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Rechercher : point de vue

Les dangers du changement de point de vue

Aujourd'hui, chers inconnus, j'ai décidé d'écrire deux notes pour me faire pardonner de vous avoir infligé le lien vers mes tables-rondes.

Je vais donc vous parler du point de vue et de ses pièges à éviter. Vous avez sans doute déjà entendu parler de tout cela et si vous lisez les explications qui suivent en diagonale, non seulement je vous le pardonnerai, mais personne ne le saura jamais... Cependant, même si vous êtes un auteur expérimenté, je vous invite à vous reporter à la conclusion, car les erreurs sont parfois insidieuses et peuvent vous ruiner bêtement un texte pourtant bien écrit.

Comme vous le savez, ou ne le savez pas, un récit est toujours narré selon un certain point de vue. En gros et pour simplifier, vous avez trois façons de raconter une histoire. On pourrait nuancer cela de bien des manières, mais euh, ce n'est pas vraiment le sujet.

La narration en "je"

Je ne m'étendrai pas sur les avantages et les inconvénients de cette technique. Pour aller vite : vous collez au plus près du personnage donc vous pouvez en ressentir fortement les émotions. Vous colorez votre récit de sa façon de parler (gouaille, ton guindé, langage suranné ou argotique...) et de penser (timidité, effronterie, obsessions...). En contrepartie, vous limitez votre champ narratif à ce seul personnage : vous ne pouvez rien décrire qu'il ne puisse percevoir lui-même. Vous ne pouvez rien dire qu'il ne pense lui-même. Vous vous retrouvez avec de grosses difficultés à manier l'ironie dramatique (voir la note à ce sujet : le fait de donner une information au lecteur que vous cachez au personnage).

La narration en "il", en focalisation interne

Vous racontez votre récit à la troisième personne du singulier, mais en ne quittant pas d'une semelle un personnage-point-de-vue. C'est le "point de vue interne". Vous êtes dans la tête d'un seul personnage, vous connaissez tous ses secrets, ses doutes, ses pulsions et ses remords. Mais vous ne pouvez pas entrer dans la tête des autres et vous ne pouvez pas montrer quelque chose que votre personnage-point-de-vue ne voit pas lui-même. Cette technique ressemble à la première, mais vous pouvez vous affranchir du langage particulier de votre personnage, puisque ce n'est pas lui qui parle.

Ces deux techniques ne suivent qu'un seul personnage. Toutefois, ce personnage peut varier au cours du récit : d'un chapitre à l'autre, il est possible de changer de narrateur. Ce "truc narratif" ouvre bien des possibilités, mais il existe un danger certain de perdre votre lecteur.

La narration en focalisation zéro ou le "point de vue omniscient"

Vous vous affranchissez complètement du point de vue des personnages : vous êtes omniscient. Vous pouvez musarder dans la tête de Tartempion, puis faire un petit tour dans celle de Jeannette, et enfin vous coller au point de vue du poisson rouge qui les regarde. Vous pouvez aussi aller sous la table jeter un oeil sur la bombe qu'aucun personnage n'a encore vue et spéculer sur la suite de l'histoire, ou vous lancer dans des digressions historiques si le coeur vous en dit. Cette technique est délicate à manier, et elle risque de vous compliquer la tâche lorsque vous voudrez faire partager les émotions de vos personnages. En contrepartie, elle vous laisse une totale liberté de manoeuvre.

Conclusion

En tant qu'auteur, vous êtes libre de faire votre choix. Cependant, cette liberté a un prix : une fois que vous aurez choisi, vous ne pourrez pas revenir en arrière. Vous passez un pacte avec votre lecteur.

(bon euh, en fait, vous pouvez très bien le faire, vous pouvez même le faire exprès, il n'y a pas de loi en littérature, il y a juste des questions... mais si vous le faites, soyez-en bien conscient).

La narration à la première personne pose moins de problème à cet égard. Cependant, les deux autres peuvent facilement se confondre. Or à chaque fois que vous passez de l'une à l'autre, vous affaiblissez considérablement votre texte.

Vous me direz : "haha, mais tonton, je sais déjà tout ça, voyons !". Mouais. Je ne suis pas convaincu alors lisez quand même la suite.

