'écrire et d'envoyer à tout va ?
Car pour avoir lu plusieurs avertissements d'auteurs, de petites éditions ou d'articles sur l'écriture, beaucoup de gens dans la profession râlent : apparemment il y a trop d'auteurs trop peu sérieux qui ne croient pas que l'écriture soit un travail professionnel, et qu'il ne suffit pas d'avoir un truc à raconter - d'autant plus que souvent les jeunes auteurs sont un peu naïfs et s'imaginent être originaux - pour décrocher la lune.
Peut-être est-ce également du à un manque de communication entre le monde de l'éditions et ceux qu'ils publieront un jour. Peut-être faut-il freiner de jeunes ardeurs et inciter les auteurs à prendre leur temps, à travailler leur écriture, à s'inscrire dans des ateliers, bref, à apprendre.
Mais ce ne sont que des suppositions... Et d'ailleurs je suis moi-même jeune auteure. Je n'ai envoyé que des nouvelles pour des appels à textes jusque là, et chaque fois murement travaillées, enfin, j'ai fait de mon mieux. Et j'ai généralement obtenu des réponses de la part de l'équipe qui avait lancé l'appel. Mais je n'ai pas encore tenté l'aventure roman, donc...
En tout cas, bon courage pour la suite ! :)

Écrit par : Maloriel | 08/09/2009

Merci Maloriel pour tes encouragements, ça me fait chaud au coeur !
Tu as bien raison de commencer par des nouvelles et des appels à textes, c'est la bonne démarche à mon avis. Si tu es suffisamment motivée (et que tu as le temps), tu peux aussi devenir lectrice dans un comité de lecture : beaucoup de micro-maisons sont en demande et c'est toujours très instructif.

Ah ce flot de manuscrits ! D'où vient-il ? Pourquoi grossit-il ? Qu'y trouve -t-on ?

Malheureusement -ou heureusement, tout dépend du point de vue où l'on se place- il semble que ces fameux manuscrits qui arrivent par milliers ne sont pas tous mauvais. La plupart seraient même assez bons, déprimant, non ?

Pour ceux que ça intéresse, voici les "confessions d'un auteur de manuscrits" : http://bibliobs.nouvelobs.com/blog/pierre-jourde/20090831/14141/confessions-d-un-lecteur-de-manuscrits

(attention, si votre moral est déjà vacillant, évitez soigneusement la lecture de cet article)

Écrit par : Beorn | 09/09/2009

Non, pas déprimant.
C'est explicité dans le texte de Pierre Jourde.
Etre auteur, ce n'est pas seulement savoir écrire... c'est aussi avoir de l'entrejambe et du goût pour les salons littéraires. (on ne les "voyait" pas = je n'avais pas les bons contacts)

Il faut aussi décoder ce qui est dit :
"J'ai dû envoyer une demi-douzaine de manuscrits de romans"

donc au moins six ! (+ des essais)

D'après mes lectures, Amélie Nothomb en écrit quatre par an, pour un seul publié.
(Là aussi, on ne va pas dire qu'elle écrit trois bouses. Donc ses textes sont plutôt bons, mais elle n'en publiera qu'un seul.)

Et on parle là d'auteurs confirmés. :-)


Ce qui permet de répondre à ta question :
" Ah ce flot de manuscrits ! D'où vient-il ? Pourquoi grossit-il ? Qu'y trouve-t-on ?"

D'où vient-il ?
Il vient de jeunes auteurs qui rêvent d'être star avec "un" seul livre.

Pourquoi grossit-il ?
Il grossit car notre monde est à la starisation (riche starisation). On ne veut voir que les riches, pas ceux qui galèrent à moins que le RMI. Ni comprendre qu'être auteur best-seller, c'est un peu le jackpot persistant. Il faut jouer longtemps longtemps pour décrocher le gros lot... et peut-être que jamais on ne le décrochera, peut-être juste des petits lots.

Un seul Zidane pour des millions de gosses qui jouent au foot ! :-)

Mais non, on veut être la star littéraire du moment !
Sans rien connaître à ce monde, sans bouger, sans se déplacer... sans rien d'autre qu'écrire. (sans apprendre non plus à connaître les autres écrivains, Jourde a quand même placé quelques auteurs, même si pas tous.)

Aucune excuse non plus au jeune auteur qui écrit sans se poser la question de la collection où il veut entrer. Quand il a lu au moins UN titre de ladite collection. Quand il connaît le directeur de cette collection, ses habitudes, ce qu'il aime ou déteste. Quand il connaît l'autre ! (et son futur lecteur à travers cet autre)

Oui, écrire est un travail. Oui, il faut lire. Oui, il faut être capable de parler de ses lectures, de savoir entre quel et quel auteur on veut se retrouver.

Oui, c'est mieux d'avoir un CV littéraire (des nouvelles publiées, des concours gagnés), mieux une recommandation d'un autre éditeur. (un auteur est toujours susceptible de copinage)

Non, le jeune auteur écrit... Point à la ligne.
Et il propose ensuite son oeuvre à plusieurs dizaines d'éditeurs (aux philosophies différentes), en espérant qu'avec un peu de chance on va lui trouver une petite place (à combien d'années ?) entre les auteurs maisons (auteurs pour lesquels l'investissement publicitaire est réalisé. D'où la nécessité d'avoir plusieurs livres et non pas un seul... dans l'édition, on joue sur la durée !)

