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15/03/2010

L'histoire de la belle Jéhanne et du chevalier Mnémos

Aujourd'hui, je vais vous raconter l'histoire de la belle Jéhanne et du chevalier Mnémos, de leur copul union et de tous les petits bébés bouquins qu'il en résulta.

Mes excuses à ceux qui l'ont déjà entendue...


1) Comment naquit Jéhanne.

Jéhanne naquit d'un ras le bol de ma part pour la littérature blanche, que je pratiquais depuis des années.
L'accouchement dura 5 semaines (pour la partie 1), et c'était il y a 5 ans.
Je me souviens très bien de la date parce que je me suis mangé un PV pour excès de vitesse à la deuxième semaine (le seul de ma vie). Ce qui nous enseigne qu'à l'instar du téléphone portable, l'écriture d'un roman rend la conduite dangereuse.

2) Comment vint l'idée de l'envoyer, et à qui.

Après avoir relu Jéhanne 1 pendant deux ans, écrit et relu Jéhanne 2 pendant deux ans, j'avais un bon gros bébé à vendre.
Mais entretemps, l'état de l'édition en matière de fantasy m'avait désespéré et j'avais ré-écrit de la blanche avec "Le jour où", que certains connaissent (blanche? fantastique? sais pas trop).

Mais en bon papa plein de remords, je refusais de me dire que Jéhanne n'aurait pas sa chance.
Je l'ai donc imprimé à la maison. Puis relié au boulot, en secret entre midi et deux avec la trouilloteuse de la doc, ça m'a pris une semaine parce que pour le travail manuel, je suis aussi doué qu'un steack haché et que j'étais mort de trouille au moindre craquement dans le couloir.

Et puis zou, j'ai posté le bidule. Pour Mnémos uniquement. Nesti sentait le sapin. Brag' tenait porte close. Et Mnémos, j'aimais bien.
Je savais qu'ils étaient en mauvaise forme, qu'ils avaient publié peu de premiers romans ces derniers temps, mais bon...

Ensuite, avec le sentiment du devoir accompli (vogue, petite bouteille à la mer), j'ai complètement oublié.
J'avais envoyé LJO à quinze éditeurs jeunesse et je courais tous les jours à la boîte aux lettres me prendre des baffes à coups de "ne correspond pas à notre ligne éditoriale" comme un vrai putching-ball de compétition. J'étais trop occupé à tamponner mes gnons pour repenser à Mnémos qui, de toute façon, faisait le mort.

3) Un an passe. Bien tassé.

Parfois, je repense à Jéhanne avec nostalgie. Je tombe sur une interview de Celia Chazel, qui me déprime. Mais je passe surtout mon temps à peaufiner LJO pour un nouvel envoi : LJO, j'y crois !

4) Je reçois un mail d'Hélène Ramdani intitulé "ton manuscrit".

Je connais Hélène, c'est l'ex directice du Navire en pleine ville. Très chouettes bouquins.
J'ai gagné un concours de nouvelles là-bas, et on a fréquenté un ou deux forums communs. Elle connaît tout le monde sur les forums. Seulement "le Navire" a fermé ses portes en juillet. Et puis d'abord, je n'ai rien envoyé au Navire, moi ?

Je flaire le mail, je tourne autour. Un virus ?
J'ouvre quand même, je fronce le nez. Elle me dit de lui envoyer mon manuscrit sous format électronique, elle a lu le premier chapitre et ça l'intéresse.
Comment Hélène a-t-elle reçu un manuscrit de LJO ???
Je vous jure qu'il m'a fallu dix minutes pour comprendre qu'elle parlait de Jéhanne. Et pour voir que son adresse finissait en "mnemos.com".

Ben oui, après un an, les souvenirs s'estompent...

5) Une fois que c'est monté jusqu'au cerveau, mon ryhtme cardiaque s'accélère.

Et puis je réponds : je la supplie d'attendre encore 15 jours, histoire de relire le manuscrit (je ne l'avais pas relu depuis plus d'un an ! argh ! je relis toujours des bouts de mes manuscrits tous les 15 jours !)
Je le renvoie début janvier. Je la remercie 500 000 fois. Elle me répond que niet, faut pas dire merci : il est juste sur la pile des manuscrits pré-sélectionnés par le comité de lecture.

Je me dis : j'ai 20% de chances.
Mon rythme cardiaque ne retombe pas.

6) début février,

Elle m'écrit pour me dire qu'elle a commencé la veille et qu'elle a lu la moitié. Qu'elle adore, c'est un "page turner" et j'ai "le sens du rythme juste". Mon rythme cardiaque, lui, commence à protester : ça fait déjà un mois et demi qu'il fait des heures sup'.

Je me dis : j'ai 50% de chances.

7) 24h plus tard, nouveau mail : elle a fini.

Je me dis : 80% de chances.

8) Deux jours après...

... c'est le 6 février, elle me dit qu'elle a décidé de le présenter au comité éditorial du 9 mars pour le proposer à la publication fin 2009 ou plus probablement début 2010. Qu'il y aura très peu de corrections, un peu sur la fin. Me dit qu'il n'y a pas de raison de m'en faire, c'est une formalité. c'est justement pour trouver de nouveaux auteurs qu'on l'a embauchée.

Mon rythme cardiaque passe un cap. Il ne savait même pas lui-même qu'il pouvait aller si vite.
Je me dis : 90%

9) Le 09 mars...

... j'appelle Hélène comme convenu à 19h et elle me dit (après "c'est qui ?" parce que j'ai oublié de me présenter) "j'ai une bonne nouvelle pour toi."
Comme la taille leur fait peur, le comité a préféré le publier en deux tomes plutôt qu'en one-shot.
Elle me demande si ça va.

Je réagis avec autant de vivacité qu'un homard bouilli. "ouais. chouette. merci"
Et dès que je raccroche le téléphone, je saute partout dans le salon en poussant des cris d'indien.
Mon petit me regarde et dit à maman : "a bobo papa !".

Je crois qu'il pensait à mon rythme cardiaque.
...