Si vous avez choisi de suivre un personnage : refusez-vous tout commentaire qui ne passe pas par sa tête, interdisez-vous toute ironie sur son compte, empêchez-vous d'entrer dans la tête d'un autre. Et là, je ne vous parle pas de grands paragraphes : je vous parle de petites phrases, de petites piques qui vous semblent pleines d'esprit mais qui ruinent votre texte.

ex : "Max passa à travers la fenêtre et atterrit dans une mare de boue. Il se retourna et croisa le regard furieux du capitaine derrière lui. Ce fichu prisonnier lui gâchait sa journée."

Vous utilisez Max depuis le début comme personnage point-de-vue ? Alors stop ! Vous êtes entré dans la tête du capitaine ! Vous pouvez vous autoriser à imaginer ce que Max pense du capitaine, mais vous n'avez pas le droit d'entrer dans sa tête. Sinon, vous rompez le contrat avec votre lecteur. Bon, je vous accorde que ce n'est pas une règle de français, ni une règle absolue, mais c'est quelque chose à surveiller de près.

Les changements de point de vue sont presque invisibles, mais bien souvent, ils empoisonnent le texte. On se retrouve avec une impression confuse de quelque chose qui ne va pas. Le texte ne percute plus, il perd de sa force et vous vous demandez pourquoi : c'est peut-être une question de point de vue. Traquez les changements involontaires de point de vue et voyez s'ils sont vraiment nécessaires. La plupart du temps, si vous vous en tenez à ce que vous avez décidé au départ, votre texte y gagnera en force.

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Polar, SF, fantastique et autres : mon point de vue sur les « genres » littéraires

Vous y croyez encore, vous, aux genres ?
Pour moi, tout ça, c’est de la littérature, il n’y a pas de différence.
Oh, je sais, certains n’aiment pas la SF, d’autres pas les polars, d’autres encore ne lisent QUE de la fantasy, bon, fort bien… Ce que je dis, c’est que ce n’est pas une histoire de genres, c’est une histoire de thèmes.

Prenons quelques romans de littérature "blanche" (c’est comme pour les verbes du troisième groupe : les romans de "blanche", ce sont ceux qui ne rentrent pas dans les autres cases) :
Est-ce que ça parle d’une histoire d’amour pendant la guerre de sécession (Autant en emporte le vent) ? Alors c’est de la "blanche".
Est-ce que ça parle de la protection des éléphants d’Afrique ? (Romain Gary, les Racines du Ciel) Alors c’est de la "blanche".
Est-ce que ça parle de dragon ? Ah, pardon, là, c’est de la fantasy !
Est-ce que ça parle de voyage dans le temps ? Non, là, c’est de la SF !
Est-ce qu’il y a un meurtre et un flic ? Halte, c’est du polar !

Mais il s’agit toujours de fictions, n’est-ce pas ? Il s’agit toujours de personnages, d’intrigues, de péripéties, de thèmes ? Alors pourquoi Autant en emporte le vent serait dans la même case que Romain Gary et pas dans la même que Le Seigneur des Anneaux ?
Est-ce que Scarlett O’Hara a quoi que ce soit à voir avec les éléphants d’Afrique ?
Au contraire, entre Margaret Mitchell et Tolkien, il y a au moins deux thèmes communs : celui de la guerre et celui de la nostalgie d’une aristocratie déchue. Et pourquoi s’en étonner, quand les deux auteurs parlent de ce qu’ils connaissent et de qui les intéresse ?
En quoi l’œuvre de Tolkien serait plus fictive que celle de Mitchell juste parce que son monde est inventé ? Est-ce qu’un auteur n’invente pas TOUJOURS un monde ? Est-ce qu’il ne le bâtit pas cependant TOUJOURS avec des matériaux plus ou moins réels ?

Mais voilà, quelqu’un a décrété qu’il existait certains thèmes qui enfermaient les romans dans des genres, et d’autres thèmes, non.
Les dragons, c’est rédhibitoire, les machines à voyager dans le temps et les flics aussi : si un roman a le malheur de contenir un de ces mots-clefs, hop, on s’empresse de l’ôter du rayon et de le classer dans une case.

Pourquoi ? Est-ce que ces romans sont vraiment différents ? Est-ce qu’ils sont mal écrits ? (mais alors beaucoup de romans de "blanche" ont du soucis à se faire) Est-ce que leurs thèmes sont moins nobles ? (mais au nom de quoi ? Qu’est-ce qu’un thème noble ?) Est-ce que la technique d’écriture est différente ? (alors je veux qu’on m’explique en quoi ?).