Tu cherchais la gabegie... elle est là. Chez le jeune auteur qui rêve.

(T'inquiète, c'est un cheminement normal... moi même, n'est-ce pas. :-)) Mais je n'ai pas eu ton courage à 21 touches, j'en suis resté à trois.)


Qu'y trouve-t-on ?
99 % de non rentable.
Ce qui ne veut pas dire mauvais. Non rentable...


Non rentable... pour l'instant.
Car, quand on mise sur un cheval, on s'attend à ce qu'il perdure, et à ce qu'il rapporte sur le long terme. D'ailleurs, je ne serais pas surpris si les éditeurs notaient l'obstination d'un auteur.
Insiste-t-il ? (au bout de combien de temps revient-il avec un nouveau roman) Sa qualité croît-elle avec le temps ? Ses thèmes sortent-ils des sentiers archi-rebattus ?
En clair : peut-on parier dessus ?


Se pose alors la question de la bonne époque, du bon moment... de l'événement de la vie courante qui va entraîner l'impact maximal du texte.
Ceux qui ont du nez (et qui veulent être absolument publié) suivent ces tendances, reniflent l'air du temps.

On fait toujours croire au jeune auteur qu'il peut écrire tout et n'importe quoi, que tous les textes se valent. Ce n'est pas vrai.
Il faut savoir écrire en correspondance avec son époque, suivre les interrogations des gens (= des lecteurs), être en phase avec son temps.

Ni trop tôt, ni trop tard : en phase.

Là où le jeune auteur rêve, d'autres travaillent.
La littérature rémunérée, c'est un travail.

Pas que d'écriture.
Mais on préfère laisser les jeunes auteurs rêver... et se désillusionner.
Natural selection. Sélection naturelle.


Au reste, le vrai auteur n'écrit pas pour l'argent, il écrit pour ce qu'il _ doit _ dire.
Comment la déprime ou le désespoir pourraient-ils le toucher ?


Déprime, désespoir de ne pas être édité : c'est l'illusion qui se fissure.
Tant mieux, bottons le cul de cette illusion.


Maintenant que tout est prêt, je peux te le dire :
Beorn sèche ton amertume et remets-toi au boulot !!! :-)

Et ne viens pas me dire que tu écris pour le fric ou pour le rêve.

Bien Amicalement
L'Amibe_R Nard

Écrit par : Amibe_R Nard | 13/09/2009

Hum. Quand je vois que je suis déjà déprimée après avoir fait le recensement des maisons qui publient du fantastique... (je sais, comment se plomber l'humeur en deux heures ^^) j'imagine très bien ton état d'esprit après ces réponses !
J'espère que tu auras des nouvelles plus joyeuses à nous donner bientôt et que tu auras des résultats suite à cette relance!

Écrit par : Black | 17/09/2009

BERNARD : excuse-moi, je te réponds un peu tard... :)

Quand on veut écrire, on ne se pose pas la question de la collection, on écrit ce qu'on a dans le ventre. ça ne me paraît pas choquant.
Je veux bien reconnaître qu'écrire sans lire, et même sans beaucoup lire, c'est une erreur dramatique. Mais sans connaître le milieu de l'édition, ma foi, ça me paraît normal.
Quant à admettre qu'il faut de l'entregens pour être édité, eh bien, moi ça me déprime. Je préférerais que le critère N°1, ce soit de bien écrire.

Je sais bien que dans tous les secteurs économiques ou artisitiques, c'est un peu la même chose : le talent n'est pas la seule ressource, loin de là. Mais quand il est trop souvent ignoré, en général, c'est signe de mauvaise santé pour ledit secteur.

"Tu cherchais la gabegie... elle est là. Chez le jeune auteur qui rêve."
D'après l'article, ce n'est pas le cas, puisqu'il dit que la plupart des romans sont bons. Ce sont donc des gens qui écrivent, vont jusqu'au bout, proposent quelque chsoe de cohérent... Bref, pas uniquement des jeunes têtes brûlées en quête de gloire.
Non, à mon avis, c'est un phénomène de société, quelque chose à voir avec l'idée qu'on a droit à plusieurs vies... Ou avec les 35 heures, peut-être ! :o)

BLACKY : merci ! Pour l'instant, non, aucune nouvelle...
Et pour ta recherche d'éditeurs dans le fantastique, hum, qu'est-ce qu'on dit dans ces cas-là ? Bon courage ?
Ou peut-être qu'avec une baguette de sourcier... je ne sais pas... :o)

Écrit par : Beorn | 19/09/2009

"Quand on veut écrire, on ne se pose pas la question de la collection, on écrit ce qu'on a dans le ventre. ça ne me paraît pas choquant."

Moi non plus.
Cependant, quand on écrit dans le vide du désert, il ne faut pas non plus s'étonner de l'écho qui ne revient pas.

