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30/01/2009

Les bonnes questions à se poser pour réussir un dialogue

A chaque dialogue, posez-vous les questions suivantes :

1) Pourquoi ai-je choisi un dialogue ? J'ai une vraie bonne raison ?
Est-ce que je ne pourrais pas faire mieux avec du texte ?


C’est juste parce que vous avez oublié de dire un truc important au lecteur ?
C’est pour éviter une description ?
C’est pour le plaisir d’entendre bavarder mes personnages ?

Si avez répondu oui une seule fois, alors méfiez-vous de votre dialogue.

2) C’est bien mon personnage qui parle… ou c’est moi ?

Si c’est vous, alors effacez moi tout ça et recommencez : ce n’est pas vous qui avez la parole, c’est votre personnage. Point. Vous ? Le lecteur s’en fiche, de vous. C’est malheureux mais c’est comme ça.

-Votre personnage est sans éducation ? Alors il parle mal, il fait des fautes de Français.
-Il a fait l’ENA ? Alors il parle un langage soutenu.
-Il est domestique ? Alors il parlera de façon plus ou moins servile à son maître.
-Il est noble ? Alors il parlera de façon méprisante à un roturier, et d’égal à égal avec un autre noble (dans un monde médiéval, bien sûr...).
-Il est cynique ? Alors il parlera souvent au second degré, il aimera les sous-entendus.
-Il est macho ? Alors il parlera aux femmes… en conséquence.
-Il est raciste ? Même idée.

Vous n’êtes pas macho, vous n’êtes pas raciste, vous ne faites pas de fautes de français ? Tant mieux pour vous, vous avez toute ma sympathie. Mais vous avez choisi un dialogue, non ? Alors vous n’êtes pas concerné.

3) Est-ce que mon personnage est un bout de papier ou un homme de chair ?

Entre nous, soyons sérieux : c’est effectivement un bout de papier. Seulement votre boulot, c’est que le lecteur, lui, oublie cette foutue feuille et qu’il accepte l’illusion du récit. Il doit avoir l’impression qu’il écoute une vraie personne de chair et de sang.

-Votre personnage est essoufflé ? Alors il ne fait pas de longues phrases.
-Il est loin de son interlocuteur ? Alors il crie quelques mots seulement, peut-être même qu’il n’entend pas la réponse.
-Il est plein comme une barrique ? Alors il bégaye comme un poivrot.
-Il est avec un vieux copain ou avec son supérieur hiérarchique ? Avec sa fille ou avec son père ? Avec le type qui lui a sauvé la vie ou avec l’ancien amant de sa femme ? Il est amoureux / en colère / ému / timide / jaloux / terrifié / blessé / frigorifié / traumatisé / ébloui / brûlé / surexcité / désabusé ? Alors faites-le parler en conséquence.

4) Est-ce que je viens d’écrire un dialogue de théâtre ou un dialogue de roman/nouvelle ?

Si c’est un dialogue de théâtre, alors changez de projet ou effacez tout. Le théâtre, c’est très bien, mais c’est autre chose.

Comment savoir si c’est un dialogue de théâtre ? Facile. Lisez une pièce de théâtre : on y voit des tirets, des dizaines de tirets les uns à la suite des autres, avec de temps en temps, une malheureuse didascalie.
Parce que le théâtre est joué par des acteurs ! Ils y mettent de la vie, de la flamme, des gestes, des rires… ils ont des costumes et un décor. Dans votre roman/nouvelle, rien de tout ça : il n’y a rien d’autre que ce que vous, vous y mettez.

Un dialogue, ce n’est pas statique, c’est une scène.
Une scène, ça doit être décrit, vivant, constamment clair dans la tête du lecteur, ça doit contenir des informations sur le paysage, les bruits, les odeurs, les trucs qui tombent/roulent/craquent/sifflent à côté des personnages, les gestes de ces personnages, les pensées qui les traversent, les associations d’idées qu’ils font, les souvenirs qui leur reviennent, les actions qu’ils entreprennent tout en parlant, etc.

N’oubliez pas cela : dans votre texte, il n’y a pas de dialogue, il n’y a que des scènes.

Commentaires

Je trouve ton 1 trop radical. Un dialogue doit forcément donner des informations. S'il ne le fait pas, il est inutile. Il doit renseigner le lecteur à plusieurs niveaux sur les personnages, l'intrigue, etc.

Non?

Écrit par : syven | 09/02/2009

Si, si !
Tu as raison Syven, on fait passer des informations, et même, il le faut absolument. Je vais donc modifier un peu mon 1)

Mais il faut se méfier quand même. Les infos, elles doivent venir naturellement s'intégrer dans cette jolie scène de dialogue.
On ne doit pas se dire en lisant "tiens, l'auteur avait besoin qu'on sache ça. Heureusement, il y avait Dudule qui passait par là avec sa grande bouche."

Écrit par : Beorn | 09/02/2009

Et quid de la dose de dialogues dans un roman ? Uniquement une histoire de style ?

Écrit par : Pierre-Louis | 22/07/2010

Ah, la dose de dialogue !
Je dirais que... on pourrait écrire tout un roman sans un seul dialogue. On pourrait aussi imaginer tout un roman uniquement en dialogue (mais je doute que le résultat soit très intéressant).
les dialogues apportent de la vie et de la fraîcheur au texte, ils permettent de varier les tournures de phrases et les procédés narratifs. Un peu comme une salade de fruit après un repas copieux.
Mais il n'y a pas de bonne ou de mauvaise dose, il y a juste... celle qui convient...

Écrit par : Beorn | 09/08/2010

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