Vous allez me dire, peut-être, que certains lecteurs sont allergiques à certains thèmes. La fantasy par exemple, le fait d’inventer un monde. Bon, admettons. Mais ça ne justifie pas de les classer dans un genre à part comme des pestiférés. Peut-être que le thème des éléphants en Afrique, ça ne les intéresse pas non plus, et pourtant il n’y a pas de rayon « éléphants » en librairie.

Et si moi, je suis allergique aux histoires violentes ? Aux histoires d’inceste ? Est-ce que je devrais réclamer qu’on créée un genre « histoires violentes » ou « histoires d’inceste » et qu’on le mette à part en librairie, histoire que je sois sûr de ne pas tomber dessus ?
Pour beaucoup, le classement par genre, ça permet d’éliminer les « mauvais romans ». Moi aussi, je rêve d’un classement « bons romans » et « mauvais romans » mais ça ne peut pas exister, et heureusement. Alors pourquoi continuer à classer par genre ?

Le danger des genres, c’est qu’ils fabriquent des barrières. Ils créent des œillères, du mépris de part et d’autre, et beaucoup d’occasions perdues.
On refuse de lire un roman parce que par principe, « on ne lit pas » tel ou tel genre. C’est idiot : de bons romans, il y en a dans tous les genres.
Mais ça vaut aussi pour les auteurs : pourquoi ne pas essayer d'écrire dans un autre genre ? Passer de l’un à l’autre ? Au nom de quoi devrait-il y avoir une barrière infranchissable ?

Personnellement, j’aime lire des romans : certains me tombent des mains, d’autres me passionnent, mais le genre, je ne le vois pas.
Avant de choisir un roman, je me fais mon idée en le feuilletant, en repérant un thème qui me plaît, en demandant des avis… jamais en fonction du genre. Il y a de bons et de mauvais romans, il y a des thèmes qui me plaisent et d’autres pas, mais les genres, je ne comprends toujours pas ce que c’est. Une invention de libraire, peut-être ?

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6) Vous avez lu les points 1 à 5 et vous voulez toujours écrire un roman ???

Je le savais ! Dans mes bras, ô mon frère/ma sœur !

Félicitations, vous avez pleinement conscience que cette immense orgie de temps gâché devant votre clavier, ce n’est pas du temps gâché, parce que vous vous amusez bien, parce que c’est en vous et que ça correspond à votre caractère. Après tout, d’autres jouent au tennis, non ? Ou font du jogging ? Ils n’espèrent pas pour autant gagner une médaille d'or aux JO.

Allez, soyez honnête, vous espérez quand même secrètement être un jour publié et célèbre… (moi aussi, je suis dans ce cas). Mais au fond, vous avez admis que ça n’arrivera probablement jamais. Si vous êtes persévérant, si vous savez vous remettre en question, si vous avez du talent, vous allez progresser, lentement certes, mais vous allez progresser. Et c’est déjà une satisfaction, n’est-ce pas ?

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1) La seule bonne raison d'accepter la critique

Je vais tâcher de vous donner mon point de vue sur l'ART D'ACCEPTER LA CRITIQUE, en 7 points. Aujourd'hui : la seule bonne raison d'accepter la critique.

 

 

Vous avez l'intention de progresser, dans votre texte et dans votre manière d'écrire ? Alors vous n'avez pas le choix : il va falloir affronter le regard d'un lecteur critique et en tirer le meilleur parti.

Pourquoi ?

En gros, je répondrais par « on voit la paille dans l'œil de son voisin, mais pas la poutre dans le sien », je pense que c'est assez clair.

Maintenant, si vous voulez garder vos textes pour vous parce que vous considérez que :

  • 1) c'est trop intime pour être partagé,
  • 2) vous avez la trouille du regard des autres,
  • 3) tout ce dont vous avez envie, ce sont des compliments...

Alors ce n'est pas la peine de lire la suite.

Mais si l'impérieuse urgence de progresser est plus forte en vous que tout ce fatras, jetez vous à l'eau et tant pis si elle est froide.