"Je veux bien reconnaître qu'écrire sans lire, et même sans beaucoup lire, c'est une erreur dramatique. "

Lire (beaucoup) n'est pas totalement indispensable.
Cibler, par contre, oui, c'est indispensable.

Peut-être que dans le premier jet, on peut écrire avec le ventre.
Mais ensuite, l'auteur doit se montrer lucide : où vais-je proposer ce texte ? Que faut-il adapter pour qu'il soit accepté à 100 %

Le cube en bois ne rentre pas dans le trou circulaire.
Le bébé l'apprend (après plusieurs essais, mais il l'apprend ;-) )

"Mais sans connaître le milieu de l'édition, ma foi, ça me paraît normal."

Eh bien non.
Ecrire n'est qu'une partie du travail d'auteur.

S'il veut en obtenir rémunération, un auteur vend son ouvrage ;-), il doit donc devenir son propre commercial, s'adapter au marché, trouver la niche non encore creusée.

A quoi bon pêcher du poisson commun dans un pays où tout le monde pêche déjà du poisson commun par ses propres moyens ?
A quoi bon produire des pommes de terre dans un monde de carnivores ?

On vend = on s'adapte au marché.
C'est également un art.

Celui de trouver sa voix, son style n'est pas différent.
Si je suis comme l'autre, en quoi suis-je plus intéressant que lui ?


"Quant à admettre qu'il faut de l'entregens pour être édité, eh bien, moi ça me déprime. Je préférerais que le critère N°1, ce soit de bien écrire.

Je sais bien que dans tous les secteurs économiques ou artisitiques, c'est un peu la même chose : le talent n'est pas la seule ressource, loin de là. Mais quand il est trop souvent ignoré, en général, c'est signe de mauvaise santé pour ledit secteur."

C'est toujours ce que pense l'artiste rejeté.
Sans vouloir piocher dans sa propre besace à erreurs. :-)

Combien de jeunes auteurs nous produisent, en ce moment, du Twilight / Harry Potter, sans comprendre que la niche est pleine à dégueuler. Peu importe la qualité de ton écriture, c'est encore des histoires de Vampires ou de Sorciers. Pour vendre, il faut apporter du neuf au domaine ciblé.

Si tu ne lis pas ce qui se produit et se vend (les titres et les 4ième de couverture peuvent suffire à se donner une idée de la concurrence), tu pars déjà dans le décor. Parce qu'un auteur est imbibé de son environnement (même sans le savoir), il se croit original là où il n'est que quelconque... lorsqu'il lui suffirait de revoir son texte pour devenir original. (ou au moins différent)


Oui, bien écrire, ce n'est pas seulement écrire bien.

Avoir son lecteur en tête, au moment de l'écriture... principe fondamental à bien des niveaux... c'est une nécessité absolue.
Tout s'y adapte : le ton, les mots, l'angle d'approche, la façon de raconter... et la vente ultérieure !

Or combien d'auteurs y pensent lorsqu'ils écrivent ? :-))

- Pour qui écris-tu ? (as-tu écrit ?)

C'est une question qui devrait être placée, gros et fort, en haut de chaque roman !
Avant de commencer la première ligne, avant de poser le premier mot.

Pour qui écris-tu ?


C'est d'autant plus vrai quand on souhaite obtenir de l'argent en contrepartie.
Là, ça va plus vite : on doit produire le texte en tant de temps, sinon ce n'est pas rentable.
C'est pourquoi, bien des professionnels émettent une idée, puis la rejette : sans débouchés, elle ne vaut rien. Sauf à leur tenir particulièrement à coeur, ils ne l'écriront pas. Le temps, c'est de l'argent. Ecrire pour de l'argent, c'est un métier... à plein temps ! :-)


Je ne peux pas demander à un jeune auteur d'écrire comme un professionnel.
En même temps, s'il tient à obtenir de l'argent pour son travail, il doit se préoccuper du marché en face. Sous peine de déprimer.

Fausse déprime, puisque ce sentiment vient d'une erreur de croyance, d'une illusion.
La règle n'est pas : j'écris bien/bon, j'obtiens de l'argent.
Mais bien : j'obtiens de l'argent parce que je bien écris dans le bon créneau.

Oui, l'auteur rémunéré est un tantinet putassier.
C'est l'aspect obscur de l'édition.
Peut-être ne faut-il pas trop le dévoiler au jeune padawan !


Ce qui rejoint ceci :
"Et ne viens pas me dire que tu écris pour le fric ou pour le rêve."

Parce que, comme pour Blackie, j'ai un peu de mal à croire que tu/vous n'écrivez que pour être publié... Pire, qu'il y ait déprime sur un premier roman refusé !

Pas de quelqu'un qui bêta-lit, pas de quelqu'un qui donne des conseils aux autres !
Là, j'ai trop de la balle à y croire.

Tu renâcles au premier obstacle ?

Mais pourquoi écris-tu ?
Pour "quoi" écris-tu ?