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Le stress de l'auteur retenu

Je constate un truc que je soupçonnais, mais dont je peux maintenant témoigner... Quand on n'a pas d'éditeur, on angoisse parce qu'on en cherche un, on ne sait pas si ce Prince Charmant viendra ou pas nous rendre visite. Et on a tendance à se dire : quand j'en aurais un, j'en aurais enfin terminé avec ce stress. J'écrirai des manuscrits sans me demander si quelqu'un les ouvrira un jour, je n'aurai plus cette crainte de savoir si je suis à la hauteur ou non.

Eh bien, auteurs non (ou pas encore) publiés, sachez-le : de ce point de vue, ça ne change rien. C'est pire.

Une fois que vous avez votre mail de confirmation (ou votre lettre, ou votre coup de fil) vous angoissez à mort parce qu'il ne se passe pas TOUT DE SUITE quelque chose.

C'est vrai ? C'est vrai de vrai ? Le manuscrit est retenu ? Mais je n'ai pas encore mon contrat ? Mon éditeur ne me rappelle pas ? C'est normal ? Il a changé d'avis ? Il m'a oublié ?

Ensuite, même si on vous rassure sur ce point, vous angoissez à mort parce que vous voulez connaître la couverture. Et puis vous devez vous battre avec des corrections-à-deadline. Vous angoissez en vous demandant ce que vous vaudrez sur un salon, devant vos lecteurs, au sein de l'équipe, dans les éventuelles interviews et partout où vous irez faire votre promo. Vous angoissez parce que telle maison va mal (et la mienne, si elle coulait ? Si elle réduisait la voilure ?). Vous angoissez parce que vous ne savez ABSOLUMENT PAS si votre bouquin va marcher ou non. Ni quelles critiques il va recevoir.

En fait, vous ne savez toujours pas si vous savez écrire et vous ne le saurez jamais. Vous scruterez à la loupe, dès la sortie du bouquin, tous les forums de discussion et les sites spécialisés, vous passerez vos journées rivées à votre écran. Et puis vous angoisserez parce que... on attend de vous des manuscrits, maintenant ! Des beaux, des gros, des tout chauds, des nouveaux ! Et vous prendrez conscience que personne ne vous avait JAMAIS rien demandé avant !

Dans le rôle du gars qui peaufine son bidule dans son coin et qui refoule sa camelote à la ronde, vous êtes très fort... mais le rôle du gars à qui on RECLAME de la marchandise, vous découvrez !

 

Enfin bref, alerte aux cheveux blancs ! C'est dix fois plus angoissant (et pourtant, moi qui vous parle, je ne suis pas un anxieux de nature). Voir son roman retenu, c'est génial, mais c'est juste le début de l'aventure. Et c'est exactement pour ça, d'ailleurs, que c'est génial !

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Le GGG

CoCyclics lance le "GGG", je vous en parle, puisque c'est Silène (auteur de La Saveur des figues aux Editions du Jasmin) et moi qui sommes les artisans de ce projet depuis son idée jusqu'à la conception matérielle en passant par les innombrables coups de fils aux éditeurs. Peut-être cela intéressa-t-il quelqu'un.

Jeunes auteurs de l'imaginaire, voici enfin l'outil dont vous rêviez : un guide des éditeurs qui vous révélera nombre de secrets sur les techniques, méthodes et conditions d'envoi de votre manuscrit.

Ce que vous trouverez dans le Grimoire :

-- Des fiches détaillées d’éditeurs de SFFF acceptant des manuscrits de jeunes auteurs.
Sont recensés les éditeurs pour adultes et les éditeurs pour adolescents ou jeunes adultes.
-- La liste des éditeurs publiant de la SFFF MAIS refusant les manuscrits des jeunes auteurs (histoire de ne pas perdre de temps et d’argent pour rien).
-- Des réponses aux questions utiles sur chaque éditeur (ligne éditoriale, nombre de premiers romans publiés récemment, infos pratiques, délais, etc.).
-- Des témoignages d’auteurs de romans pour adolescents nous confiant leur point de vue sur les différences avec la littérature pour adulte.
-- Des témoignages de jeunes auteurs de SFFF récemment publiés.
-- Quelques conseils utiles avant d’envoyer un manuscrit à un éditeur.