J'ai ma réponse, il est temps que tu découvres la tienne. :-))

Bien Amicalement
L'Amibe_R Nard

Écrit par : Amibe_R Nard | 20/09/2009

Ah lala, mais non, quand je dis que je déprime un peu, il ne faut pas prendre ça pour un arrêt maladie avec Xanax et maison de repos. Si tu préfères, je pourrais aussi dire plus prosaïquement "je trouve ça nul". ;o)

Quant à dire que je fais le syndrome de l'auteur rejeté, ça devient désagréable. Si j'étais blessé dans mon orgueil, je ne l'étalerai pas sur la place publique. J'ai voulu montrer concrètement ce que certains éditeurs faisaient des manuscrits non sollicités, il me semblait que c'était intéressant à dire à tout le monde.

Cela dit, c'est un débat intéressant, et j'ai bien rigolé en lisant ta réponse. Je ne peux évidemment pas aller dans ton sens, ou du moins pas sans montrer qu'il existe d'autres horizons que le "c'est bien normal, tout va très bien, les auteurs sont des entrepreneurs modernes." Oui, pour un peu, non, pour beaucoup.

Pourquoi j'écris ? Ma foi je n'en sais rien et je pense que l'âme humaine a ses mystères qu'il ne faut pas toujours chercher à décortiquer. Je constate que je le fais, c'est tout.

Sinon, comparer des romans et des patates, héhé, sacré Ambie. Bon, tu n'as pas tort, il y a un aspect économique dans le marché du livre, bien entendu. Cependant, tu reconnaîtras que les livres sont un peu autre chose que des patates.

Est-ce qu'on achète encore des papates vieilles de deux siècles comme on achète des Hugo et des Stendhal ?
Est-ce qu'un autre secteur économique qui tout entier pèse un dixième de Renault, paraît-il, attire autant de dizaines de milliers de vocations exaltées chaque année, comme employés ou comme auteurs ?

Non, si le livre est un produit, alors c'est un produit très bizarre, très imprévisible, qui n'obéit pas aux lois du marché des papates (je n'ai rien contre les papates, cela dit, surtout au four avec du boeurre salé).

J'aurais aussi des choses à dire sur Twilight et Harry Potter, qui, contrairement à ce que tu dis, ouvrent des marchés à des tas de romans au lieu de les fermer. Mais c'est accessoire.

Le principal, c'est que réfléchir à QUI on veut écrire AVANT de réfléchir ce que l'on veut écrire, je pense que c'est une erreur. On n'écrit bien que ce qui nous tient à coeur. Et ENSUITE on cherche une collection dans ses cordes.
Bien entendu, en général, ça se fait en même temps. On lit ce qu'on aime, on écrit quelque chose qui ressemble à ce qu'on aime etc. Les choses ne sont pas aussi tranchées...

Mais on écrit mal quand on n'écrit pas ce qui vient de soi.
Penser au lecteur, oui, bien sûr, mais ne jamais oublier ni renier ce que l'on a à dire.

Écrit par : Beorn | 20/09/2009

Ouf !
Tu m'as fait peur. :-))

Pour le reste, j'aime bien titiller la fibre profonde.
Le nerf de l'écriture.


"Sinon, comparer des romans et des patates, héhé, sacré Amibe. Bon, tu n'as pas tort, il y a un aspect économique dans le marché du livre, bien entendu. Cependant, tu reconnaîtras que les livres sont un peu autre chose que des patates."

On pourrait le croire. :-)

Ce que tu dis est vrai dans les petites structures... Mais quand tu vois "maison cotée en bourse", ça veut dire : dividendes, actionnaires, rendements, résultats !
Tu as compris beaucoup de choses sur la place réservée aux jeunes pointures.

C'est pourquoi, il ne faut pas trop s'inquiéter d'un refus dans une grosse maison.
Les places sont menues... et très recherchées.
Podium, podium ! (même si tous les concurrents courent le marathon en moins d'une heure :-) )

"Est-ce qu'on achète encore des papates vieilles de deux siècles comme on achète des Hugo et des Stendhal ?"

Non, les deux restes où elles sont. Dans l'oubli de l'histoire.
Hors lycée qui rend obligatoire ces lectures, car "nobles", on ne peut pas dire que ce soit des best-sellers de lecture.

Oui, je suis un peu vache, mais ces deux auteurs sont-ils vraiment ceux que tu vas conseiller en premier ?

Même si je reconnais leur qualité littéraire indéniable. Ce qui les différencie des patates, ou d'un bon vin... encore qu'ici, l'anti-parallèle n'est plus aussi définitif. ;-)
Les classiques, on en parle beaucoup, on les lit peu.

"Est-ce qu'un autre secteur économique qui tout entier pèse un dixième de Renault, paraît-il, attire autant de dizaines de milliers de vocations exaltées chaque année, comme employés ou comme auteurs ?"

Tu as la Star-ac... des milliers de vocations exaltées, avec des files d'attente démentielles, des gens qui couchent dans la rue.
L'endroit où l'on monte une star en moins de six mois, un an.

Une star filante.
Vite vue, vite remplacée... sauf si elle s'accroche.
Sélection impitoyable, une poignée de stars pour des milliers de refusés (belles voix pour certaines, cf. la miss anglaise, mais délit de sale gueule... et c'est vrai aussi dans la littérature ! "Passera pas dans les médias", on refuse donc son ouvrage sous un prétexte ou un autre. Parce qu'il y a une partie de Show-bizz, pour ceux en vue ! Notoriété, image de marque.)

Est-ce que ça empêche d'écrire ce que l'on aime ?
Est-ce que ça empêche de chanter ?
Non.

La passion n'a pas besoin d'argent ou de récompenses pour vivre. Elle vit.
Ce qui permet d'écrire ce que l'on souhaite.
Sans compromission.

Dès qu'on recherche honneur et gloire, il faut accepter ce qui va avec : la gabegie du marché capitaliste. Surproduction (à l'entrée) et pilon des surplus (à la sortie).
Le Pilon, c'est autre face méconnue de la littérature.

La gabegie du marché, et ses compromissions !
Sans renier ce que l'on est, s'adapter... ce qui nécessite de savoir bien écrire.
Voire de savoir mieux que bien écrire.

Un pas souvent trop difficile pour le jeune auteur (sans bêta-lecteur).
Dont le texte lui semble la chair de sa chair.
Intouchable, incorruptible.

Celui avec bêta-lecteur a compris qu'un texte est modifiable, souple comme de la pâte à pain et qu'il reste à lui. Son bien.


"Le principal, c'est que réfléchir à QUI on veut écrire AVANT de réfléchir ce que l'on veut écrire, je pense que c'est une erreur. On n'écrit bien que ce qui nous tient à coeur. Et ENSUITE on cherche une collection dans ses cordes."

On n'écrit pas de la même façon pour sa sœur, pour son oncle, pour l'amateur de SF ou de littérature générale.
L'idée générale est pliable, de diverses manières... après le premier jet, endroit précis où commence la vraie écriture. Cependant même là, notre esprit a fossilisé les fondations, et il sera difficile d'en changer par la suite. Car le problème s'échoue sur cette rive : pouvoir reprendre le texte est l'adapter (à la demande d'un public). Le couler dans un moule va devenir impossible, et le carré de bois ne rentrera pas dans le cercle.

Tu pense que c'est une erreur de procéder à l'inverse de la démarche que tu cites. :-))
Ok. Cherchons une autre façon d'écrire.

Supposons un appel à textes.
Collection ciblée, lecteur ciblé... et toi à la recherche d'une idée pour entrer dans les cordes (voire adapter un texte pour entrer dans le moule annoncé)

Dans un appel à textes, personne ne sera assez stupide pour envoyer un texte qui ne convient pas à l'esprit de la collection, ni au lectorat cible.
Et pourtant, le jeune auteur pratique à l'inverse du bon sens avec son roman.
Va comprendre l'erreur !


Quand l'auteur sait où il va, il écrit efficace.

Pour quoi écris-tu ?
Ça tient de ce principe. :-)

Une question dont la réponse n'est pas facile.
Avec une foison de possibles.

J'aime bien la poser.
Elle est profonde et dépasse les refus, les commentaires acharnés... et même les éloges et autres succédanés d'applaudissements.
Vient un temps, dans la carrière d'un auteur, où elle n'est plus esquivable. ;-)


N'attends pas les réponses ou les refus.
Tu ne devrais pas être au port, mais en mer, au milieu des embruns !
A border l'écume de tes mots.

Bien Amicalement
L'Amibe_R Nard

Écrit par : Amibe_R Nard | 21/09/2009

J'adore votre partie de "ping-pong de commentaires" ! xD

Amibe, je me permets de contribuer au débat que tu as lancé sur l'adaptation du style.
En fait, n'oublions pas que les éditeurs, les lecteurs des maisons d'édition, sont aussi des êtres HUMAINS (incroyable, non ?). Humains dans le sens où ils peuvent n'accepter que des manuscrits entrant dans les tendances du genre ou bien avoir le coup de foudre pour un premier roman (je ne prétends pas que ce genre de choses arrive tous les jours ;) ).

Tout cela pour dire que parfois, le style peut faire fléchir. Ce qui suppose un certain travaille préparatoire de l'auteur, ou bien une maitrise complète des thèmes abordés.

Il existe plusieurs facteurs qui peuvent permettre à un livre de se faire publier :

_L'effet de mode. Surfer sur le type d'histoire qui rapporte le plus en ce moment peut paraître une bonne idée (ça permet à l'éditeur).
Le risque : le marché arrive à saturation, il y aura trop de livres sur le même sujet.
Variante : pas (ou peu d'auteurs français n'ont encore essayés ce genre avant, ce qui peut faire un "plus" au niveau national.
Risque : la sauce ne prend pas (= éditeur aveuglé par l'avantage au point qu'il a sélectionné une mauvaise histoire).

_L'effet du style d'écriture . Ce qui suppose un certain travaille préparatoire de l'auteur, ou bien une maitrise complète des thèmes abordés. Si le lecteur arrive à se plonger dans l'histoire et en ressortir satisfait (voire souvent plus), alors l'auteur à ses chances et tout dépendra du marché.
Le risque : un style peut ne plait pas à tout le monde. Entre lire du Jules Verne et du J. K. Rowling, il y a quand même une différence...