Ce que vous ne trouverez PAS dans le Grimoire :

-- Des éditeurs ne publiant pas de littérature de l’imaginaire.
-- Des éditeurs à compte d’auteur ou assimilés.
-- Des éditeurs publiant uniquement pour les moins de 12 ans.
-- Des éditeurs de nouvelles ou de poésie uniquement (ni appels à textes ni concours de nouvelles).
-- La recette ultra-secrète du nénuphou de CoCyclics


Le guide sera vendu cinq euros frais de port compris, sous la forme d'un fanzine, il sera disponible début novembre et des souscriptions seront bientôt possibles via le site de CoCyclics.

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Qu'est-ce qu'une bonne idée ?

Qu’est-ce qu’une bonne idée ?

Je me suis longtemps posé la question. En fait, tous les auteurs ont leurs certitudes sur ce point. Ou plutôt, ils ont leurs certitudes ce que c’est qu’une mauvaise idée.

Clichée.
Has been.
Loufoque.
Irréaliste.
Confuse.
Inexploitable.
Trop compliquée.
Déjà vue dans tel ou tel bouquin.
Pas assez drôle, flamboyante, originale.

Mais alors, qu’est-ce c’est, une bonne idée ? Et d’abord, qu’est-ce que c’est, une idée ?

Je me suis trouvé ma petite réponse à moi, vous en penserez ce que vous voudrez. Mais ça m’a ouvert les yeux sur pas mal de certitudes que je croyais solides…

----Une idée, et surtout une bonne idée, c’est d’abord quelque chose qui vous plaît à vous, qui vous inspire, qui vous excite les neurones (ou une autre partie de votre corps, c’est selon l’idée), quelque chose qui va vous donner de la force, de l’envie, de l’énergie pour écrire un texte.
Peut-être pas cette idée là, toute seule dans le vide, mais un ensemble de bonnes idées que vous pouvez lier ensemble.

----Une bonne idée, c’est aussi une idée qui fait des petits, qui se conduit comme le bout de la pelote de laine : la mauvaise idée n’a pas de pelote derrière elle, c’est juste un bout de laine, elle ne vous plaît pas vraiment, ou pas à ce moment de votre vie.
La bonne, elle a une pelote, si possible une grosse qui roule partout et qui s’emberlificote dans tous les coins.
Peut-être que vous laisserez tomber l’idée de base, d’ailleurs, et que vous ne garderez que la pelote…

Il n'y a pas d'étalon universel pour mesurer ce qu'est une bonne ou une mauvaise idée. L'instrument de mesure, c'est vous : ça vous plaît ou ça ne vous plaît pas.

D’accord, une fois que vous avez vos idées, vous pouvez toujours les modifier, les repenser, les tordre et les détordre pour qu’elles passent dans les filtres de vos certitudes (pas trop cliché, pas inexploitable, pas trop confuse etc.), mais ça me fait quand même tirer quelques conclusions intéressantes :

1) N’abandonnez jamais une idée avant d’avoir tiré la pelote ! Halte à l'auto-censure !

Eh oui, on l’a tous fait : sous le vague prétexte que ce n’est pas assez original, par exemple, ou pas réaliste. Ce n’est pas original ? Ce n’est pas réaliste ? Ce n’est pas à la mode ?
Tant pis !
Une seule question compte : ça vous excite, ça vous intéresse, ça vous met le brasier aux entrailles ? Alors basta ! Tirez-moi cette pelote, n’abandonnez pas, n’étouffez pas le feu de la créativité ! Au contraire, jetez-lui du combustible, tout ce qui vous passe par la tête, mélangez votre idée avec d’autres, furetez pour vous documenter, développez votre machin, que ça prenne du poids, de la forme, de la couleur !

2) Ne vous lancez pas dans une idée qui ne vous plaît pas, juste parce que vous pensez que ça va plaire.

Vous pensez que l’écologie est à la mode et vous vous lancez sur ce thème ?
Etes-vous sûr que ça va vous titiller la mitrailleuse à bonnes phrases ?
Pensez-vous que vous aller faire mieux que l’auteur d’à côté, dont c’est le dada, justement ?

Vous croyez qu’en ajoutant un peu de racisme par ici, un peu de mondialisation par là, un peu d’exotisme par ci-chi, vous aurez un roman dans les clous qui va plaire à tout le monde ?
Mais si en fait, vous avez secrètement envie de nous parler de scarabées bleus, de la guerre du Péloponnèse ou de la maladie de Parkinson, est-ce que vous serez bon ailleurs ?
Est-ce que vous n’arriverez pas à toucher et à émerveiller vos lecteurs, même sur un thème qui a priori ne les branche pas spécialement, si votre texte est bien écrit et que ça vient du fond de vos tripes ?
Est-ce que ça ne vaut pas le coup d’être tenté ?