_L'effet "tripes". Non, je ne fais pas du tout référence au gore ^^. Il arrive parfois est captivé par un manuscrit qui ne répond pas aux critères initiaux. Le sujet n'est pas vraiment traité dans la littérature actuelle, ou au contraire, ou bien comporte des éléments surexploités au point que le marché arrive au point de saturation.
C'est ici que ça se corse pour les auteurs qui ne rentre pas vraiment "dans le moule". A cause des risques. Un éditeur regarde dans ce cas encore plus le style et la cohérence de l'histoire, il peut décider d'élargir le panel de lecteur pour ce manuscrit potentiellement porteur. Bref, il cherche la petite bête pour voir si ça vaut le coup, comme d'habitude, amis il redouble de précautions.
Le risque : le flop pur et simple. Et les actionnaires détestent ça. L'éditeur d'une grosse maison joue donc plus gros qu'un petit.
Risque pour l'auteur : les préjugés des éditeurs. Tout le monde sait que Rowling a vu Harry Potter refusé plusieurs fois par de grosses maisons d'éditions parce que "les pensionnats étaient mal vus" (ici, je cite ce que j'ai lu) en Angleterre. Du coup, c'est une petite maison d'édition qui n'avait pas grand chose à perdre qui a édité HP. Ai-je besoin de raconter la suite ? ^^
Attention : certaines "grosses" maisons (de par leurs ventes), misent aussi par l'effet "passion" tout en gardant assez de plomb dans la tête tout en refusant de tomber dans l'effet de mode.
Jusqu'au passage en bourse ?

Un éditeur prend TOUJOURS des risques, plus ou moins calculés. Tout est donc possible. Après, il est sûr que les thèmes traités de façon un peu "décalé" peut contrer les préjugés d'un "gros" éditeur. Ensuite, à nous de lui prouver le contraire, et de s'investir peut-être plus qu'un auteur abordant des thèmes porteurs pour convaincre.

Bref, de nos jours, l'auteur peut (doit ?) devenir commercial pour multiplier ses chances d'être publié. D'où l'utilité de la lettre d'accompagnement. Et d'avoir beaucoup de doigté.

Je ne m'oppose pas spécialement à ce qui a été dit dans les commentaires précédents, je précise juste qu'avec des êtres humains, tout reste possible. Après on pourra toujours chipoter sur le proportions, mais je ne suis pas spécialiste. ;)


Beorn, toujours pas de nouvelles des 7 (6?) éditeurs restants qui n'avaient toujours pas donnés de réponses depuis presque un an ? :)

(j'ai un mal fou à me relire sur ordinateur, j'espère que je n'ai pas fait trop d'erreurs... ^^")

Écrit par : Feldo | 21/09/2009

Alors supposons que je sois éditeur.

J'ai douze places dans mon agenda : une sortie par mois.
Pas énorme, je sais, je commence.

J'ai repéré 11 auteurs intéressants, qui sont pile poil dans le créneau que je souhaite défendre (créneau pour lequel j'ai noté un manque, suite à mon étude de marché. Oui, j'ai regardé le marché, je ne suis pas fou, j'ai une famille à faire vivre, une maison qu'on pourrait bien me demander en tant que garantie, ou alors je vais perdre mes économies.)

Donc 11 auteurs (éditeur ou directeur littéraire, c'est du kif-kif ! Pour un directeur littéraire, pas de résultats = la porte)

12 mois, reste une place dans l'année.
Je vais donc recevoir des manuscrits et en sélectionner quelques-uns... toujours dans le créneau qui m'intéresse.

Sauf que, je ne vais pas répondre tout de suite, je vais attendre quelques mois pour attendre la perle rare jusqu'au bon mois de l'année. On ne sait jamais, un texte - comme tu le dis - peut tilter, ou surfer sur une vague intéressante. (un comité de lecture prend aussi du temps, et il vaut mieux plusieurs avis, plusieurs sensibilités pour prévoir les ventes potentielles)

Pourtant, vient un moment où je dois choisir parmi tous les titres intéressants arrivés par la poste. Les autres ne sont pas mauvais, mais bon, il faut choisir : je n'ai qu'une place libre sur cette année.

Ceci peut déjà expliquer la longueur de la réponse.
(oui, l'éditeur peut n'avoir jamais reçu le manuscrit, ou alors ce dernier peut s'être inscrit aux perdus corps et âmes ! Un manuscrit, sans numéro de page, qui se renverse... hum ! hum ! poubelle.)

Ok, tout est bon, j'ai choisi mon agenda pour l'année 1.
Tout baigne, je vais bosser avec les auteurs.

Et préparer mon année 2.
Ah ouais, mais voilà, si les auteurs se vendent bien, je vais leur demander un deuxième tome.
12 places déjà prises = plus de place pour les nouveaux (à moins de virer un auteur de la première année, dans les cris et le sang)
Par chance, certains mettent plus d'un an à écrire leur roman, ce qui me laisse un peu de mou.