Et puis honnêtement, qu’est-ce que vous avez à perdre ? Il y a un éditeur qui vous a passé commande ? Vous avez un contrat de cinq romans à finir ? Non ? Bon alors…

3) Ne rejetez pas les embryons d’idées.

Il vous en arrive sûrement des tonnes.
Ça fait un petit « toc » dans votre tête quand vous lisez un roman, quand vous regardez un film, et hop, sans même y penser, vous la classez « pas bonne » et vous pensez à autre chose.
Et la malheureuse petite idée ne sortira jamais de l’œuf et ne verra jamais le vaste monde, vous l’aurez oubliée avant même qu’elle soit née, vous n’en aurez même pas eu conscience.

Alors que cet embryon d’idée, il vous plaisait, il vous faisait sourire. Bien sûr, il n’était pas encore exploitable, pas encore une vraie idée, mais… Mais ça commence toujours comme ça, une bonne idée, non ?

Alors soyez en alerte, l’esprit ouvert, gavez-vous de bouquins et de bonnes histoires, parlez, voyagez, faites des tas de choses… Les idées sont en vous, elles sont à vous, elles sont des réactions à tous les signaux que vous recevez du monde.

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28/01/2009 | Lien permanent

5 conseils de base pour ne pas se griller auprès d'un éditeur

Chers lecteurs de ce blog,

 

Adresser un texte à un éditeur, quel que soit le texte (nouvelle, roman, série, poème…) et l'éditeur (numérique, papier, revue, fanzine…), c'est presque toujours un moment à la fois d'espoir et d'angoisse - en tout cas d'émotions fortes. Il arrive qu'on perde la tête et qu'on commette des erreurs. C'est humain mais c'est dommage, d'une part parce que vous gâchez la vie des éditeurs, d'autre part parce que vous risquez de vous griller, vous et votre texte.

Sans doute certains penseront-ils que j'enfonce des portes ouvertes. Peut-être d'autres se demanderont-ils quelle sorte de légitimité je peux bien avoir pour parler de ces choses là. Je répondrais que tout ce que j'énonce ici, je l'ai vu moi-même ou entendu de la bouche d'un éditeur. J’ai maintenant publié 7 romans et une douzaine de nouvelles. Et j'ai été membre d'un comité de lecture il y a quelques années. Bien entendu, ce post ne prétend pas être exhaustif et je peux me tromper, mais je vous promets de vous donner mon point de vue en toute honnêteté. Je vous invite à prendre la parole dans les commentaires pour apporter votre éclairage personnel ou poser vos questions si vous souhaitez en savoir plus.

Il y a des pratiques sur lesquelles je ne m'exprimerai pas (aller voir un éditeur en salon avec son manuscrit, par exemple), parce que dans certains cas, ça peut agacer, dans d'autres, ça peut fonctionner. Je vais donc m'attacher aux comportements dont je suis pratiquement SÛR qu'ils seront mal perçus, quelle que soit la personne et quel que soit l'enjeu.

 

1) Une fois le texte envoyé, contactez le moins possible l'éditeur avant d'avoir une réponse

Vous n'avez pas eu d'accusé de réception alors que selon le site de l'éditeur, vous êtes censé en recevoir ? OK, bien sûr, envoyez un mail ou prenez votre téléphone. Vous n'avez eu aucune nouvelle de votre roman au bout de 6 ou 10 mois ? Là aussi, sans problème, contactez l'éditeur, demandez gentiment si le manuscrit ne s'est pas perdu.

Dans TOUS les autres cas, je vous déconseille fortement d'entrer en contact avec lui après avoir envoyé votre manuscrit : ça ne vous apportera que des ennuis et, si vous êtes trop insistant, vous allez peut-être finir sur sa "black list".

 

2) N'essayez pas de devenir ami avec les gens qui choisissent les textes

On vous a peut-être parlé de réseau, de l'importance du carnet d'adresse, des contacts, etc. Je ne vais pas nier que ça existe. Bien sûr, si un éditeur vous a déjà répondu que votre précédent manuscrit n'était pas pour lui, mais que votre prochain pourrait l'intéresser, n'hésitez pas à vous rappeler à lui le moment venu.