Mais à supposer que les 12 auteurs se vendent bien, et qu'ils écrivent tous un roman par an les bougres, je n'ai plus de place pour les nouveaux. Toutefois, rejeter un bon texte, ce serait dommage, surtout si un auteur me la joue faux bond (maladie, décès, retard, ou autre).
Alors je vais bloquer les textes un peu plus longtemps encore jusqu'à en choisir un dès qu'un trou se présente.

Tu me diras, je peux aussi en éditer un treizième.
C'est vrai ! Super si c'est la poule aux oeufs d'or, catastrophe si c'est à la rétame, et qu'un livre bien parti, parmi les 12, s'arrête dans la foulée suite à un procès... parce que la rentabilité du tout se joue parfois à peu de choses. Le treizième, ce peut-être le livre de trop, qui affiche dommage à l'arrivée !

Okay, c'est vrai, tu as raison. Je peux me servir sur les droits d'auteurs, versé à 06 ou 12-18 mois, et publier ce treizième qui va marcher du feu de dieu... je le sens, je le sens, je le sens...
Et si je me plante grave ?

J'aurais 12 procès dans le gosier, et une clé sous la porte.

Dur, dur la vie d'éditeur. :-))

Faut pas se tromper.
Même si on est sûr à 99 %.
99 % * 99 % * 99 % douze fois de rang, ça donne 88,63 % au bout du compte.
Donc un bouquin planté, de manière mathématique.

C'est con les maths des fois ! :-)

A 95 %, le résultat est de 54,03 %. => 5 bouquins au tapis !

Ce qui indique bien qu'il faut être sûr à 99 % pour un livre. C'est du big coup de coeur qu'il faut avoir. Autant dire, un livre qui "pète les rotules" d'après certaines grenouilles !

Histoire, style, ambiance, tout doit y être.

Et même là, un d'entre eux ne fonctionnera pas.
Sauf si certains sont à 100 %.

Ou plus !


J'aime l'humain, mais les maths sont là.
Si chaque année on perd 12 % de son capital, on est sous la porte en 8 ans.

Je serais donc un éditeur draconien. Que le top du top, et uniquement le top du top qui déménage. Quitte à ne publier que onze auteurs, pour limiter les risques.


Bien Amicalement
L'Amibe_R Nard

Écrit par : Amibe_R Nard | 22/09/2009

Je ne suis pas éditeur, évidemment.
Mais il me semble que je raisonnerais plutôt par auteurs. J'ai ma petite "écurie" d'auteurs qui se sont déjà trouvé un public.
De temps en temps, il faut que j'en trouve un autre en prévision de ceux que je vais perdre un jour ou l'autre (c'est le coup de coeur dont parle Feldo, l'intuition, le pari, le truc risqué).

Si je suis une toute petite maison qui commence, j'ai besoin d'un catalogue, je vais prendre plusieurs inconnus en quelques mois et me lancer à l'aventure.

Si j'ai entre 5 et 10 ans d'existence et que je vivote, j'y vais mollo, j'engrange le travail effectué. J'en ai marre de bosser à l'oeil ou presque, je me demande si je ne vais pas tout plaquer. En plus, j'en suis à mon troisième gosse et je n'ai plus le temps de rien.

Si j'aime le risque, j'étoffe mon catalogue, si je veux rester humble, je ne prends pas trop de risques.

Si je suis une très grosse maison, je m'amuse de temps en temps avec un petit nouveau, ça rajeunit la maison, ça me fait penser à mes débuts et ça peut rapporter, parfois, un peu comme au Casino.
Mais pas trop souvent parce que j'ai des trucs plus sérieux à faire : négocier les droits des bons romans étrangers sous le nez de la concurrence, faire la promo du dernier roman de Machin qui cartonne à chaque fois, débaucher l'auteur de chez Smith en face...
Sans compter le dernier contrôle du fisc et mon distributeur qui ne fait pas son boulot, mon attachée de presse qui est en congé maternité et l'arrivée du livre éléctronique qui fait peur à tout le monde...

Écrit par : Beorn | 23/09/2009

Finalement, c'est plutôt encourageant: au moins les gens sont sympa à l'autre bout du fil.
Bon, sinon, je suis, comme toi, à la recherche d'un éditeur. J'en ai fait que 6 pour le moment, et ça ne date que d'un mois. Alors je vais patienter un peu. Dix mois, tu dis? Allez, je me le marque dans mon agenda: en juin prochain je les rappelle!

Daniel

Écrit par : Daniel Wong | 24/09/2009

Tiens, un pseudo que je ne connais pas : bienvenue Daniel ! Je crois qu'il me reste un verre propre et un fond de bouteille, installe-toi.

Oui, les gens sont sympa, c'était une surprise pour moi, je pensais qu'ils allaient m'envoyer sur les roses mais pas du tout.
Enfin, un peu quand même, mais seulement pas courrier, pas au téléphone. :/

Ah ah, alors toi aussi tu t'es lancé ? Je te souhaite tout ce qui peut arriver de bien.
Je ne sais pas s'il faut attendre aussi longtemps que moi, mais un mois sans réponse, c'est tout à fait normal en tout cas.

Le premier publié offre à un jus d'orange à l'autre, tenu ?