Mais n'essayez pas, JAMAIS, de vous rapprocher de la personne qui tient votre manuscrit entre les mains, de lui proposer un verre, de le contacter sur facebook, de lui sauter dessus en salon pour lui proposer un resto ou d'aller voir toutes ses conférences en posant plein de questions pour vous faire remarquer. Vous pouvez essayer de multiplier vos chances d'être lu par différents biais (Appel à textes, annuaire d’éditeurs, rencontres organisées par un festival ou un collectif quand l'éditeur vient pour chercher des manuscrits, échanges d'infos sur les forums ou avec vos amis), mais pas devenir ami avec un éditeur.

Un éditeur ne publie que les textes qui lui plaisent. Il souhaite choisir en toute sérénité. Si quelqu'un lui semble lourd, insistant, agressif... Il va fuir en courant. En tout cas, il ne va certainement pas donner une chance supplémentaire à votre manuscrit.

 

3) Ne commentez jamais un refus

Si un éditeur vous fait un mail personnalisé, il est de bon ton de le remercier par une réponse polie. Mais il est très fortement déconseillé de faire plus. Dans tous les cas, il est absolument à proscrire de contester un refus. Ça ne sert à rien. L'éditeur se fie à un ressenti : aucun argument de votre part ne pourra changer cela.

Peut-être pensez-vous arriver à le convaincre que vous pouvez modifier votre texte ? Peut-être voulez-vous lui ouvrir les yeux sur un contresens ou un aspect qu'il n'a pas vu ? Oubliez. S'il estimait qu'il pouvait vous faire retravailler le texte, alors il vous aurait dit "oui". S'il n'a pas vu quelque chose ou l'a mal compris, alors c'est que le texte n'est pas pour lui.

Vraiment, vraiment, vous avez zéro chance d'arriver à vos fins de cette manière. Et vous avez toutes les chances de l'horripiler.

 

4) Ne comptez pas sur un vague lien avec la personne qui a un pouvoir de décision

Ne croyez pas que, parce que vous connaissez vaguement quelqu'un dans le comité de lecture, que vous l'avez croisé(e) en salon, que vous êtes amis sur facebook ou que vous fréquentez le même forum, il va vous soutenir. Ne pensez pas que vous pouvez être familier avec lui, lui envoyer plein de messages ou attendre de lui une attention particulière. Surtout pas. Faites la différence entre un échange dans un lieu public, comme un forum ou facebook, et la relation avec un éditeur.

Il va vous trouver intrusif. Il a des textes à choisir et à défendre (ou non) auprès des autres membres du comité. Il va se comporter comme un de ces assesseurs dans les bureaux de vote : neutralité, refus de toute ingérence, agacement voire inquiétude si on se montre familier. A sa place, vous feriez sans doute la même chose.

 

5) Ne dites pas que votre texte a été travaillé sur tel ou tel forum ou bêta-lu par telle ou telle personne

Il existe des forums d’entraide et de travail, et c’est une excellente chose. Mais l'éditeur se fiche totalement de votre parcours personnel et de la façon dont vous avez travaillé. Sous les yeux, il n'a que votre texte et c'est celui-ci qu'il juge. Vous allez l'agacer à vous croire meilleur que les autres avec des arguments pareils ou à essayer de passer au-dessus de la pile.

C'est lui l'éditeur : il choisit le texte et fait les corrections éditoriales. La bêta-lecture qu'il y a eu avant ou non, ce n'est pas son affaire.

 

Peut-être allez-vous vous retrouver dans l'une ou l'autre de ces recommandations. Peut-être à tort, peut-être à raison. On ne se rend pas toujours compte que notre comportement n'est pas le bon et pour cause : ce n'est pas notre métier pour la plupart d'entre nous, le monde de l'édition est en général mal connu. Si vous pensez avoir commis une erreur, ne vous morfondez pas : l'avenir est devant vous et un auteur averti en vaut deux. :)

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Le rythme de la phrase et le syndrome de la ”fausse note”


Certains lecteurs vous diront qu’ils « sentent » le rythme des mots, qu’ils entendent la « petite musique » du style et que c’est fichtrement important à leurs yeux, mais… Comment fait-on, concrètement, pour attraper cet animal étrange qu’on appelle le « rythme » ?

Eh bien, ce n’est pas si compliqué que cela en a l’air, à mon avis : je soupçonne fort que derrière cette histoire de « rythme », on se préoccupe surtout des « fausses notes ».

Pas de panique : on trouve des légions de musiciens et danseurs qui chantent affreusement faux, il y en a même qui sont incapables de retrouver le « la » sans un téléphone à portée de la main. Et pourtant, ils dansent et ils jouent à merveille. Ils travaillent beaucoup, c'est tout. Pour les auteurs, c’est la même chose : pas besoin d’avoir le « gène du rythme » ou la « bénédiction de la muse », ce qu’il faut avant tout, c’est du travail sérieux. Eh oui.

Mise à part celle que je viens de faire, ne vous attendez donc pas à des révélations fracassantes sur le sujet. Je ne vais pas vous dire comment trouver votre petite musique à vous, en revanche, je peux vous donner quelques exemples de ce qu’il ne faut pas faire. Et là, on en revient à de bons vieux conseils de base sur ce qui « accroche », ce qui « heurte » la lecture, et je donnerais juste quelques pistes qui n'engagent que moi :

1) Je ne saurais trop vous conseiller de bêta-lire les textes des autres : vous y verrez comme de petits grain de sables peuvent gâcher de beaux textes pas encore corrigés ; par la même occasion, trouvez-vous des bêta-lecteurs pour vos textes (et si vous faisiez un petit tour chez Cocyclics [http://cocyclics.org/punBB/index.php], les champions de la bêta-lecture ?).

2) Soignez la cohérence des mots entre eux :
— cohérence des temps des verbes, surtout quand vous jouez sur les flash-back, les récits à la première personne, les prolepses etc. (faute extrêmement courante même chez des auteurs expérimentés, et qui vous gâche le rythme comme une saleté d’interférence vous gâche la radio) ;
— cohérence du niveau de langage : si vous commencez en mode « familier/oral », restez dans ce registre tout du long ; si vous êtes dans du « médiéval », traquez les formules anachroniques ; si vous êtes dans du « distingué/soutenu » ne laissez aucune tournure un tant soit peu orale : ce sont des erreurs EXTREMEMENT fréquentes et qui ruinent toute vélléité de charmer l’oreille du lecteur ;
— cohérence du sens des mots :
Ne cherchez pas à toute force à caser trois mots poétiques pour faire une phrase poétique : si le sens de l’ensemble n’est pas clair, cela n’aura aucune beauté.
Ayez de la rigueur dans vos phrases, chaque verbe doit avoir un sujet clairement identifié, chaque pronom se rapporte à un nom, chaque verbe transitif réclame son COD, chaque métaphore doit être claire, on arrive parfois à des absurdités dissimulées derrière une phrase compliquée. Ne vous y trompez pas : le lecteur ne verra peut-être pas l’incohérence, mais il la ressentira confusément et n’appréciera pas la lecture.

Peut-être certains haussent-ils les épaules et lèvent-ils les yeux au ciel, eh bien ils ont tort : c’est un défaut très répandu, le manque de rigueur.

3) Veillez aussi à la ponctuation, aux lourdeurs, c’est très important pour le rythme :
— vérifiez si vous ne mettez pas trop de virgules, au risque de hacher votre texte,
— voyez de temps en temps si un point ne serait pas le bienvenu,
— ne faites pas de phrases à rallonge à force de « qui qui que que »,
— n’abusez pas des adverbes en « ment » (moi je les aime bien, mais il n’en faut pas trop quand même).

Le rythme est gâché par ce genre de petites choses : une phrase qu’on ne comprend pas, un mot qui détonne parce qu’il n’est pas à sa place, une répétition… enfin bref, toutes ces « fausses notes » qui gâchent la petite musique.

Donc, ne vous cassez pas trop la tête avec le rythme : vous voulez être brillant ? Sachez déjà repérer une erreur, et vous serez sur la bonne voie.

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Défi à tous ceux qui persistent à vouloir écrire un roman


Vous voulez écrire un roman ?
Vous êtes sûr ?
Laissez moi essayer de vous décourager en 6 points.

Si je n’y arrive pas, alors allez-y, lancez-vous, après tout, je l’ai fait moi aussi et je n’en suis pas mort.

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