Écrit par : Beorn | 25/09/2009

Va pour le jus d'orange.
Je vais juste attendre un peu avant de le presser, c'est plus prudent.

Écrit par : Daniel Wong | 26/09/2009

Eh bien moi, j'ai une aventure peu commune à raconter.

En 2007, j'ai envoyé un manuscrit au comité de lecture de nombreuses maisons d'édition.
Je n'ai reçu que des refus ; un certain nombre d'éditeurs n'ont tout simplement pas répondu à cet envoi, parmi lesquels “Les Éditions du Bord-de-l'Eau”, sises dans le sud-ouest de la France.
Quelle ne fut pas ma surprise de découvrir, quelque temps après, sur le blog de cet éditeur, un éloge de mon manuscrit par le directeur de la maison, M. Dominique-Emmanuel Blanchard :

« J’ai noté que ça arrivait souvent comme ça : après des semaines d’indigences littéraires surgissent, deux, trois manuscrits qui m’enchantent.
Hier c’était “Malateste”, aujourd’hui c’est “Apostrophe aux contemporains de ma mort”.
Que l’on ne s’y trompe pas : il s’agit d’une œuvre réjouissante malgré son titre. À commencer par son style.
L’ai-je assez déplorée cette pauvreté du style dans ce qui tombe dans la boîte postale et sur les messageries de BDL !
Et voilà que coup sur coup le style renaît, ne cesse de renaître de ses cendres (je vous épargnerai le cliché du Phénix, enfin, presque).
Voulez-vous un exemple de ce fameux style dont il m’arrive de rebattre les oreilles des incrédules ? Oui, n’est-ce pas ?
Voici donc :
“Ensuite je ne sais plus, j’ai un trou de mémoire. Je crois que les événements se sont précipités. Qu’on sache seulement que d’assis je me suis retrouvé couché sur le dos, qu’il n’était plus à côté de moi, mais sur moi, et que de paroles entre nous il ne pouvait être question, car il s’affairait à rendre la chose impossible à lui comme à moi.” »

http://domi33.blogs.sudouest.com/archive/2007/12/20/deb-le-style-bordel.html

Je n'ai jamais eu aucunes nouvelles de cet éditeur.

(Heureusement j'ai trouvé il y a peu un autre éditeur).

Écrit par : Un Lecteur | 07/11/2009

Bienvenue, cher lecteur anonyme, et merci pour ton témoignage ! "Lecteur", quel pseudonyme plus irrésistible peut-il exister à mes yeux d'auteur ?

Pas très correct, le monsieur, il aurait pu au moins te faire une réponse détaillée, s'il avait aimé ton style. Et puis avant de publier une phrase telle qu'elle sur son blog ou ailleurs, en principe, c'est plus légal et surtout plus poli de demander l'autorisation à son auteur...

... Mais enfin soyons honnête... ça doit quand même fait plaisir, non ? :o))

Et puisque tu es publié à présent : félicitations !


Au fait...
...Tu veux un jus d'orange ?

Écrit par : Beorn | 09/11/2009

Ben ça promet tout ça.
Moi qui suis encore plein d'illusions... J'ai bien dans mes relations un écrivain qui voulait me présenter à son éditeur, c'est peut-être un morceau de chance...

Écrit par : Pierre-Louis | 22/07/2010

Garde donc quelques illusions, ami Pierre-Louis ! On en trouve toujours l'utilité chez soi... :)

Écrit par : Beorn | 09/08/2010

J'ai envoyé mon manuscrit il y a à peine un mois, à 6 éditeurs. Il m'en a déjà été retourné par une très grosse maison... et je me pose aussi la question : l'ont-il seulement regardé ?

Mon manuscrit a l'air aussi neuf et intact que quand je l'ai envoyé... Pas même un petit pli quelque part, ou une micro-éclaboussure d'un café... Remarquez que je leur remercie d'en avoir pris le plus grand soin, mais là, j'ai vraiment des doutes...

Bon, ne nous laissons pas abattre pour autant... J'ai encore une dizaine d'éditeurs en ligne de mire =)

Écrit par : Paul.art.bear | 03/04/2011

Bonjour, cousin ours Paul, et bienvenue sur ce blog !

Une très grosse maison d'édition... Hum. Tout dépend de la personne qui gère les collections : certaines ont vraiment envie de découvrir de nouveaux auteurs, d'autres pas du tout. Cela ne dépend pas forcément de la taille de la maison mais plutôt de la personne en place.
Je reste persuadé que certaines maisons n'ont absolument rien à faire des manucrits d'inconnus et qu'elle ne les lisent pas : elles font des paquets à renvoyer de temps en temps, où elles les stockent à la cave.
Seuls seront regardés les manuscrits "filtrés" c'est à dire recommandé par quelqu'un.
D'autres font un vrai travail de défrichage... Mais lesquels ? Mystère. Rien ne permet de le savoir a priori.

Cela dit, même si ton manuscrit a été regardé, ça ne se voit pas forcément en tournant les pages. "Regardé", ça veut souvent dire que seules deux ou trois pages ont été lues.

Bonne chance dans tes démarches !

Écrit par : Beorn | 06/04/2011

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